Parole nomade

A partir de 15


Ce livre rassemble l’ensemble des textes publiés par Kacimi au cours des vingt dernières années de sa vie. Vingt exemplaires de tête sur Vélin d’Arches rehaussés d’une peinture de Kacimi contrecollée sur le vélin ; 1.500 ex. courants.

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Description

ouverture

Ce corps de textes est un fragment physique d’une démarche de plusieurs années habitée par des questionnements, des interrogations et une réflexion sur la signification de notre propre geste peint, le contexte, les sources de sa manifestation événementielle, subjective, réactionnelle.

Surgissent des résonances, les traces multiples de lieux historiques, archéologiques, géographiques.

Ces questionnements sont liés à tous les thèmes qui sont au centre du débat depuis les années soixante-dix : l’identité et la modernité ; l’art et la société ; l’art et le politique ; l’universalité… Quelle forme d’art pour notre région face à la tradition ou avec elle. Question de la rupture ; de la liberté d’expression ; des droits de la personne ; du rapport à d’autres cultures.

Emergent alors les questions essentielles : l’art peut-il répondre à ce déferlement de problèmes complexes générés par cette époque de toutes les mutations, et par les violences ? Peut-il sortir indemne des bouleversements qui s’opèrent dans notre paysage visuel, physique, imaginaire, dans un monde qui se déritualise ? Peut-il être lui-même, intrinsèquement lui-même, une organisation spatiale traitée d’une certaine façon et qui se suffit à elle-même ?

Au-delà du bonheur promis, notre histoire immédiate est une succession de violences, de manques, d’espoirs souvent avortés, de domination de la technologie. Cela nous conduit à la question suivante : où se situe l’artiste à notre époque ? Beaucoup diront : dans son art, et seulement dans son art. L’art, lui, dirait : je suis le corps de mon temps, et au-delà.

 

 


La critique

Parole nomade, de Mohammed KACIMI

Le peintre, à travers ses écrits, traduit ses interrogations face aux champs d’expression.
Temara, Dakar, Genève, Le Caire, autant de villes et de mythes qui ont émaillé le parcours dans la peinture de l’artiste Kacimi. Parole nomade est un texte, un écho plus ou moins audible de la démarche du peintre et de son évolution. Il met à jour les problèmes d’identité inhérents au peintre, et ses corollaires face à la modernité. Les questions posées méritent à plus d’un égard que l’on s’y attarde. Quel lien y a-t-il entre l’art et la société, la politique et l’universalité ? Quelle place l’art peut-il entretenir comme exutoire des problèmes particuliers à cette phase de changement ? Est-il une partie ou un embryon indépendant, délimité spatialement, autonome et indépendant? Quelle place peut ou doit prendre l’artiste à notre époque ?
Poèmes, lettres ouvertes, textes analytiques côtoient, dans ce magma intellectuel, interventions orales dans des théâtres ou des festivals. Kacimi écrit pour expliquer, mais aussi pour comprendre le geste peint, son environnement culturel et ses manifestations subjectives. « Mon rapport à la tradition plastique est un rapport analytique, parfois polémique. Un rapport qui doit mener nécessairement vers une synthèse. Ma démarche passe par un recensement d’événements et une somme de réflexions sur le geste de peindre, sur la trajectoire du corps peignant », souligne-t-il, répondant à un écrit du critique A. Flamand dans son livre Regard sur la peinture marocaine. Comprendre, donner du sens, une portée intellectuelle à un acte au demeurant simple. Partager avec les autres le savoir, les angoisses, les souvenirs et les signes du destin qui alimentent sa créativité. « A l’âge de huit ans. j’étais chez mon père, à Boufekrane ; il était marié à une seconde femme et j’ai été tellement maltraité que j’ai fait vingt kilomètres pieds nus pour rejoindre ma mère à Meknès », écrit-il. Depuis cet épisode marquant de sa vie, le pied en tant que signe a fait partie intégrante de l’oeuvre de Kacimi. Parole nomade, sous-titré « l’expérience d’un peintre », est un ouvrage édité par les éditions Al Manar dans la collection « Approches et rencontres ».

Y. A., Le Journal, 27-11-1999

arts plastiques

De la terre et de la nuit
Itinérance de
Mohammed KACIMI

 

Dans la couleur de la terre et de la nuit, Mohammed Kacimi, le Marocain, est peintre, poète et nomade. Son geste vibre et interpelle la mémoire peinte du corps.
Depuis trente ans, Mohammed Kacimi fait parler le vide, le nu, le sable, la couleur. A peine voilées par une brume pâle, d’évanescentes silhouettes donnent l’impression de vouloir s’échapper du cadre de la toile. De la matière alors sourd la poésie, là où sont enfouies les sources vives. Parler d’abstraction ou de figuration n’a guère plus de sens qu’évoquer l’identité, I’universalité, la modernité. Bien sûr que l’art s’en préoccupe. Et l’artiste, né il y a 57 ans à Meknès, est bien plus que le témoin du passé et du modernisme qui s’affrontent dans son pays.

art sud méditerranée59

 

arts plastiques

Le créateur est actif, multipliant au fil des ans, en Afrique et en Europe, les expériences et les interventions qui débordent le cadre strict de la peinture. Il a déployé ses oriflammes à Limoges, transformé le centre culturel français de Rabat en « grotte des temps futurs », animé des ateliers pour enfants et malades psychiatriques, participé au 50è anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Révélé en France par l’Institut du monde arabe en 1988, Kacimi est devenu l’un de ceux avec lesquels il faut compter. L’art demeure pour lui un combat à mener et l’engagement, une nécessité. « La situation au Maroc reste difficile. Il n’y a pas de réelle politique culturelle, de lieux institutionnels, de galeries audacieuses, de collectionneurs aventuriers. Dans ces conditions, la diffusion de l’art est forcément réduite. Nous ne savons pas davantage préserver notre mémoire. Les collections des musées d’art traditionnel que nous avons héritées du Protectorat sont négligées et mal conservées. » Entre ses voyages et ses expositions à l’étranger, il rêve de sa fondation-atelier qui accueillerait expositions, soirées poétiques et bibliothèque.
De ses études éclatées à Paris, à Rome, en Allemagne, Kacimi a gardé le goût des voyages. L’Italie, très jeune, l’a fasciné, lui révélant les peintres primitifs « byzantins et étonnamment dépouillés », l’Espagne aussi et « ses arts tragiques, à la croisée de l’art arabo-andalou et de la mystique chrétienne ». Du Moyen-Orient jusqu’en Grèce ou au Sénégal, les voyages nourrissent sans cesse ses réflexions, investissent sa peinture. Sur toutes les rives et dans l’âme, Kacimi est un nomade. Il écrit en 1986 : « Je suis un homme de voyages, avec un corps imprégné de signes qui ont trait au traditionnel même, à l’antique, à l’archaïque, au mythique. » Sur ses grandes surfaces peintes, chargées de rythmes, de vibrations colorées, émergent des corps fluides, mobiles. Les dernières expositions leur donnent une fonction narrative, conteurs errants des temps modernes venus des mille et une nuits, messagers de la liberté, caravaniers du désert. Peut-être sont-ils des symboles, des fantasmes ? Kacimi dit qu’ils s’imposent à lui comme des « figures » : « Elles sont en dehors du temps et de l’espace. Elles portent la trace de l’intelligence, de la pensée de l’homme, de son ambivalence aussi, qui tantôt attire, tantôt repousse. »
Parfois des mots et des phrases se mêlent aux pigments. Le peintre est aussi poète, « attaché à l’écriture, au signe écrit, sans virer à l’exercice calligraphique ». Car la poésie est la forme la plus proche de la peinture, même si elle ne réussit pas à habiter pleinement l’artiste. La peinture fonctionnant au-delà des mots et brouillant les sens. Sur ses toiles et ses dessins, Kacimi mêle ses pigments naturels, ses poudres denses, ses pierres écrasées, son sable du Sahara, ses terres ocre de l’Atlas. I1 emprunte aux artisans de son pays leurs matières et leurs techniques. De reliefs accidentés en traces irrégulières, la matière prend corps. Terre, lune, sable, océan ne font qu’un, la lumière et sa transparence semblent en apesanteur. A côté des ocres, du noir, le bleu, à la fois solaire et nocturne, captive le regard. « C’est la couleur des ombres et des lumières. Le bleu est le corps du mystère, c’est l’énergie du rêve. » La palette de Kacimi n’a pas la chaleur convenue d’un artiste méditerranéen. « Je crois que chacun a un Sud particulièrement sien, son imagination personnelle de ce Sud-là, de ses espaces immenses, de ses étendues, du sable, de la lumière et du ciel1. » Parlant du désert qu’il aime parcourir, Kacimi le voit comme le lieu même du dépouillement, ce dépouillement même auquel sa peinture aspire.

Nadine Guérin

1. Parole nomade, I’expérience d’un peintre, éditions Al Manar, 1999.

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Parole nomade de Mohamed Kacimi

Kacimi est de ces hommes qui,  » par générosité, donnent à voir, à déchiffrer, le meilleur d’eux-mêmes « . Juxtaposé au peintre, en parfaite concomittence avec lui, il y a l’homme des mots, celui qui se fait le miroir de nos maux, de nos préoccupations et de nos quêtes essentielles. Son aventure avec le mot ne date pas d’hier. Elle remonte aux frémissements de l’expression chez lui. On a dit à ce propos que mot et signe sont chez Kacimi indissociables. Parole nomade se lit donc comme on lit une toile, comme on déchiffre un texte cabalistique, en signes et chiffres sortis du même giron alchimique. Un livre qui rassemble vingt ans de réflexion sur le monde, sur l’art, sur les hommes, la parole, le voyage odysséen, celui de la perdition, de l’aventure, de la mort à soi pour naître au monde, autre, épuré, avec un regard intemporel, juste et dénué des sédiments éculés de toute une culture grégarisante.
Kacimi ne s’étend jamais dans les détails. Il va à l’essentiel. Dans une parole concise, lacérante, il fustige un siècle dénaturé. Tout y passe: l’art mercantile, les faux slogans, la politique, I’engagemnt factice et les fausses préoccupations. Kacimi n’est pas complaisant. I1 est de ceux pour qui la vérité, quelles que soient ses manifestations, ne supporte aucun subterfuge ni aucune souplesse. Parole Nomade est un texte, un ensemble de fragments qui rappellent fortement Perse et Char avec des teintes nietzschéennes humaines, trop humaines.


Abdelhaq NAJIB
Téléplus, nov. 99

Le grand peintre marocain Mohammed Kacimi analyse son art, ce livre est un recueil de textes d’analyse qu’il a écrit durant une vingtaine d’années. Il y circonscrit tout d’abord les enjeux et l’histoire de la peinture au Maghreb (post colonialisme, rapport à la tradition, calligraphie/peinture) pour mieux évoquer par petite touches subtiles les questions qui taraudent sa démarche, dedans/dehors, corps/couleur/oubli, geste/dessin, lieux absents. Et l’errance du chercheur de vérité :
« Le déplacement : se déplacer (sous forme de questions ?), aller d’où, vers où ? Comment échapper à ce rêve grinçant, essoufflé, obsessionnel, dictatorial qui rythme, qui donne sa cadence agonisante à toutes les tentatives lumineuses ou les pensées actives, libres. »

Quête du geste, relation avec l’espace ouvert, choix des techniques, toutes ces questions sont travaillées par une pensée qui avance en cercles excentriques pour élucider « l’intrigue » de la création artistique et il y parvient en partie. La voix de ce grand artiste nous ravit par son exigence.

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

2-913896-04-9

parution

format / papier

L'un des 20 ex de tête, format 14 x 22 cm, typographié au plomb sur vélin d'Arches et rehaussé d'une peinture originale de Kacimi contrecollée sur le vélin

Auteur

KACIMI Mohammed

Artiste

KACIMI Mohammed

Collection

Bibliophilie

Essais