Description
Okhrid, ville de Macédoine, l’un des plus grands centres de culture et de civilisation de notre monde ; Alexandrie, cité emblématique de la civilisation méditerranéenne et mondiale ; et les lointains déserts de l’Asie… Mani est vivant ! s’inscrit dans ce triangle structurant l’univers imaginaire et moral d’Ö. Ince. Un univers matérialiste, hérétique et mystique… Au centre de celui-ci se dresse la figure de Mani (Manès, Manichaeus, 216-277), fondateur du manichéisme, à la fois religion et philosophie.
Voyant dans l’histoire l’une des pierres angulaires de sa poésie, l’auteur cherche, à l’intérieur de ce triangle sacré, les traces de l’une des premières religions des Turcs. « Mon âme est mon corps, mon corps est mon âme ! » Cette poésie se veut union dialectique de la lumière et de l’obscurité, du bien et du mal. |
Il y a beaucoup de nuits au sein de la nuit
dans le corps de la nuit beaucoup de nuits
dans les lettres de la nuit beaucoup de nuits.Je meurs, tu meurs, nous mourons
à la poursuite du monde,
si l’un d’entre nous n’arrive à se transformer en nuit.Encore une fois je demande avant de partir :
De qui donc tenez-vous cette fausse sourate ?
A qui entendîtes-vous dire ce verset satanique ?A quoi bon la nuit même, si je ne suis pas là ?
Chacun des exemplaires de tête est rehaussé d’une empreinte originale de Lahbabi :
La Préface de Vénus Khoury-Ghata :
Poétique et métaphysique
Il en est des poètes comme des oiseaux. Il y a ceux qui portent leur plumage haut, tels l’aigrette et la huppe ; d’autres empruntent leurs couleurs aux paysages ternes qui rampent ventre à terre.
Par sa flamboyance, par l’exaltation de son dire et l’acuité de sa pensée, le Turc Ince appartient à la première catégorie. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages répartis entre essais, poésie et récits, il nous revient après des années de silence avec un recueil pétri de mysticisme et de sagesse.
Qu’il évoque Alexandrie, Skopje, Orhid ou la ville anatolienne de Marsine, le même souffle imprègne ces pages nourries de soufisme ou des préceptes du fondateur de cette autre religion créée trois siècles après le Christianisme par le Perse Mani – qui finit, lui aussi, sur une croix.
C’est au soufisme que je rattacherai certains poèmes : à Jalal Eddine Rumi renvoie leur rythmique solaire et circulaire. Ecriture et rythme vont de pair, les mots devenant gestes, danse, celle des derwiches de la ville de Konia où Rumi a son mausolée. Le pied qui tourne, tape régulièrement le sol alors que les mains ont leurs paumes ouvertes vers le ciel dans un geste d’imploration.
« Je dois me réveiller pour rêver sous la tonnnelle du désert
ne me réveillez pas si je suis en train de rêver
ne me laissez pas m’endormir si je suis éveillé »
Ou ceci, dans la ligne de pensée du fondateur du manichéisme :
« Vous m’avez demandé si je suis né
ne parlez pas de mes soucis à moi qui ne serais plus moi
à moi qui pourrai redevenir moi »
Ince prône l’affranchissement de soi-même, jusqu’à « devenir flèche ayant quitté son arc » ou « pèlerin aux mesures de son propre corps », selon ses propres termes.
Il se sert des mots comme d’objets contondants pour forer son être de l’intérieur. Un monde étrange surgit progressivement sous sa plume : un monde au-dessus des mondes, où le temps n’est pas divisible en jours, où les corps morts se transforment en voix, où l’homme est un effondrement vertical.
Certains vers sonnent comme des proverbes :
« La chandelle brûle parce qu’elle se souvient »
« Les mots sont des dérivés de l’eau »
« Le rêve réalisé se transforme en poussière »
Et comment résister au plaisir de citer les vers suivants :
« Tout rentrera dans l’ordre quand le chien et le basilic parleront la même langue.
Quand une comète demandera le chemin de sa maison. »
Vénus Khoury-Ghata
La critique
‘MAX JACOB’-DICHTERPREIS AN ÖZDEMIR INCE Frankreich verlieh zum ersten Mal an einen türkischen Dichter einen Ehrenpreis. Der prominente Verlag‚ Al Manar’ in Frankreich, der auf den Bereich ‚Mittelmeer-Gedichte’ spezialisiert ist, hat den im Dezember veröffentlichten dritten Gedichtband ‚ Mani est vivant !’ (Mani Hayy !) des türkischen Dichters und Kommentators der Zeitung ‚Hürriyet’, Özdemir Ince, für würdig befunden, den ‚Max Jacob’-Dichterpreis zu erhalten. (Hürriyet) Özdemir Ince : Mani est vivant ! Poète, essayiste et traducteur, Özdemir Ince vit à Istanbul où j’ai eu le plaisir de le rencontrer grâce à Abdellatif Laâbi. S’il a beaucoup publié dans son pays et s’il est traduit en plusieurs langues, Mani est vivant ! est le troisième de ses livres, traduit et édité en français après un choix de poèmes publié par les éditions St Germain des Prés en 1982 et On meurt à moins au Cherche-Midi, en 1993, avec une préface d’Alain Bosquet. Vénus Khoury-Ghata présente le poète avec empathie et admiration dans une flamboyante préface : » Il se sert des mots comme d’objets contondants pour forer son être de l’intérieur. Un monde étranger surgit progressivement sous sa plume : un monde au-dessus des mondes, où le temps n’est pas divisible en jours, où les corps morts se transforment en voix, où l’homme est un effondrement vertical. »
– Paris, février 2006 : rencontre au Bureau d’Information et de Culture turc, aux Champs-Elysées, avec Özdemir Ince autour de Mani est vivant !, récemment paru chez Al Manar – et qui vient de recevoir le Prix Max Jacob étranger. O
Paris, 12 avril 2006, au CNL : remise du prix Max Jacon étranger à Özdemir Ince
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