Description
L’auteur évoque ici l’une des principales pratiques rituelles propres à un islam populaire et liées au culte des saints.
Ces pratiques, encore aujourd’hui réprouvées et combattues comme blasphématoires par le fondamentalisme islamique et associées par lui à l’obscurantisme et au paganisme, demeurent cependant toujours vivaces et témoignent d’une foi populaire profondément enracinée, pleine de fraîcheur et d’innocence – foi qu’étaye la croyance aux vertus du saint, à son aura, à ses capacités d’intercession et à son inextinguible bienveillance.
Ainsi, en dehors des fêtes annuelles en l’honneur du saint – lesquelles peuvent durer plusieurs jours et donner lieu à des réjouissances profanes où se resserrent les liens sociaux et se réaffirment les généalogies orales -,se déroulent, tout au long de l’année, des pèlerinages individuels, familiaux ou collectifs.
Ce texte essaie de restituer un dialogue très particulier – celui nourri de méditation spirituelle mais aussi traversé d’une bouleversante émotion qui se noue entre le pélerin et le saint, là, autour du mausolée, justement sur ce seuil ouvrant sur l’inconnaissable absolu et la fusion mystique.
approchant du seuil ils dirent
comme incertains de l’accueil qui leur est réservé
assurés aussi de le trouver conforme prévu de tout temps
immuable pour les fils prodigues oublieux et de retour
voici qu’ils s’y rendent à leur moment
poussés se soutenant de ce qui les meut
sur ces sentiers de souvenirs excédant leur mémoire
souvenirs où ils sont déjà en marche
dans l’inéluctable succession des jours de leur histoire
de celle de leurs très lointaines ascendances et fratries