Description
La critique
Au moment où l’automne se fait flamboyant , Marie Huot ( Prix Jean Follain 2002 et Prix Max Jacob 2007) , revient nous parler d’amour, dans un bruissement de feuilles mortes.
J’aime ton odeur de sous-bois après l’ondée
que je garde sous les ongles
ta terre mouillée qui fraîchit
autour de mon pied ma pliure
j’aime ton automne
à l’intérieur de moi.
Nous sont ainsi offerts Trente-six variations sur l’amour , comme une promenade dans les sous-bois. Ne nous étonnons pas d’y croiser un petit chaperon rouge
Quand l’amour se promène dans les bois
Il n’a qu’un petit chaperon
et rien dessous.
Il est vite nu
si le loup y était.
quelques biches, des ogres, des oiseaux qui se nichent …
Marie Huot a rassemblé dans ces pages tous les mots d’humus et de sève, les images d’une forêt enchantée, pour nous attirer dans la clairière des sens et du sens. Elle joue, jongle avec les métaphores, les allégories, les symboles avec grâce , légéreté, délicatesse, faisant tour à tour de cet amour un animal qui court la garenne / sur ses pattes veloutés, ayant beau pelage et frémissant museau et la forêt elle-même : l’amour est une forêt de trembles / Dès que tu poses ton doigt sur moi / Mes feuilles frémissent et frisonnent …
Marie Huot a retrouvé son regard d’enfance, nourrie de contes et de légendes, une enfance de courses dans les sous-bois et chacun de ses poèmes fait de nous un « petit poucet » revenant à la source de l’innocence :
Cachée sous les arbres noirs
je regarde les braconniers
poser leurs pièges.
pourvu que l’amour ne s’égare
et perde d’un seul coup ses deux pattes
ma cabane mon abri de joie.
C’est au coin d’un feu, en dégustant des châtaignes que l’on a envie de partager avec elle son enchantement obstiné dans la clairière de l’être .
Alain-Jacques Lacot
Recours au poème
Marie Huot, Une histoire avec la bouche, Illustrations de Diane de Bournazel, Al Manar Poésie/ Editions Alain Gorius, 2012, 16 euros.
UNE HISTOIRE AVEC LA BOUCHE
Les mots sont si beaux sous la plume de Marie Huot pour dire l’amour et ses méandres. Il n’est pas facile de parler de l’amour, sujet si souvent abordé. Et en parler dans l’économie des mots d’un poème est un exercice dans lequel excelle Marie Huot qui nous surprend toujours par l’émotion et les images qu’elle crée.
L’amour est une catastrophe très naturelle
qui secoue les branches sans ménagement.
Parfois la tempête est si violente
qu’elle jette à terre les fruits les fragiles
les petites choses précoces
que trop vite on invente entre nous.
L’amour pousse de petits feulements
il craint de s’égarer sur le chemin des aiguillettes
et que la forêt entièrement le recouvre.
L’amour est parfois un animal perdu
qui court dans le brouillard
Les petits poèmes sont ciselés en écho avec les dessins de Diane de Bournazel qui révèlent légèreté et fluidité dans leurs traits délicats où personnages et nature s’entremêlent.
Brigitte Aubonnet
Encres vagabondes (17/01/13)
Cahier Critique de Poésie n° 26, cipM, décembre 2013