Description
La critique
Livres
Essentiel
Pourquoi cours-tu après la goutte d’eau ?
Abdellatif Laâbi
Dessins de Mahi Binebine
D’abord le titre rouge pourpre, citation d’un autre poète, « Pourquoi cours-tu après la goutte d’eau ? » qui interpelle, fluide comme la question d’un enfant, et le crayonné arabesque et insistant de l’artiste Mahi Binebine. Du bout des doigts, la matière nous chuchote que ce qu’on tient n’est pas un livre, c’est un noble cahier qui porte en lui toute « la faune intérieure » du poète traduite en prosoèmes. Descriptions des tourmentes de la page blanche, dialogues avec d’illustres morts, errances intérieures, pérégrinations nocturnes sous le soleil… on se perd entre les mots, on s’accroche à quelques phrases « Mais comme j’aimerais cesser de vouloir pour simplement être », on assiste en voyeur à la mise à mort salvatrice de l’écrivain : « Je reviens à mon bureau. J’ai envie de me battre. Je sais alors que le rapport des forces a changé. C’est le moment de la collision. Ma main tremble de rage. Je m’en veux de mes rêveries pacifistes. Ma fureur s’abat sur la cagoule du silence. L’arrache. Tac Tac Tac. Les mots crépitent, escarbilles de sang noir trop longtemps contenues. La forêt s’éclaircit pour laisser apparaître l’arbre qui signale l’entrée du continent. » Un beau texte « inconfortables », où l’on réapprend l’essentiel que l’on perd souvent de vue d’où le « Pourquoi cours-tu après la goutte d’eau alors que tu te diriges vers la mer ? « Oui, inconfortable, saccadé, tortueux… mais qui a dit que la poésie devait être autre chose ? Ceci n’est pas un livre de chevet, c’est un cahier de vie. A.Z.
Collection « Poésie du Maghreb », éditions Al Manar, 100 DH.
Afaf ZOURGANI
Femmes du Maroc, sept. 2006
Le Journal hebdomadaire, Casablanca, 8 au 14 juillet 2006
Le Matin du Sahara et du Maghreb, Rabat, 25 juillet 2006