ma langue finistère

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Une anthologie de poèmes traduits du galicien (l’une des trois langues espagnoles officielles), publiée en partenariat avec les Voix Vives de méditerranée en méditerranée, au festival de Sète.

Description

Ma beauté montre du doigt,

tourne mes vitres en miroir,

offense.

 

Ma beauté qui intimide,

qui énerve sans parler,

qui affaiblit.

 

Ma beauté qui pronostique,

qui m’éclipse,

qui me trahit.

 

Celle qui me vend à bas prix,

celle qui amortit mes fautes,

qui me précède.

 

Celle qui lève des soupçons,

celle qui dissuade de moi-même,

qui falsifie.

 

Ma beauté qui me soumet,

me fait sa servante,

celle qui m’attache.

 

Ma beauté dévergondée,

qui t’oppose à toi-même,

qui me négocie.

 

Ma beauté qui me dénature,

qui embue mes vitres,

celle qui me nie.

 

Ma beauté que je manipule,

qui n’accorde pas de pardon,

celle qui me cache.

(trad. Frédéric Bourgeois)

 

 

Yolanda Castaño est née à Santiago de Compostela en 1977. Elle est diplômée en philologie hispanique de l’Université de La Corogne, où elle réside depuis les années 1990. Récompensée à dix-sept ans par le prix de poésie Fermín Bouza Brey, elle se fait connaître par la publication en 1995 de Raise the Eyelids et entame alors un parcours météorique dans le domaine de arts et de la poésie, avec la publication de certains des titres les plus remarquables de la poésie galicienne des ces dernières décennies : Nous vivons dans le cycle de l’érophanie (1998, Prix John Carballeira et Prix de la critique espagnole),   Depth of Field (2007, Prix Maïr Spiral), ou La langue seconde (2014, Fondation Age of Poetry). Secrétaire générale de l’Association des écrivains en langue galicienne (AELG), son travail en tant que conférencière, récitatrice et chroniqueuse fait d’elle une ambassadrice inestimable de la littérature et de la culture de la Galice, qu’elle a représentée dans divers forums dans le monde entier, notamment en Argentine et dans d’autres pays d’Amérique latine, tels que le Venezuela, le Pérou, la Colombie ou le Nicaragua. Scénariste et présentatrice de télévision, commissaire d’expositions d’art et de poésie, auteure pour enfants et adolescents, traductrice et essayiste, ses œuvres ont été publiées dans une vingtaine de langues. Elle a dirigé le cycle de poètes Di (n) à La Corogne, un rendez-vous mensuel au cours duquel des créateurs galiciens et du monde entier récitent leurs textes. Dans le même esprit, elle coordonne également un atelier international de traduction poétique qui a lieu chaque automne sur l’île emblématique de San Simón, près de Vigo, auquel ont participé des auteurs de milieux et de continents très variés. Ces dernières années, elle a travaillé à des projets dans lesquels la poésie s’hybride avec d’autres arts tels que les arts plastiques, la musique, la performance, la danse, l’architecture, l’audiovisuel ou même la gastronomie. De cette fusion inter-artistique sont nées des publications intéressantes telles que le CD-book Edénique (2000) ou sa collaboration en tant que parolière pour des musiciens tels que Guadi Galego ou Rosa Cedrón. Ayant remarqué l’œuvre de Yolanda Castaño dans le corpus de l’anthologie sur la poésie galicienne publiée dans ma collection « Poésie des Régions d’Europe » à la fin des années 90, je l’ai recommandée à Frédéric Bourgeois, qui signe ici une traduction d’un choix de poèmes du galicien au français, chez Al Manar, à l’occasion de l’invitation en 2019 de l’autrice au Festival des Voix de la Méditerranée à Sète : Ma langue finistère. Les poèmes disponibles ici sont tirés des recueils récents Profundidad de campo (2009) et La segunda lengua (2014). Yolanda Castaño, dans un registre d’écriture méta-érotique et parfois surréaliste, est en prise, de manière très novatrice et existentielle, sur la question de la condition féminine, du rapport à l’autre, de l’identité dans un monde peuplé d’écrans, de violence, de non sens et de technologies sidérantes. Une des questions centrales de son œuvre est sans nul doute celle des rapports entre l’être et le paraître, comme dans ce poème, Maquillage : (…) Moi, j’étais un monstre tendrissime et terrible/les poudres les plus éloquentes, c’était moi./Protège-toi de tous ceux-là, et brandis le crayon d’un mensonge/ Qui parle plus pour toi qu’eux tous ensemble.(…)/ Dès que tu rentres dans le jeu, tu es celui qui te dessines (…).

Yolanda Castaño est certainement, au sein de la nouvelle génération de la poésie espagnole et galicienne, une des voix marquantes parmi les femmes qui en sont aujourd’hui les fers de lance.

Eric BROGNIET

Yolanda CASTAÑO, Ma langue finistère. Traduit du galicien par Frédéric Bourgeois. Paris : Al Manar, 2019. 63 p. ISBN 978-2-36426-251-5

 

Caractéristiques

exemplaire

L'un des 500 ex de l'édition originale

format / papier

11,5 x 17

isbn

978-2-36426-251-5

nombre de pages

64

parution

Auteur

Castaño Yolanda