Description
Gravures, composition et mise en pages assurées par Christiane Vielle. Impression typographique : François Huin.
La cascade – Tout en haut de la cascade, il y a le soleil, le pépiement des oiseaux, la promesse des arbres. Tout en haut de la cascade, on entend les roches qui parlent tout bas, les éboulis qui dévalent dans l’herbe, la prière des anachorètes. On guette les liturgies du soir, les vœux de l’après-midi, les images où la vie même semble immobilisée. On s’interroge pas à pas et l’on se surprend parfois à regarder ailleurs… En cheminant vers la cascade, on songe à l’enfant qui fut jadis en nous, à la tristesse des nuits d’été, à l’incroyable torpeur de certaines journées. En écoutant le bruit de l’eau, en distinguant l’écho de ces minuscules vagues, on devine la présence des roches et l’on se sent peut-être un peu moin seul. On se dit que cette source irrigue la terre et l’on reste saisi par le froid qui jaillit. Petit à petit, on pense à des sommets impossibles à gravir. On se représente des cabanes livrées au vide ou à la force des vents. On énumère l’eau qui coule en surplomb des falaises. On compare les caillasses à l’ombre des ossuaires et l’on s’éprend de quelques courants d’air… En franchissant toutes ces étapes, on constate qu’il n’y a pas une, mais de multiples sources, que chaque pas n’est finalement qu’un créateur de routes. Enfin, quand la cascade se profile et quand le souffle devient plus calme, on se sent à l’abri de l’ennui et l’on sourit à l’idée de certaines théories. On comprend alors qu’il n’y a pas – comme l’enseignent les livres – de vide parfait mais un élan infime qui s’abreuve d’azur et disparaît dans l’herbe…