Le désir échappe à mon poème

A partir de 14


Premier recueil posthume de Kacimi. Vingt exemplaires de tête sur Vélin d’Arches rehaussés
de dessins de Kacimi (impression numérique) ;

mille ex. illustrés des mêmes dessins (repro offset)
du même artiste.

Effacer

Description

La critique

James Sacré : Le désir échappe à mon poème
Dessins de Mohamed Kacimi
Editions Al Manar

 

Depuis Cœur Elégie rouge, la géographie intime de James Sacré, recueil après recueil, se déploie en expansion ouverte. Mais le sel de sa terre, – la Vendée originelle -, irrigue continûment l’œuvre, remonte en bouffées d’enfance dans une prose poétique dense, sans afféteries, décrypte le rapport intime au monde. L’énigme première reste sans réponse : « comment c’est venu ce vouloir écrire ? »  La parole est abrupte, volontiers triviale, parfois sulfureuse. Le poème quête le regard de l’autre, pénètre l’autre, libère les sécrétions du corps jusqu’à l’encre…  Tout lyrisme ici est aride, l’émotion dépouillée, contenue, à nu. Justesse de cette écriture à fleur de chair. Le désir échappe à mon poème est composé de trois textes, trois mouvements d’une mélodie intime.

En ouverture, Petite note sur le désir d’écrire interroge le tourment d’écrire, ce mystère jamais élucidé du poème : « Ecrire ou désir, affaire d’ignorance. » Provocateur, l’auteur se tourne lui-même en dérision : « écrire comme on drague. L’écriture comme une rencontre.» Rapport amoureux imaginaire, le fantasme stimule, engage tout le corps dans la spirale introspective : « Le désir m’emporte jusqu’au commencement du désir d’écrire… »
L’absence du lecteur n’est qu’une illusion d’optique, celui-ci est bien là, dans l’ombre portée sur la page : « t’as aimé ? que je demande. Comme si on venait de coucher ensemble ; sans même que je sache si on était ensemble. »

Le premier mot du second texte cristallise la genèse des langages : Le mot chair, tous les autres. Sous le double signe de Rutebeuf et Rimbaud, l’enfance est réactivée. James Sacré se souvient des chiens de la ferme paternelle, du veau mort mis bas dans la violence, découpé par un filin d’acier, scène devant laquelle il s’est évanoui, giflé « avec tendresse » par le père qui en avait vu d’autres : « la vie qui voulait pas voir. » Le goût des cerises cœur de pigeon, des figues fraîches, fruits maraudés de l’enfance, « comme si t’avais mordu le fruit du paradis. » Par extension, l’apprentissage de toute la vie se dessine : « Quelque chose comme l’infinité du plaisir. / La chair d’un fruit. Celle d’un autre. La vie : de sa fraîcheur à son pourri. »

Le dernier texte est dédié au peintre disparu Mohamed Kacimi dont les dessins en quadrichromie illustrent le recueil. Poème au titre testamentaire : Un jour les mots ne seront plus là. Incursion dans le sud marocain à la recherche d’autres traces, d’autres empreintes, James Sacré décrypte : « Il y a des formes qui s’enferment dans les sables. //  Ce désir est un désert. » Hommage au peintre, au pouvoir de l’art, comme une sublime vanité, une sublime exigence : « A cause d’une peinture on est, / Autant que dans l’horizon où les yeux te portent, / Avec des couleurs de terre et de pierre : / La terre touche au temps. / […] Mais s’ils se montrent nus, les corps, / Autant que la pierre ou des pentes cultivées, / Sont un secret continué. » La faille de l’absence taraude la mémoire : « si  le  visage du peintre n’est plus là, » l’auteur pense à l’atelier vide, « On va comme un corps dans la solitude / Jusqu’où disparaîtra le désir. »

Avec Le désir échappe à mon poème, on retrouve avec bonheur la facture élégante des livres des éditions El Manar. Les reproductions des œuvres de Mohamed Kacimi sont collées en vignettes en regard des textes Bel ouvrage de James Sacré que l’on a plaisir à faire découvrir.

 Michel Ménaché
Europe
Le désir échappe à mon poème

L’Amérique, la mort, le désir, trois leitmotive de l’œuvre de James Sacré. D’emblée, ceci est posé dans Le désir échappe à mon poème : « Ecrire a l’air d’être, assez, une affaire de désir », car selon James Sacré, il l’a affirmé ailleurs, écrire, c’est draguer le lecteur, le séduire, au moyen d’une grammaire qui se momntre caressante pour l’emmener où le poète veut l’emmener (…). Tout cela va, avec questions qui tarabustent, va dans le sens inévitable des choses, avec humilité, et lucidité, car au final, « Un jour les mots ne seront plus là », la dernière phrase du Désir

Jean-Pascal DUBOST
ccp n° 20, octobre 2010

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

parution

Auteur

SACRÉ James

Artiste

KACIMI Mohammed

Collection

Méditerranées