Le cri muet

A partir de 18


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Le Cri muet : une sorte d’autobiographie poétique mêlant poèmes, proses, courts essais, lettre, comme autant de jalons éphémères notés au cours de vingt-cinq années de vagabondages et de rencontres sur les deux bords de la Méditerranée.

20 exemplaires sur Arches, rehaussés de trois monotypes originaux de Gilles du Bouchet. Prix : nous consulter.

 

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Description

Frontispice : Gilles du Bouchet

Il y a dans ce livre une recherche de l’autre, le dur désir d’un difficile dialogue à travers la précarité des jours, la dispersion des lieux, l’insaisissable du temps qui mord. L’écriture y est fragmentaire à l’égal de l’impossible unité de la vie.
La variété des formes d’écriture illustre la diversité d’expériences paradoxales et la multitude des chemins de l’existence.
En exergue d’un poème, ces quelques mots de Henry Vaughan résument l’objet du livre et ce qui, à l’encontre des années, en fait son unité :

et respire, toi, dans l’âcre monde / pour dire ce que je fus.

 

Berbard Desportes, Le Cri muet

 

Nous sommes un peu dans les voisinages d’André du Bouchet où percent quelquefois un ton, un mot, un rythme qui le rappellent. Mais l’ensemble du recueil est bien personnel, ce ne sont que quelques croisements, dus à une fréquentation assidue d’une poésie, autre richesse à se joindre. Recueil qui allège la lecture par des alternances de proses, de poésies et de lettres, le tout à géométrie variable maintenant néanmoins une ligne de mire propre à l’auteur. Divers lieux où passe le poème (Truinas, les Cévennes, la Normandie…) nous assurent un voyage, une légèreté qui y prend appui puis s’élance vers son propre devenir :

route coupée
me rompt à moi-même
et moi-même alors
loin devant moi

Cette poésie s’adresse à l’espace du noir, à la défiguration tout aussi bien qu’à l’espoir et l’été. Tout est venu et tout est à venir dans un élan qui nous porte plus loin que nous. Il y a aussi un espoir voilé dans ce cri de : l’âcre monde.Il se produit un mouvement de resserrement puis d’ouverture, une oscillation entre perdre et retrouver, entre l’épars et l’unité. Une solitude surgit quand la parole ne parle plus aux impossibles rencontres, aux dialogues avortés.

Il y a une recherche de la présence du monde, et, de celle de l’auteur en particulier au travers de ce recueil dont une certaine unité est assurée par la nature partout suggérée et par le ténu de la vie ordinaire qui loin de nous abattre, relève la route devant nous. Tous les horizons convergent vers un même point. Il s’agit d’un dépassement de soi par des voix/voies multiples que souligne la diversité de ce recueil sans fond, sans fin dans le jour/inachevé, même si … la jouissance de l’anéantissement /submerge la parole. Dire aura encore été ce qui nous aura sauvé : page blanche gravée de signes livrée à cette extrême attention qu’est le réel sans concession. Il y a une pudeur à parler de ce recueil vécu dans le ressenti et dans l’approche de la poésie, celle que l’on fait sienne venue à la rencontre de notre vie pour nous élever.

Je ne suis pas /d’ici fait écho à Le Cri muet quand La lumière hache le jour.

Beau frontispice de Gilles du Bouchet qui part, s’affirme et puis s’en va comme il est venu, discrètement.

Jean-Marie Corbusier,  Recours au poème, 4 septembre 2018

 


Bernard Desportes – Le Cri muet

 

Alain Gorius et sa maison d’édition Al Manar ont l’habitude de nous gratifier de livres d’artiste de grande qualité mais Le Cri muet de Bernard Desportes vient ajouter de l’émotion à l’esthétisme.

Bernard Desportes est mort le 20 mars 2018, le cri muet est son dernier ouvrage, publié quelques semaines avant sa disparition. Ce dernier cri est une sorte d’autobiographie, bilan d’une vie d’écrivain « serai-je allé plus loin / qu’au seuil / de moi-même? » , traversant vingt-cinq ans de poèmes, proses, essais, lettres de 1991 à 2016. Livre-hommage, organisé par l’auteur lui-même, qui restera donc comme un témoin « ma vie / plus loin que moi« , de ce que fut son talent.

Quand, pour un poème, Desportes choisit comme exergue cette citation d’Henry Vaughan : « et respire, toi, dans l’âcre monde / pour dire ce que je fus. » c’est pour décrire cet âcre monde qu’il dépeint au travers de ce choix de textes en bleu, blanc et noir.

Le noir tout d’abord, avec le frontispice de Gilles du Bouchet qui vient bien résumer ce livre toujours sous-tendu de noir et de gris. Mais un noir noble, le noir universel qui touche chacun de nous en nos propres tourments. Il y a quelques années, Anish Kapoor s’est approprié la couleur noire la plus intense, au point d’en devenir propriétaire. Il s’agit ici pour Bernard Desportes, au contraire, de partager ses zones d’ombres pour que son cri, bien que muet, fasse écho en nous.

Le noir d’une vie de solitude et de nuit : « espoir et désespoir sont même cendres / même absence / dans l’immobilité des heures / même errance dans le néant du jour« . Une vie dans l’urgence d’écrire : « j’écris / comme on se sauve / mes jambes à mon cou« , écrire en particulier son lien avec la terre « est-ce ton pays / ce pays / qui t’écartèle? » et le monde à découvrir « je ne suis pas en deçà de la route que je suis« , « un écho bruissant du monde déposé dans la matière brute, la pierre, le caillou, le grain de sable, la poussière. »

Se sachant malade, Desportes se confronte aussi à la mort « j’ai laissé la route / se défaire / de mes pas » avec au bilan « tout ne fut pas vain dans ce désastre / il nous reste des mots des rêves« . Ouvrage-legs que ce cri, « une déchirure qui est la matière des mots« .

Mais le noir n’est pas la seule couleur de cet ouvrage. Le blanc neige des « jours évidés » y occupe aussi une bonne place. Le blanc de la page, dans l’amitié d’André du Bouchet « en amont du mot / sur la page vierge« . En filigrane aussi René Char en son Isle.

Mais la couleur Desportes la côtoie aussi dans son compagnonnage avec des artistes comme Katuchevski. Et son recueil fait aussi bonne place au bleu lumineux de quelques détours au soleil de Provence, des Cévennes ou de Tanger, pays de ciels, de vents et de pierre.

Bien entendu, ce Cri muet, d’un noir multicolore, n’est qu’un fragment de la vie de Desportes mais « ce dont on ne peut parler / reste seul à dire » mais aussi « ce qui n’est pas dit / demeure en mémoire dans le ciel« .

Que Bernard Desportes trouve sa demeure en nos mémoires.

 

Denis Heudré, Recours au Poème


Caractéristiques

exemplaire

courant, tirage à part

isbn

978-2-36426-214-0

parution

format / papier

16 x 22, 20 x 28, sur Arches

Auteur

DESPORTES Bernard

Artiste

BOUCHET Gilles du

Collection

Bibliophilie

Poésie

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