Description
ce qu’on laisse ce qu’on emporte
vestiges personnels
qu’après soi seul l’oubli fouillera
LA CRITIQUE
La Traversée de l’errance (Al Manar, 2023)
Stéphane Chauvet, poète voyageur toujours en partance, rend compte de ses pérégrinations et de ses longs voyages, tout en s’interrogeant sur le sens paradoxal de « se sentir chez soi partout et nulle part ». Il évoque la « douleur de l’errance » et a contrario se félicite de sa « capacité à trouver ses marques partout ». Rêvant « d’être un voyageur sans valise », il veut « fuir / pour se rattraper », conscient qu’« on ne voyage que pour détruire ses illusions ». Ses textes sont de forme et de longueur variées, mais gardent cependant une unité de fond. Poèmes amples, suite de fragments lapidaires ou instantanés de voyage en prose, ils sont soumis aux aléas de l’errance et du besoin de l’auteur de « retrouver le lien avec le monde » : « il faudrait pouvoir se passer de mots / sans tomber le mutisme » constate-t-il. Sur le rythme puissant d’un « vertige joyeux », ses pensées fortes et profondes s’élancent dans le regret d’une langue familière qui se serait perdue : « Parfois je me dis / je n’ai pas d’autre lieu que la marche / Parfois je me dis / je n’ai pas d’autre lieu que la langue ».
Marie-Josée Christien, chronique « Nuits d’encre », n°30 de la revue annuelle « Spered Gouez / l’esprit sauvage » à paraître fin octobre 2024.