Description
J’ai tressé l’haïkaï
déroulant son corps ta soie
Kakemono d’orImpudique fleur
lèvre ouverte humide offrande
Toi mon orchidéeL’espoir luit vers l’aine
le brin de paille en étable
Je bois ton haleineLa nuit s’ouvre au jour
Je suis cendres de phénix
Mon nom est AmourAu fond du grand lit
l’eau bouscule la rivière
Temps hâte ton coursLe mont est sur moi
le fleuve qui le contourne
Gronde d’impatience
La critique |
Albert BENSOUSSAN : L’Orpailleur, dessins d’Albert Woda, éditions Al Manar Alain Gorius, 16 € De la comédie aux déserts de l’amour en trois temps : Insolence, Efflorescence, Désolance. L’orpailleur cherche l’or du corps de l’aimée. Il célèbre Kumiko, la déguste, en deux actes à la fois torrides et facétieux. Le troisième acte, celui de l’amère répudiation de la « geisha », s’achève sur la défaite de l’alchimiste-orpailleur se représentant lui-même en gisant : « L’or a tourné plomb / au retrait de l’alchimiste / Ci-gît l’orpailleur ». Poème érotique tressé de haïkaï en un « fil processionnaire » traversé de courtes proses, en fin d’ouvrage. La disgrâce, alors, y est énoncée avec la totale mauvaise foi que génère l’amour déçu. Le fol amant déniant sa douleur en l’attisant malgré lui : « mon échec m’indiffère », ose-t-il ! Michel MÉNACHÉ L’Orpailleur, Al Manar, 56 p., 16 € « Chevalier de Manche » serviteur d’une Dulcinée de Shunga, le poète enfile les haikus avec frénésie, courant « par monts et par mots » à la recherche de la pierre philosophale. Pour épuiser la représentation de son désir, il mêle sans vergogne les isotopies conventionnelles (cynégétique, aquatique, textile, etc.) de la poésie érotique, les allusions mythologiques et bibliques, ne reculant devant aucune sorte de jeu de mot, usant de tous les registres depuis la verve égrillarde jusqu’aux accents élégiaques. On peut être irrité par ces assauts d’érudition et de virtuosité langagière, harassé par cette fureur d’aimer et d’écrire qui veut se dire littéralement et dans tous les sens ; on peut aussi être emporté par le tourbillon de cette poésie drue, en particulier dans la mélancolique troisième partie joliment intitulée « désolance » qui dit sans fard la frustration éprouvée jusqu’à la tentation du suicide. Daniel Lequette, CCP 27 (mars 2014) |