Description
Je ne connais pas la poésie
Mais je te vois
Nom d’emprunt
Je ne laisse pas ma peau suspendue aux mûriers quand j’entre dans le fleuve
Ni mon coeur quand j’entre dans l’amour
Ni mon sang quand tous les membres du corps deviennent des cercles électriques
Sur une chose qui sera peut-être le désir
Je travaille sur les choses muettes
L’une des illustrations du tirage courant
Nida Younis : JE NE CONNAIS PAS LA POÉSIE (Al Manar)
Nida Younis est une poète palestinienne qui se caractérise aussitôt par une envolée à la fois lyrique et négative. Ainsi ce titre général donné au recueil, poème qu’elle achève par ce vers : Je travaille sur les choses muettes. Ou cet autre texte : « Evidence » qui s’ouvre par La vie n’est pas dans cette pièce, qui accumule refus et dénégations. Enfin « Je est une autre », une même façon de contrer et de se dérober avec ce paradoxe lumineux : … nous sommes persuadés que l’éternité doit s’incarner / Derrière nous Une chose est sûre, la poésie de Nida Younis est affûtée et contondante, elle témoigne d’une certaine violence verbale qui semble nécessaire pour se faire entendre. Avec ce genre d’affirmation : Je tue sinon on m’arrachera le pain des mains, ou d’images funèbres : Ma tête est encombrée de squelettes qui cherchent / Des habits / Mais ils ne trouvent pas la taille adéquate / Dans les boutiques de la mort D’autres poèmes se nomment : « Les trous du cœur » ou « Clous ». Elle fait montre à la fois de révolte et de pugnacité. Son écriture battante est à la mesure de ce qu’elle défend en tant que femme dans le monde arabe. Pour quitter la forêt / Tu dois la brûler / Pour quitter la langue / Tu dois ne pas te taire
Jacques Morin, Décharge n° 199, septembre 2023
Lavis de Colette Deblé.
Frontispice du tirage de tête sur Arches, rehaussé d’un découpage peint par Colette Deblé
Colette Deblé !
Nida Younis