Description
De ce que l’œil a vu (et peut-être son cœur)
À des couleurs, formes et coulures,
Que dessinent les outils d’un peintre,
La pensée s’épuise
Pour aviver quel désir ?
La toile, une toile tendue sur châssis, 60 x 80 cm, est là derrière moi, mise appuyée contre les rayonnages d’une bibliothèque. Depuis quelques mois déjà. Comme je ne commençais pas à écrire je l’ai re- tournée, peinture contre les dos de livres. Je finissais trop par m’habi- tuer à ses couleurs, à des formes que j’y repérais : je ne voyais plus rien. L’ayant remise à l’endroit ces jours-ci je la retrouve dans une fraîcheur du regard sur elle : un carré (presque) de matières, couleurs terre et pay- sage rocheux, peinture qui a coulé, qu’on a rattrapée ou grattée, raclée, recouverte puis reprise. Et le sens qui se donne est celui d’un mélange de rêverie (autour de l’idée de paysage) et de plaisir manuel dans ce que devenaient des couleurs, et leur contact avec la toile, conduites par des outils divers, pinceaux, spatules ou peut-être directement la main.
Je pense à comment s’écrit un poème (en tout cas les miens, souvent) entre l’idée ou le sentiment qu’on a pour un visage ou quelque élément du monde et le plaisir qui vient (fort peu matériel ce- pendant) à cause des agencements de mots, du bruit que font ces mots dans notre écoute intérieure et des rythmes, des ratures et reprises qui finissent par être un poème. Par être un visage, on ne sait plus trop.
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(…)
