A partir de 15


Poèmes en prose.

Couverture et tirage de tête illustrés par Jean-Gilles Badaire.

20 exemplaires tirés à part sur BFK Rives
rehaussés de trois peintures originales
par J-G. Badaire, sous couverture Rives d’Arches 250 gr.
et emboîtage.

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Description

(…)
La nuit est tombée. Il jette le cadavre à la mer, et attend sur la plage que les vagues noires l’emportent.
Sur le corps inerte apparaissent les étranges scintillations, puis les premiers mouvements. En quelques coups de nageoires, il a disparu.


 La critique

Note de lecture sur Voltes d’Irène Gayraud, éd. Al Manar, 2016.
Avec des dessins subtils de Jean-Gilles Badaire.

Parler de ou commenter le livre d’Irène Gayraud aux éditions Al Manar est peut-être définir et se pencher sur le mot Voltes. Car mon impression de lecture sur ce livre bien écrit me laisse d’être entre deux mondes, au point de ne pas savoir où je suis. Le titre est sobre, ouvre d’autres mondes, donne une sensation de départ ou de retour, de glissement vers le fantastique ou la vie quotidienne comme un exil dans lequel je découvre les personnages.

Veut-il signifier ce que vivent les chevaux dans leur tour de manège quand le cavalier fait faire des mouvements au cheval en le faisant avancer en rond ou un terme de marine quand le capitaine vire de bord pour prendre une autre direction? Mais volter ce n’est pas se révolter peut-être virevolter. Il y a trois temps dans ce recueil de récits et tableaux courts: Dans les spires, Des mouvements sauvages, Vertiges des mues. Les personnages sont là sans nom, sans prénom, il ou elle ou l’enfant ou les hommes ou deux femmes… C’est leur histoire qui est décrite, saisie par des tableaux impressionnistes à l’écriture très fine. Je lis ces lignes comme des poèmes en prose. Le mot spire a son importance: il prolonge le mot voltes en toute liberté. Le couple qui entre en action dans Des mouvements sauvages raconte peut-être la difficulté de s’aimer et dans ses voltes les forces érotiques et sensuelles de la vie s’expriment jusqu’au bout de la nuit. Puis retour à une certaine réalité plus prosaïque avec Vertiges des mues où le texte du capitaine qui introduit le chapitre justifie totalement le titre du bouquin.

D’abord je me suis arrêté sur puis attaché à l’écriture du livre d’Irène, à sa fluidité d’évocation comme un luxe de mots qui fortifie et met en relief le récit. L’éclat bleuté de l’aube filtrait à travers le rideau dont les longs plis s’écoulaient comme un ruisseau sur les vitres ou Le jour où il tomberait d’un toit, un vol d’hirondelles viendrait nicher dans la charpente avec un léger bruit de papier que l’on froisse ou ll le sait à présent: un fleuve coule au fond de lui comme une frontière qu’il vient de franchir. Tout est joué depuis l’instant où, passant par hasard devant une porte entrouverte, il l’a surprise assise de profil, en train d’ouvrir une mangue. Ce qui est raconté, avec le sens du détail accompli dit le fantastique qui effleure le réel, la dureté du réel comme un cauchemar, un rêve que les personnages explorent réellement, une joie voilée de vivre aussi. Voltes bien sûr comme le tu du verbe volter au présent de l’indicatif. Voltes bien sûr quelque chose d’insolite comme une quête de l’improbable. Ce livre bien sûr est fait comme une offrande pour connaître les ressorts cachés de l’âme d’une poète suave et délicate qui avance comme nue sous ces mots. Les mots de la poète me donnent envie de lire mains tenantes les poèmes de Sor Juana. Lecteur, laisse-toi à ces confidences murmurées pour lire au fond un poème-eau mêlée de clarté. Comme une musique qui célèbre une aube de juin. Et chantera alors dans ton âme la musique de l’été.

Luc Vidal, le 9 Juillet 2017

 

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

978-2-36426-066-5

Auteur

GAYRAUD Irène

Artiste

BADAIRE Jean-Gilles

Collection

Poésie