Description
La vie comme elle va
Son coeur reste à côté
dans la nuit silencieux
séparée la main aussi
pour ouvrir l’invisible
entre nous l’intouchable
et le temps qui recouvre nos gestes
de petits plis de froissements
je mâche des herbes d’euphorie
en traversant les renoncules jaunes
sur les bancs du village neuf bien peigné s’assoient les
ombres de ceux qui croient au bonheur et aux bonnes
affaires du mois bruits de tondeuse et de taille-haie
le printemps se mécanise et s’ordonne
je renouvelle ton visage
dans le matin préparé
et je lave ma main meurtrie
dans un peu de ciel frais.
Luce Guilbaud : UNE LEÇON DE PRÉSENCE (Al Manar)
Une leçon de présence dédiée à l’absent définitif, c’est le paradoxe du deuil. L’année a passé malgré tout. D’abord l’automne qui rime avec la forêt chaque jour de perte avec les feuilles tombées Et aussi l’automne perd fauve portant des cornes de gazelle C’est ensuite le printemps qui s’établit dans le jardin Avec les fleurs qui dominent. Demeurent les confusions cependant Entre le souffle et la peau / là où rôde la plaie. D’autres personnages mythologiques interviennent comme Vénus, Éros, Écho oui plus loin Icare. C’est bientôt l’été et cette fois la mer qui prend le dessus Appareiller / entre nos côtes flottantes Et l’écriture enfin : être présente entre les ruines noires / d’un drame personnel… Luce Guilbaud témoigne à sa façon sensible et délicate de cette disparition subite de l’être aimé. Elle tend à trouver dans tous les domaines, dans tous les lieux, des échos, des traces, des paroles qui résonnent encore aujourd’hui… une histoire d’amour c’est sans fin… / même sans toi.
Jacques Morin, Décharge n° 199, septembre 2023
Illustration de l’auteure.