Description
Un livre de dialogue entre un auteur ayant longtemps vécu au Maroc, et un photographe marocain de grand talent.
5.
A l’automne tu ne reconnaissais plus ton monde : le soleil avait tanné les peaux, le sel creusé les rides. L’Afrique avait accru sa présence ; les yeux des Berbères et ceux des Arabes trouaient d’un même feu les visages cramés ; tout un peuple avait revêtu la même beauté brune et mate. Prunelles de jais en éclats fichés dans l’iris lactescent ; œillades assassines… Les ruelles des médinas assommées de soleil tressaillaient à la nuit, tombée d’un coup. La ville tout entière s’offrait à la brise exhalée par la mer, montait jusqu’à toi. Et tu la caressais des yeux comme on étrille la croupe d’une jument.
16.
Notre insouciance côtoya longtemps la misère et l’ignorance dans lesquelles étaient maintenues les foules. L’époque était aveugle ; et les prisons, pleines. Certains ne voyaient rien, ou si peu ; d’autres ne voulaient pas voir, ni entendre les hurlements montant du fond des geôles. Tazmamart, dit un jour le Souverain à son peuple, qu’est-ce d’autre que la Vallée des roses ? Roses de sang, foulées aux pieds deux décennies durant.
Hassan Wahbi, écrivain, poète, universitaire, à propos de ce livre :
« Bonjour Alain,