Description
Se taire et se taire appartient à un ensemble intitulé Comme un journal / Un como diario, écrit en espagnol et en français. De nombreux poèmes ont été publiés en revues. Et en plaquettes : D’un trait d’union à l’autre (Encres vives, 2004), Une lampe contre le cri (La Porte, 2004).
Evelyne Boix-Molès, Se taire et se taire, Poésie Al Manar
C’est avec ce titre énigmatique qu Evelyne Boix Molès effectue une traversée du silence jusqu’à l’émergence d’une voix singulière. Sa démarche semble être proche de celle de Rilke qui écrivait : « J’aime tant entendre chanter les choses ». Le lecteur est convié à ce même travail d’écoute et de silence où peu à peu les sons se transforment en cri, en parole et en chant. « Donne-moi le la : / que je puisse chanter juste, /au dessus de l’abîme». Dans le « désert disert » la vie appelle les blés qui reverdissent même dans la ronce. Avec de grandes précautions l’imprononçable est approché, et ainsi un peu circonscrit. Et comme la lueur d’une lampe ou d’un visage, un instant, « la trace d’une trace » éloigne l’inutile, les haches de la langue et du monde. Dans une lutte incessante contre le rien, contre la mort, une voie (voix) se fraie un passage. Et quand la parole manque, un geste peut entrouvrir les murmures de la nature et des voix humaines. Avec une grande économie de mots, de manière humble et exigeante, Evelyne Boix-Molès touche à l’essence de la poésie. Paul Celan nous invitait déjà à trouver « un mot qui allait vers la neige ». Et dans ce recueil » « la neige tombant sur la neige » habite une chair de silence où viendra peut-être se nicher un envol. « Contre le silence/des heurts de graine » car tout près « la source bruit ».
Jacqueline Persini, Poésie Première