Saisons d’argile / Seasons of clay

A partir de 17


Tirage courant : 1000 ex typographiés au plomb sur bouffant ; illustration : Youssif Nasser.

Edition de luxe, bilingue français / anglais, tirée sur BFK Rives au format 28 x 21 cm. Trente exemplaires uniques, rehaussés de trois peintures originales de Yousif Nacer.

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Description

La critique

« Saisons d’argile » de Salah Al Hamdani. Illustrations de Youssif Naser.
Al Hamdani, Salah, Al Manar 30 juin 2012 by Librairie Ptyx

Poète irakien, d’abord prisonnier politique puis exilé en France dès l’âge de 24 ans, Salah Al Hamdani, opposant de toujours au régime de Saddam Hussein, nous livre ici un recueil traversé du souffle de l’exil. Mais ce souffle n’est pas démarche. La poésie n’est pas ici moyen d’expression. Elle est résultat. C’est le franchissement de la frontière, l’impossible retour qui déclenche la parole. Il ne s’agit pas de trouver le mot juste, catharsique, pour exprimer la douleur de l’exil. C’est l’exil qui ouvre la vanne des mots.
Mère, à quoi le néant s’accroche-t’il? L’espoir de te revoir est une blessure qui donne sur une avalanche de mots.
Et ces mots, puisqu’ils sont là, autant les utiliser, non pour chanter ce monde, lieu étroit où seul l’amour fissure les frontières, ni pour rêver au retour de l’exil. Mais bien pour creuser les tombes de ceux dont le rôle est de clore le monde.
Ecrire pour éclairer une forêt de pins dévastée et élargir la fosse d’un tyran
La poésie de Salah Al Hamdani est toute de rage contenue. Sous le drapé fluide des mots, on entend les dents qui crissent.
Je vous hais. Oui je vous hais, hommes sans envergure glaneurs de vacarme sur cette terre de migration qui piégez mon crépuscule argenté comme une blessure contre une autre blessure.

Salah Al Hamdani, Saisons d’argile, 2011, Al Manar. Illustrations de Youssif Naser.

Salah al Hamdani, à la rencontre poétique Tiasci Paalam, en avril 2013

Un poète ne se résume pas à sa biographie. Mais comment parler de Salah Al Hamdani sans dire qu’il est né en Irak, qu’il a connu la prison et qu’il a rencontré, en prison, la poésie. La poésie, chacun peut l’écrire, c’était la première leçon, en prison. La seconde, c’est que tu es responsable de ce que tu écris. Cette responsabilité, Salah en fait une ligne de conduite mettant ses pas dans ceux d’Albert Camus, cet Etranger. Cette soirée d’avril avec Salah Al Hamdani nous a laissé une forte impression. Un homme était là, devant nous, avec nous, et nous disait que la France est un pays de poésie, qu’il avait pu, en y arrivant dans les années 70, aller à l’Université (c’était à Vincennes) : « Cette Université était faite pour moi, qui n’étais pas allé à l’école dans mon pays parce que mon père ne pensait pas que c’était utile ». Un homme qui vit en exil, qui porte en lui son pays d’origine bien sûr, ce pays, la Mésopotamie, où est née l’écriture (sur l’argile la plus ancienne), et dont la culture européenne a largement hérité. Un homme qui vit en France parce qu’il a lu autour de ses vingt ans, déchiffrant l’arabe littéraire, les textes d’Albert Camus, en arabe. Et en France, il a rencontré des Justes. Ce soir-là, il nous a parlé aussi de sa mère (ma mère monte la garde sur l’autre rive), et de l’image qui se fige du pays que tu quittes quand il te faut partir, tandis que pour ceux qui y restent, l’image continue de bouger : on ne fait pas coïncider ces deux images, c’est douleur et joie quand même, c’est toucher, pleurer et rire, ensemble. Et vivre, c’est l’avenir (ne regarde pas en arrière), c’est l’amour partagé, ce sont les enfants, c’est la parole échangée, l’amitié (pour que nos cœurs continuent à battre).

… ne déambule plus dans ce monde
mais avance !

Les citations de cet article sont extraites du recueil Saisons d’argile, publié par Al Manar.

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

9-782-913896-92-5

parution

Auteur

AL HAMDANI Salah

Artiste

NASER Yousif

Collection

Poésie