Rouge vive

A partir de 15


20 exemplaires tirés à part sur BFK Rives
rehaussés de dessins de la main de Karine Rougier

300 ex. sur Bouffant édition.

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Description

A l’heure où les talus s’allument
dans le soleil du bas du jour
et ma robe de vent

l’ampleur de mes pas
et de mon évasion

effraie les ombres

Une histoire d’amour. Chacune à leur tour deux voix pour la dire. Et les berges de la rivière où poussent les rosiers sauvages.


La critique

ROUGE VIVE, UNE BROCÉLIANDE AMOUREUSE ET SAUVAGE

J’ai reçu tout récemment le dernier recueil d’Estelle Fenzy. Rouge vive. Je l’attendais. Pelotonnée dans mes laines, je l’ai lu d’une traite. Et relu. En frissonnant. Avec fébrilité. Avec tendresse et crainte aussi. Estelle Fenzy excelle dans ces vers. Naturelle et profonde, sa parole poétique est belle et pure. Envoûtante.

Des voix se coulent, qui s’entrelacent dans une double attente, visible à l’œil. Soudain, après les poèmes qui préludent au conte, les italiques apparaissent. Le narrateur solitaire, dans son demi-sommeil, « convoie des rumeurs ». Qui sont-elles ? Quel secret est le leur? Elles prennent les intonations d’une voix de femme. Qui confie son passé meurtri de morts marqué de sang. Rouge vive. Vivante parmi les morts, « cette femme au visage froissé » visite le rêveur et hante sa mémoire. « Qui était cette femme » ? « Je ne m’en souviens plus ». La poète interroge l’énigme. S’exhument au fil des pages des pans d’histoire d’un passé dont la poète est issue. Une histoire de guerre et d’amour spolié. La beauté énigmatique de ces pages aux poèmes brefs se nourrit du mystère d’une écriture qui s’ancre en un lieu à la fois précis et flottant, qui évoque les paysages hypnotiques du conte :

« C’est une vaste terre
de fougères et de pins

une forêt de profondeurs
arasée de ténèbres »

On y trouve une forêt, baignée en son centre d’une rivière. Des « berges friables » et des « roseaux » protecteurs. Faut-il franchir le « ponton du sommeil », écarter les « lianes qui reptilent », pour que la rencontre puisse avoir lieu ? Elle a lieu dans la solitude. Un soir de juillet. Elle est rencontre avec l’enfance.

Les poèmes en italiques accompagnent la voix qui confie un passé de femme endeuillée par la mort du « promis » emporté sous la mitraille :

« Je suis la dépossédée »

Peut-être cette femme est-elle la même que cette « aïeule » qui conduit le jeune homme aux abords de son secret ? Jeu de doubles hélices qui s’interpellent et se répondent dans la douleur et dans les blessures non cicatrisées :

« Elle ne voulait pas voir
l’échappée de lumière
au milieu de son deuil »

« Rejoindra-t-elle ce soir
mon piège de douleur

Entendra-t-elle
l’émeute de mes plaies

ma spoliation d’amour »

Les histoires se recoupent, qui entremêlent souvenirs et absences. Le sang était là, contenu dans le titre. Présence implicite qui couve sous la cendre, annoncée dans une nuit de « lune pleine », rencontrée par la suite sous la forme à peine déguisée des « rosiers sauvages ». Puis éclatante « sur le blanc de la neige… » « Éclosion d’incarnat ».

Les échos se poursuivent de part et d’autre du fil — « sourire rouge » « bouquet grenat » —, alternance des voix :

« La première fois
elle descendait vers la forêt »

« La première fois

J’allais à la forêt »

« Elle s’est blottie
dans l’étau de mes bras… »

« Il m’a guidée
vers son refuge
Maison tiède… »

Les gestes se rapprochent. L’énigme va-t-elle céder et laisser place à la lumière ? La fusion frôle, les histoires s’acheminent vers la rencontre de l’une avec l’autre. Peut-être vont-elles se rejoindre jusqu’à se fondre ? Le lecteur tremble, se perd dans cette brocéliande amoureuse et sauvage, qui se livre, cœur battant, dans « l’herbe fervente », aux abords de « rosiers carmins ». Jusqu’au geste final. Inattendu ? Rêvé ? À moins qu’il ne s’agisse, comme l’ensemble du recueil, de la chanson de Nick Cave, Where the Wild Roses Grow, dont un couplet est mis en épigraphe dans le cahier de tête de l’ouvrage, chanson revisitée — excellemment — par la poète.

Angèle Paoli in « Terres de Femmes » n° 134, janvier 2016
D.R. Texte angèlepaoli


DES BORDS A GUERIR

On m’appelle la Rose Sauvage : ses épines sont plus acérées que la voix de Nick Cave ne le chuchote , en offrande au poème d’Estelle Fenzy, «Rouge Vive ».  En soulagement vient l’autre voix, d’une femme, complète et sensuelle – elles poussent de là, les roses et leurs épines.

Ayons bien en tête cette image, banale et permanente, de deux lignes, de deux corps délités qui s’entremêlent, « lianes [qui] reptilent autour des pierres ». Ce poème veut nous raconter une histoire et, plus, il s’illustre de dessins de Karine Rougier qui fait jaillir des paumes d’une main un morceau de charbon écrasable en diamant. C’est le destin, parmi d’autres possibles, du charbon qui va se pressuriser en gemme. En « j’aime ». Dans le corps du texte, en italique, la voix binaire, l’autre voix, la deuxième au féminin qui dit qu’elle attend, bien sûr, que son amour (re)vienne : « J’ai vu un homme / j’ai vu la vie » : c’est au cœur du livre, sur la page de gauche, à la place du cœur ; lui faisant face, le dessin le plus resserré, la douleur d’un corps/main à genou retenant un nuage qui se bat. Allez voir vous-même ses griffes et leur mystère !

Alors quelle histoire ? Elle est connue, c’est celle du désir, celle du manque, de la séparation, celle de la séduction. De l’attraction. Un instant tout est clair : au village, c’est parti de là, de là nous étions – et quelque chose nous a désunis, si jamais nous fûmes vraiment unis, dans la chair et le moment. L’instant d’après… Et bien il n’est pas après. Il est et reste ce pour quoi nous nous parlons dans ce livre, de notre séparation, et surtout de notre espoir en suspension : « Depuis des millénaires mon histoire se raconte / Vie enfuie bouche close ventre désert cœur d’attente », dit-elle. Lui, faiseur de mots, rassure : « Mes mots lacés / treille d’appâts / dans l’eau grouillante d’ombres écarlates ». Je suis à la guerre mais je te tresse des mots. Je t’écris. Et dans ce que je te raconte je suis comme un fantôme qui ne voit plus bien, ne discerne plus entre la vie d’avant quand les jours pesaient, quand quelque chose s’interposait, et ce moment dans le flou où nous nous rejoignons. « Un souffle après l’autre / homme silence / je compte bien les mots / par lesquels / je respire ».

Homme silence ? Qui fait silence ? Sûrement pas moi maintenant… Je suis devenu dur pourtant  : «Derrière mes pupilles silex ».

Juste là, la « beauté lancinante  et brune / continue ». Comme un impératif… ou bien l’histoire qui se poursuit. Les deux possibilités affirment la tension, l’appel « où amarrer demain. » Une libération que je veux sensuelle, une union du bout des lèvres (parce que fantasmée ?) : « Je nomme aveu / mes mouvements de fruits / mon audace sereine ». Je m’abandonne – nous nous rêvons.

Rouge vif est le sang, vive est la plaie. De chaque bord, écartelée, la peau cherche la peau pour reconstruire la chair.

Faut-il vraiment que nous nous achevions ? – Si c’est ainsi que nous pouvons vivre : l’homme, silex, frappe le front de la femme pour que « se taise le soir rampant / sur sa cicatrice pourpre ». Et il flotte encore dans l’air l’invitation de jeunes amants avant le drame : « Veux-tu que / ce soir / je t’emmène / là où poussent / les rose sauvages ?»

Jean-Luc Lostanlen

« Rouge vive » (Estelle Fenzy / karine Rougier) aux éditions Al Manar


Estelle Fenzy, Rouge vive, poèmes avec des dessins de Karine Rougier, par Pierre Perrin

Estelle Fenzy marie brièveté et fermeté de l’écriture. Pour être bref, son vers n’en est cependant pas moins plein, plein de sens ; et le poème qu’il lève, de sensations. Elle a renoncé, pour ce recueil éminemment construit, à la ponctuation, à la seule exception d’un point d’interrogation, page 43. On verra pourquoi. La quatrième de couverture annonce, en 3 lignes : « Une histoire d’amour. Chacune à leur tour deux voix pour la dire. Et les berges de la rivière où poussent les rosiers sauvages. » La première partie, délivrée par la voix d’un garçon, pose le décor de terre et de rivière, l’attente, entremêle le rêve éveillé, le souvenir déjà de l’enfant en butte à la solitude. La seconde partie tisse la douleur féminine, celle d’une femme dont le promis a été fauché à la guerre et dont la mémoire reste « emmurée dans sa bouche ». Sa fille apparaît ensuite et nous donne à découvrir, dans le filigrane de cette nature, un homme plus âgé qui fait penser à Nouvelle histoire de Mouchette de Bernanos, avec « à sa ceinture // un faisan colleté / pendu par les pieds ». On devine des observations de guingois, une attente qui s’embrase de part et d’autre, jusqu’à ce qu’après des mois sans doute, un jour, il frappe à la porte. C’est lui qui rapporte la question : « Veux-tu […] ? » Cet unique signe de ponctuation signe donc l’exquise délicatesse du rustre ; du moins est-il présenté, par autrui regardé, comme tel. Cette remarque géniale lui est prêtée : « Je compte bien les mots / par lesquels / je respire ». Et c’est l’attente, le frémissement de l’être dont le désir sourd sous la peau. Le poème fait surgir cette divination, puis installe la rencontre, la fusion, la confusion. Le titre, les dernières paroles près d’être refermées, prend un tout autre sens que celui page après page imaginé. Le recueil réserve en effet une chute, pareille à celle d’une nouvelle. C’est donc un vrai plaisir de lecture, d’autant plus intense qu’il est extrêmement maîtrisé, dépouillé, que nous offre Estelle Fenzy. Cette réussite est parfaite.
Estelle Fenzy, Rouge vive, poèmes avec des dessins de Karine Rougier, éditions Al Manar, 68 pages, 15 € [Pierre Perrin, 22 janvier 2016]


Rouge vive d’Estelle Fenzy par Yann Miralles

Après Chut et SANS, Estelle Fenzy poursuit, à pas comptés pourrait-on dire, une œuvre placée sous le signe du peu. Mais qu’on ne s’y trompe pas : si ces deux premiers titres, par leur brièveté comme par leur signifié, évoquent une absence, si la forme courte, ici comme là, est privilégiée, nous sommes bien loin d’une écriture blanche, recherchant dans l’énonciation-même quelque chose comme le silence. Au contraire, la voix qui se fait entendre dans ces livres – et surtout dans le dernier Rouge vive – présente bel et bien, comme l’affirme Brigitte Giraud, « un récit poétique », certes déployé, paradoxalement, dans le « dépouillé de la langue » et « une écriture serrée », mais un récit réel dont on suit les contours et les chausse-trappes, le maximum d’effets dans le minimum de mots, au fil des pages. D’où la si grande proximité de ce livre, dans son dit comme dans son dire, avec l’enfance…
Dans Rouge vive, le lecteur est plongé en effet dans le « Je ne me souviens plus » d’un temps comme hors du temps (« Depuis des millénaires / mon histoire se raconte ») et dans des lieux aussi élémentaires qu’indistincts, aussi communs que vaguement menaçants (« une vaste terre / de fougères et de pins », « les montagnes / au Nord de mon pays », « la forêt », « la rivière », etc.). Et les personnages qu’on rencontre ont tous quelque chose d’archétypal : les deux « Je » qui se répondent, les deux voix qui structurent le texte (l’une écrite en roman, l’autre en italique), semblent être celles d’un homme et d’une femme, ou plutôt du « petit garçon pieds nus » et d’une « encore fille », auxquelles s’ajoutent « ma mère » ou « L’aïeule » (et donc l’évocation de la filiation), le défunt ou l’absent (« son porté disparu ») et le personnage de l’ogre (le « forceur de femmes », sur lequel il faudra revenir). En bref, tout ici nous renvoie à l’univers des contes.
Mais l’enfance n’est pas que ce nous dit le texte, il est aussi sa manière et sa matière. Les soixante-six pages de ce livre sont autant de petits textes (jamais plus de huit lignes) où le vers bref et l’espacement ne sont pas une coquetterie : ils ne cessent de faire signe vers une légèreté et une gravité indémêlables, à la manière des comptines et autres chants anciens dont la simplicité des mots (façon de rendre vive « sa mémoire / emmurée dans sa bouche ») ne donne que plus de force à la douleur latente. C’est ainsi qu’on pourrait entendre dans tel ou tel aveu un principe d’écriture du poème entier : « Je compte bien les mots / par lesquels / je respire » ou « Son beau visage / consonance / à ma douleur » disent ce primat accordé au rythme et au consonantisme, à une petit musique qui résonne discrètement mais sûrement à travers, par exemple, l’entremêlement des (m) et des (k), dès la première page (« mon manteau // m’accompagne / tout le jour // me caresse / quand je dors ») et dans de nombreux passages (« claquant les draps les chemises // Mon cœur tissu fragile / se déchire // à l’écho des combats / dans les cotons tremblants »). Le centre du livre donne même à lire ces quatre lignes au rythme égal (3/3/3/3) où se retrouvent ces répétitions de consonnes et les sonorités en (y/u) et en (o) :

A grand coups
de marteaux
sur les murs
de ma peau –

comme autant de rimes simples, mais internes au poème. De même, l’invention verbale dont fait preuve Estelle Fenzy, là aussi de manière sporadique et d’un pas léger (« Ses lianes reptilent », « Je mendiante l’amour »), se lisent comme des traces d’une enfance joueuse laissées à même la surface du texte.
Surtout, ce poème s’offre comme un récit initiatique. D’une voix à l’autre, d’une découverte à une autre, tout dit ici le passage et l’épreuve, l’expérience à acquérir (« j’ai découvert / les rosiers sauvages »). Reflet plus ou moins trouble d’une personnalité sous et dans le dire enfantin, ainsi que Bettelheim nous y a rendus familiers, le poème-conte évoque tout ensemble « La première fois » et la mort-renaissance d’un sujet. Car l’amour – entendu d’abord dans son sens physique – est bien la grande affaire ici. Du « cœur d’attente » au « Je suis la faim la soif / la fureur au bord de moi », du « Je suis la sève montante / le bouillonnement des mousses » à « mon appétit d’ogre », les deux voix, masculine et féminine ne cessent de clamer leur mutuelle attirance, et sont mues par une force érotique et mortifère. C’est ainsi que ces pages, empruntant autant au lyrisme amoureux qu’au genre du thriller (la menace et le « chagrin », « les vases de la dévastation » et la mort, cheminent en sourdine), se dénouent dans une étreinte amoureuse (« Il m’attendait de tous ses bras », « Elle s’est blottie / dans l’étau de mes bras », « allongée // je nomme aveu / mes mouvements de fruit / mon audace sereine », « Sur la rive des feuilles humides / elle s’est offerte », etc.) et dans une mise à mort : « Dans sa main droite // une pierre » trouve comme écho le tragique « J’ai frappé son front », le « Je » masculin devenant lui-même l’ogre honni.
Alors oui, redisons-le : comme dans nombre de récits pour les enfants, il est bien question de passage ici – de passage à l’âge adulte et de passage de vie à mort, de mort à vie. Ainsi se comprend, jusque dans le titre, l’importance de la rose : à la fois motif lyrique traditionnel (« Il a frappé à ma porte / m’a tendu un bouquet grenat ») et figure métonymique de la femme et de sa virginité (« je t’emmène là où poussent / les roses sauvages »), elle est liée au sang (« Il sera mon premier homme / celui qui fait couler le sang »), « fleur sanglante » qui, à la faveur de l’image du Perceval, peut renvoyer au « sang / sur la neige » et devenir symbole de mort. Pourtant la dernière page, tout comme les mots qui ouvraient le livre, empruntés au chanteur Nick Cave, évoquent le rouge, la fleur et le sang comme un même principe de transformation :

La vie doucement s’est fanée
dans ses yeux étonnés

Et sur sa bouche
ronde et rouge

Clameur éteinte
rendue à la rivière

Rose parmi les roses

Sauvage –

un principe de transformation qui fait de la fleur du poème, non l’absente de tout bouquet, mais une parole qui continue, présente et à partager, et de l’œuvre d’Estelle Fenzy un vrai parcours de vie.


Estelle Fenzy, Rouge vive par Isabelle Lévesque

Estelle Fenzy, Rouge vive,
éditions Al Manar | Alain Gorius, 2016.
Dessins de Karine Rougier.
Lecture d’Isabelle Lévesque

Depuis des millénaires
mon histoire se raconte

E. F.

Quelques vers d’une chanson de Nick Cave, « Where the Wild Roses Grow », tirée de son album Murder Ballads, en épigraphe. Ballade sombre et inquiétante à la mélodie entêtante qu’il chante en duo avec Kylie Minogue. Lui et elle alternent pour les couplets – refrain à l’unisson des deux voix. Le chanteur australien a puisé son inspiration dans le fonds des chansons traditionnelles irlandaises. « Banks of the Roses », aux nombreux avatars, est parfois chanson d’amour exaucé, parfois récit d’un crime. Rouge vive reprend le même dispositif, en faisant alterner deux voix, et nous retrouvons aussi cet endroit secret, les rives où poussent les roses sauvages. Mais, comme dans les gwerz bretonnes qui racontent des faits-divers à deux voix, ici aucun refrain n’unit les deux voix.

Elles se distinguent typographiquement : caractères romains, verticaux et robustes, pour lui ; italiques, aux caractères plus souples, inclinés, pour elle. Le lieu ressemble à celui de la chanson : paysage gris, sombre, dans la forêt traversée par une rivière : « C’est une vaste terre / de fougères et de pins // une forêt de profondeurs / arasée de ténèbres ». Lui apparemment vit seul avec sa mère, sa « vieille » aux « yeux baissés / sur sa vie de lambeaux ». Il est d’ici, son enfance toujours en lui. Il incarne ce pays, ces arbres, ces pierres et cette eau. Elle est venue seule avec sa mère. Son « promis est mort à la guerre » alors qu’elle était « encore fille ». Leurs vies connaissent les « fêlures », « griffures », « écorchures », les « érosions », « failles » et « lézardes », et puis les rides. Elle est « mendiante à l’amour / prête à la courbure ». Il est « la faim la soif », cet « homme silence » a « un appétit d’ogre » (mais Chut !). Leurs solitudes s’aimantent, il ne peut que lui apprendre ce qu’elle veut apprendre et lui faire découvrir cet endroit merveilleux (périlleux) où poussent les roses sauvages.

Alors tout se colore : « Éclosion d’incarnat », « fleur sanglante », « bouquet grenat », « ombres écarlates », « rosiers carmins », « cicatrice pourpre », et le rouge des lèvres.

Pour ce « Rouge » du titre, quel genre ? Identique au féminin et au masculin, ce terme peut-il porter l’identité, devenir nom propre désignant quelqu’un qui saigne ou vit enfin de sa couleur sang ? Couleur du Petit Chaperon qui traverse la forêt et rencontre le loup ? Ou loup rouge rencontrant cette petite vive comme l’eau 1 ?

Place à l’équivalence ambiguë entre le sang et la vie qui convoque dans le texte le polyptote (vive, vivante, vivre…). Eau « vive » de la rivière, espoir de vie et d’amour.

Lui porte sa « solitude » comme « un manteau » le jour, une « caresse » la nuit. Semblable au jeune Rimbaud qui « sentai[t] des gouttes / De rosée à [s]on front, comme un vin de vigueur », il « taille / des draps de veille et / de vigueur » dans les lianes de la rivière : virile vigueur sur ses rives. L’eau paraît « douce », et les roses « sauvages ». À son propos on pourrait dire qu’il porte son enfance, comme Rimbaud encore : « L’enfant se sent, selon la lenteur des caresses, / Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. 2 » Sur cette rive se trouve l’homme du poème, mais il attend l’accomplissement.

Dans ce paysage « de fougères et de pins », cette « forêt de profondeurs », les pierres portent des « rides » comme « sur le front d’une vieille ». Lui est seul, rejeté de tous.

« Je suis né dans ce village
à l’engrais des tempêtes

la forge des orages

Qui était cette femme
au visage froissé dans ma poche

Je ne m’en souviens plus »

Photographie dans la poche, figure trompeuse et frustrante du désir. Il cherche « la paix et la beauté », trouve « les rosiers sauvages ».

La ponctuation ne saurait interrompre le flux de cette remémoration (ou de cette invention). Nous parcourons une terre de légendes. Tout y converge en cette forêt, « une rivière sinue », peuple le sommeil attachant le rêveur à son souffle onirique. Les dessins noir et blanc de Karine Rougier exacerbent l’animation du paysage : une main, un arbre — les deux — jaillissent d’une terre de racines et de larmes. Mi-chemin, interstices, les poèmes courts (cinq ou six vers le plus souvent) déploient les pans d’un rêve et d’une mémoire. Une histoire fragmentée s’inscrit, aux images fondatrices, voilà un monde qui n’est plus que par ses résurgences fantastiques, nouées à la forêt, espace de landes propice aux hésitations de temps et d’images. La métaphore n’y est pas perçue comme une figure de style, on l’entend littéralement car déjà nous sommes éloignés des sentiers de raison ou réalité : « Mon cœur tissu fragile / se déchire », dit-elle, et toujours une trace, perceptible, reste dans le creuset du poème. Le voile va bientôt se déchirer, la « robe de vent si légère », la vie, le cœur, en un seul « tissu ». Un son (cri), un lambeau (coton), les sens communiquent et créent le réel. Comme Perceval songeant devant les trois gouttes de sang de l’oie blanche sur la neige, rouge et blanc, « semblance » d’ailleurs. Le bel oiseau blanc blessé par un faucon, la belle Blanchefleur loin de lui. Ici :

« Le sang
sur la neige a gelé

Éclosion d’incarnat »

Sont réveillés les angles des mots. L’adjectif « incarnat » vient de l’italien incarnato, on y lit « incarner », c’est la couleur de la chair, le prix de vivre dont le sang n’est pas perdu. Ici, on tremble, grelotte et vibre comme, sur les cordes d’une lyre, une dernière note ne meurt pas. Nous savons ce qui berce la mémoire : un chant, le souvenir d’une « fleur sanglante » (coquelicot ou rose ?) sur le champ d’une bataille perdue, l’aimée est sans voix. Or la porosité caractérise cette écriture qui d’un poème à l’autre expire la peine.

Songer à Victor Hugo : se pencher sur la tombe éclose. Pèlerinage ancien voué au rouge sacrifice (la vie), le titre retentit toujours, il vibre en chacun des poèmes que la terre couvre.

« Vie enfuie bouche close
ventre désert cœur d’attente »

Mais la rencontre a lieu : « Il portait dans ses bras /des gerbes de griffures », le héros du conte. Première apparition à l’orée de la forêt, « [j]’ai vu un homme / j’ai vu la vie ». De celui-là seul, l’amour a décidé laissant échapper les paroles de l’arbre devenues matière de la langue de la promise, langue végétale et secrète tranchée net. « [B]ouquet grenat », le rouge libre, entre deux voix. Il et elle devaient se rencontrer et s’unir. Deux soifs à étancher, deux creux à combler.
Dans le conte de Charles Perrault, Peau d’Âne, qui ne veut rester ni seule ni fille, met sa robe « couleur de Soleil », « celle où le feu du soleil éclatait », pour séduire le prince. Ici, elle met sa « robe de vent », et il la voit de loin avec sa « robe / de feu ».

Mystère, révélation vont suivre. Le sang va couler. Quelle semence ou quel sang a fait pousser les « roses sauvages » sur cette rive ? Pascal Quignard nous a montré que « le sexe est lié à l’effroi »3 dans les Métamorphoses. « Voir en face est interdit. Voir le soleil, c’est brûler ses yeux. Voir le feu, c’est se consumer. 4 »
Rouge rose vive… Ronsard nous a dit ce que vivent les roses.

Isabelle Lévesque
D.R. Texte Isabelle Lévesque
pour Terres de femmes

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1. « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive », chantait Guy Béart dans ce film sur scénario de Jean Giono : L’Eau vive. La jeune fille qui a perdu son père s’appelle Hortense, elle ressemble à la Durance. Peut-on cueillir des roses sauvages sur les rives de la Durance ?
2. Arthur Rimbaud, « Les chercheuses de poux », Poésies (1870-1871).
3. Pascal Quignard, Le Sexe et l’Effroi, éditions Gallimard, 1994 ; collection Folio, 1996, p. 84.
4. op. cit. supra, p. 115.


Une légende vive

Nous découvrons dans quelques dizaines de pages, à travers des poèmes qui n’ont l’air de rien, tellement ils sont aérés, épars, une histoire d’amour. Mais elle nous tombe sur la tête, nous prend à la gorge, nous serre les tripes – ou comme vous voulez. La force des mots pour dire la rencontre et l’amour de deux êtres est là, ce qui fait de cette histoire d’amour une légende.

Par moments, j’ai vu dans « Rouge vive » une réinterprétation de la légende de Loreley, celle du poème de Heinrich Heine et celle de Guillaume Apollinaire (celui-ci avait déjà interprété à sa manière la légende de Brentano). Chez Estelle Fenzy l’histoire serait renversée : ce n’est pas la fille qui fait mourir les hommes, mais c’est l’homme qui fait mourir les femmes.

Car un homme vit d’une manière sauvage, dans la forêt. Il est extrêmement seul : « La solitude / mon manteau // m’accompagne tout le jour // me caresse quand je dors ». Ce qui nous rappelle, je disais, Heinrich Heine : « Je ne sais pas ce que cela signifie / Que je sois aussi triste ». Même si dans sa maison vit aussi sa mère : « Près d’un coin de fenêtre / ma vieille les yeux baissés // sur sa vie de lambeaux // sa peau sourde / aux fringales d’amour » (p. 42), il est retiré du monde, dans la forêt profonde, en pleine montagne. Une blessure d’enfance, d’écolier, semble à l’origine de son retrait : « Seul venu chercher / la paix et la beauté / à porter sur mon dos / cartable déchiré // Bouclier // aux cailloux / qu’on me lance » (p.19)

La vie sauvage lui va, donc, parfaitement, les rosiers sauvages étant devenues le symbole de sa vie libre : « C’est là qu’un soir / seul de juillet / déjà venu marcher / petit garçon pieds nus / dans l’eau douce // j’ai découvert les rosiers sauvages » (p.18)

Et aussi : « Je couche dans la rivière // m’ébroue comme un chien / fou / qui reconnaît son maître »/

Mais l’amour ou le désir est sa (première) nature, l’homme est conscient de son « … appétit d’ogre » : « Je suis la faim la soif / la fureur au bord de moi ».

Et : « Je suis la sève montante / le bouillonnement des mousses // […] Moi / l’arbre creux / ouvre mes sentiers / à l’étrangère […]

Mais son désir et sa capacité d’aimer ne sont pas séparés, je dirais même qu’ils font un avec la parole, la puissance des mots. Sa capacité de parler et donc d’inviter la femme à l’accompagner et répondre à son amourest explicite : « Mes mots tombés / lucioles / sur l’argile sèche du seuil / Semis / de mousse tendre / au dessous des orties. » (p.44)

Et les mots comme piège : « Mes mots lacés / treille d’appâts // dans l’eau grouillante / d’ombres écarlates » (p.45)

Mais justement, de quels mots s’agit-il ? Si dans l’économie du livre, la voix de l’homme et celle de la femme s’entremêlent, pour raconter chacun la (même) histoire, différenciées aussi par la police des lettres imprimées, il y a cette question, de l’homme, la seule « phrase » rapportée : « Veux-tu que / ce soir / je t’emmène / là où poussent / les roses sauvages ? » (p.43)

Ces mots sont magiques, la femme va suivre l’homme. Mais pour cela, toutes les conditions étaient « mûres », disons : une femme seule, aussi, dont le « promis » avait été tué à la guerre, et depuis elle n’avait vécu que dans l’attente de l’amour. Et l’amour lui est tombé dessus, mais il avait été quand même bien « préparé » : « J’ai vu un homme / J’ai vu la vie // Et pelotonnées contre / les herbes hautes // l’espérance / la consolation » (p.34)

Même si les rumeurs sur l’homme ne sont pas de celles qui mettent en confiance, elle va à sa rencontre : « Au village on le disait / forceur de femmes // taiseux dans sa caverne / loup de supplices étouffés// On disait bien des choses / Mais » (p.33)

Ce « mais » dit très bien l’ineffable de l’amour.

Elle a accepté l’amour avec tous ses risques – y compris sa propre mort, car l’homme va frapper son front avec une pierre.

Que l’importance des mots soit capitale pour l’homme, voilà encore une preuve : « Un souffle après l’autre // homme silence // Je compte bien les mots / par lesquels / je respire » (p.47)

Je crois voir ici l’essence de l’homme-poète : il respire par les mots.

Et la condition sine qua non de la création, de la parole dite ou écrite est un certain silence.

L’homme a cherché, dans son retrait du monde, à la fois la solitude et « le grand silence ».

Que le geste de l’homme soit de folie ou bien conscient, cela n’empêche sa douleur.

Et que l’amour a été là, qu’il s’agit d’une vraie rencontre, le récit le dit, et surtout il a été écrit.

La mémoire va dépasser celle, intermittente, de son auteur, l’homme : « […] Qui était cette femme / au visage froissé dans ma poche // Je ne m’en souviens plus » (p. 13) mais le poème suivant le contredit, ou bien le complète : « Sauf / la nuit parfois / quand / dans le grand silence / résonnent les cris des bêtes / et que / la lune pleine / baigne de sang sa lumière » (p.15)

Inutile de parler et insister sur la présence et donc les nombreuses occurrences du rouge – couleur et mot, dans ce livre.

Même si les deux voix sont bien séparés, dans le livre, par leur récit et par le caractères des lettres, j’ai dès le début senti qu’elles peuvent être interverties, que la différence homme – femme n’est pas si nette, ni très importante.

C’est pour cela que j’avance que le titre, « Rouge vive », est plutôt lié à la femme qui écrit ce livre, à la poète Estelle Fenzy donc, et pour dire que ce livre est son propre corps : à la fois aimant, et endolori, et mort : « Je mendiante à l’amour / prête à la courbure // Avant que mes lèvres cousues / ne durcissent / et plus ne s’entrouvrent / Cercueil chair et brique / d’un baiser fantôme »

Légende de l’amour, variante de Loreley, celle de Heine ou d’Apollinaire, disais-je. Oui. Mais surtout sa propre légende, à Estelle Fenzy, et même si elle est déjà là, écrite, à lire dans ces pages, elle continuera a étre vécue – par elle-même (dans d’autres livres, sous d’autres formes : rien ne passe, même quand tout passe) et surtout (re)vécue par les lecteurs.

Très fine fénoménologie (poétique) du sentiment amoureux, livre dans le sillage des textes et de la pensée de Georges Bataille, aussi, mais qui réussit, avec des moyens très épurés, des vers courts, rimes internes, mots inventés, à faire PASSER ce que d’autres ont mis dans des tomes entiers.

Vive le rouge de tout amour – et de la poésie vive.

Sanda Voïca, in Textures

Estelle Fenzy,
Rouge vive
Dessins de Karine Rougier
Al Manar éd., 2016, 68 pages.


Estelle Fenzy : « Rouge vive »

Estelle Fenzy est une poète qui a le vent en poupe depuis ses dernières publications : en 2015, « Chut (le montre dort) » à La Part commune suivi en 2016 par « Eldorado Lampedusa », puis « Sans » aux éditions La Porte, et dernièrement « L’entaille et la couture » (lire ici) aux éditions Henry. Avec ce troisième opus, « Rouge vive », nous entrons dans une histoire d’amour « intense, merveilleuse et cruelle », selon les mots de l’auteur, où s’entendent en échos divers deux voix parallèles : une voix masculine, écrite en caractères romains droits et une voix féminine en italiques. Verticalité et force versus horizontalité et soumission, le contraire serait-il possible ? On a compris dès le début qui aura le dernier mot.
Dès l’exergue, le ton est donné par la chanson de Nick Cave, Where the Wild Roses Grow, à laquelle fait référence cette suite poétique, du choix du thème à sa forme. Si l’on visionne le clip enregistré en 2000 par le musicien avec la chanteuse Kylie Minogue, on avancera d’image en image entre le film et le poème, ce recueil étant le récit poétique d’une rencontre entre deux amants au bord d’une rivière, l’un(e) se portant à la rencontre de l’autre pour un entre-deux d’amour possible. Progression amoureuse, lente et volontaire, vers la beauté des « rosiers sauvages », vers la promesse d’une première fois unique, dans une paix coupée du monde, attente tournée vers « l’espérance/la consolation ». Sauf que cet amour naissant semble déjà grevé par l’histoire de chacun, la petite et la grande, son « piège de douleur », sa répétition millénaire. Le titre « Rouge vive » dit assez la passion destructrice entre Éros et Thanatos. La rencontre-réparation qui pourrait mettre fin à la « spoliation d’amour » et à « l’ombre des jours gris » se révèle une étreinte tragique dans « l’étau des bras ». Aucune évasion possible.
« All beauty must die », chante Nick Cave, en écho à John Keats… Revient alors, loin de la vision romantique, cette question : pourquoi faut-il saccager la beauté sur l’autel de la douleur ? Pourquoi le passé revient-il assassiner le présent ? Est-ce une fatalité ? Entre coup de cœur et « coup de marteau », pourquoi ces éternels sacrifices ? Et c’est la femme, toujours, qui en paie le prix, l’innocente qui marchait vers sa chance pour enfin « amarrer demain », alors qu’elle prenait la liberté de s’offrir « paupières closes/cœur béant » telle une rose à peine ouverte. A wild rose.
On soulignera ici le choix d’une écriture concise, épurée, contemporaine dans ses inventions verbales, qui mêle références musicales et littéraires (Rimbaud, par exemple avec Ma Bohême et Le Dormeur du val). Une suite poétique, dense, forte, sous le signe du rouge, un bouquet d’images symboliques à lire sur différentes strates, plusieurs générations s’avançant en ombres portées à l’arrière-plan du récit, auxquelles on pourrait peut-être ajouter celle de l’amante Estelle Fenzy elle-même et/ou d’une ancêtre, le point de vue choisi par elle dès le titre n’ayant rien de neutre, bien évidemment. Mais ça, c’est une autre histoire, à retrouver dans l’unité de ses différents recueils.

Estelle Fenzy est une poète qui a le vent en poupe depuis ses dernières publications : en 2015, « Chut (le montre dort) » à La Part commune suivi en 2016 par « Eldorado Lampedusa », puis « Sans » aux éditions La Porte, et dernièrement « L’entaille et la couture » (lire ici) aux éditions Henry. Avec ce troisième opus, « Rouge vive », nous entrons dans une histoire d’amour « intense, merveilleuse et cruelle », selon les mots de l’auteur, où s’entendent en échos divers deux voix parallèles : une voix masculine, écrite en caractères romains droits et une voix féminine en italiques. Verticalité et force versus horizontalité et soumission, le contraire serait-il possible ? On a compris dès le début qui aura le dernier mot.
Dès l’exergue, le ton est donné par la chanson de Nick Cave, Where the Wild Roses Grow, à laquelle fait référence cette suite poétique, du choix du thème à sa forme. Si l’on visionne le clip enregistré en 2000 par le musicien avec la chanteuse Kylie Minogue, on avancera d’image en image entre le film et le poème, ce recueil étant le récit poétique d’une rencontre entre deux amants au bord d’une rivière, l’un(e) se portant à la rencontre de l’autre pour un entre-deux d’amour possible. Progression amoureuse, lente et volontaire, vers la beauté des « rosiers sauvages », vers la promesse d’une première fois unique, dans une paix coupée du monde, attente tournée vers « l’espérance/la consolation ». Sauf que cet amour naissant semble déjà grevé par l’histoire de chacun, la petite et la grande, son « piège de douleur », sa répétition millénaire. Le titre « Rouge vive » dit assez la passion destructrice entre Éros et Thanatos. La rencontre-réparation qui pourrait mettre fin à la « spoliation d’amour » et à « l’ombre des jours gris » se révèle une étreinte tragique dans « l’étau des bras ». Aucune évasion possible.
« All beauty must die », chante Nick Cave, en écho à John Keats… Revient alors, loin de la vision romantique, cette question : pourquoi faut-il saccager la beauté sur l’autel de la douleur ? Pourquoi le passé revient-il assassiner le présent ? Est-ce une fatalité ? Entre coup de cœur et « coup de marteau », pourquoi ces éternels sacrifices ? Et c’est la femme, toujours, qui en paie le prix, l’innocente qui marchait vers sa chance pour enfin « amarrer demain », alors qu’elle prenait la liberté de s’offrir « paupières closes/cœur béant » telle une rose à peine ouverte. A wild rose.
On soulignera ici le choix d’une écriture concise, épurée, contemporaine dans ses inventions verbales, qui mêle références musicales et littéraires (Rimbaud, par exemple avec Ma Bohême et Le Dormeur du val). Une suite poétique, dense, forte, sous le signe du rouge, un bouquet d’images symboliques à lire sur différentes strates, plusieurs générations s’avançant en ombres portées à l’arrière-plan du récit, auxquelles on pourrait peut-être ajouter celle de l’amante Estelle Fenzy elle-même et/ou d’une ancêtre, le point de vue choisi par elle dès le titre n’ayant rien de neutre, bien évidemment. Mais ça, c’est une autre histoire, à retrouver dans l’unité de ses différents recueils.

Marylise Leroux, Textures

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

978-2-36426-060-3

parution

Auteur

FENZY Estelle

Artiste

ROUGIER Karine

Collection

Poésie