Description
Je le dis sans ambages : j’aime les Juifs. Je les aime à proportion de leur Message, de leurs mythes, de la part qui leur revient dans l’édification de l’Humanité. Je leur suis redevable d’un long héritage : celui des prophètes, des philosophes, des hommes de science sans qui je ne serais pas l’homme que je suis aujourd’hui.
Mais je proteste aussi fort : j’aime les Arabes, les Berbères, peuples sémitiques qui, davantage que n’importe quels autres, ont accompagné ma démarche ici-bas. Je ne suis pas homme à renier père et mère – mes frères pas davantage : j’ai vécu dans l’ombre, dans la lumière des peuples d’Algérie, des peuples du Maroc, au point que, dans certaines circonstances, j’ai pu croire que le même sang coulait dans nos veines.
Jetant un regard douloureux sur la tragédie palestinienne, je dis : oui, Israël possède aujourd’hui un ennemi radical, et cet ennemi, c’est… Israël ! Car aimer les Juifs m’oblige à haïr ce qui les prive d’être eux-mêmes, ce qui les fait se renier dans la chair de leur Histoire, ce qui les conduit à trahir la longue suite de prophètes et de philosophes dont leur génie reste pétri. Aujourd’hui mes Juifs, conduits par des bergers fallacieux, trouvent des raisons d’assassiner le peuple sur les terres duquel ils sont implantés, j’entends le peuple de Palestine. Alors je me sens le droit de haïr, d’exécrer, d’abominer ces faux prophètes et les oracles par lesquels ils conduisent leur peuple à l’abîme…
La critique
Le petit essai de Jean-Pierre Millecam intitulé Palestine ! est publié par les Editions El Manar. C’est un vibrant plaidoyer inspiré par une certitude monolithique en faveur du peuple palestinien. Après s’être battu pour l’indépendance de l’Algérie et avoir séjourné longtemps au Maroc, l’auteur avait développé et entretenu des liens affectifs très forts avec ces pays : « J’ai vécu dans l’ombre, dans la lumière des peuples d’Algérie, des peuples du Maroc, au point que, dans certaines circonstances, j’ai pu croire que le même sang coulait dans nos veines. » (p.8) Aujourd’hui, en tant que romancier et essayiste, témoin de son temps, il réagit à un état de fait qui le préoccupe au plus haut degré : « Jetant un regard douloureux sur la tragédie palestinienne, je dis, : oui, Israël possède aujourd’hui un ennemi radical, et cet ennemi c’est…Israël ! Car aimer les Juifs m’oblige à haïr ce qui les prive d’être eux-mêmes, ce qui les fait renier dans la chair de leur Histoire, ce qui les conduit à trahir la longue suite de prophètes et de philosophes dont leur génie reste pétri.» (p.8) Rafik Darragi |