Description
Si passe au milieu du printemps • une beauté
en hâte • malgré ce qu’en disent les livres
& l’âge • comment • pour ne l’étreindre pas
n’avoir l’âme obscurcie • un grand ciel vert
entre les arbres noirs • fuit • déjà est passée
à bicyclette • la beauté
Gérard Cartier a longtemps été ingénieur sur de grands projets d’infrastructures (tunnel sous la manche & projet Lyon-Turin). Poète (prix Tristan-Tzara, Max-Jacob, Grand Prix de poésie de la SGDL), dont récemment Le voyage intérieur (Flammarion, 2023) et Le roman de Mara (Tarabuste, 2024). Auteur de récits, dont L’Oca nera et Ex machina (La Thébaïde, 2019 et 2022).
Joël Leick est artiste peintre, photographe, poète, éditeur de livres d’artiste… Il est l’auteur d’une œuvre multiple et variée, et collabore souvent – et avec bonheur – avec des écrivains et des poètes.
Ce – ces – poème(s), l’auteur le – les – présente(nt) ainsi : « Un triptyque dont les volets latéraux sont inspirés l’un de L’Art d’aimer, l’autre des Remèdes à l’amour d’Ovide, encadrant une série de poèmes fugitifs : Les amours de Loris. Ceux-ci forment la “partie du dessous” d’un échange amoureux, dont la partie du dessus (Les amours d’Ornel) est laissée à l’imagination du lecteur. / Les adaptations d’Ovide sont extrêmement libres. Elles jouent sur les faux sens suggérés par la vieille langue et sont parfois fortement extrapolées. / Des extraits ont été publiés en revues sous le nom d’Ornel Colomb, le narrateur de L’Oca nera (La Thébaïde, 2019 [En aparté. Cela contribuera-t-il à renforcer le processus d’identification personnage /auteur ?] ; les impromptus des Amours de Lorissont nés dans le temps et les circonstances du roman. Ils sont voués à Livia, son héroïne – ou à la Loris qu’on voudra. » Jouant discrètement avec la typographie et la mise en page, afin de marquer différents modes de respiration, et ainsi renforcer le souffle (épique ?) qui l’anime, ces « poèmes fugitifs » se déploient tout au long de deux fois quatre saisons, à commencer par Printemps (recadrage à partir du « manuscrit ») :

On notera que les première et troisième parties (qui rejouent Ovide) sont en 11 poèmes, et la deuxième en 9 séquences – soit : 11 + 9 + 11 : 31. Ce qui s’accorde bien à cet ouvrage sensiblement archaïsant mais cependant en recherche, comme en témoignent ces fragments d’Hiver (le second) :
« Je ne veux pas Lune sage apprendre
ce que l’âge dit être la vérité
le vent d’hiver & la cendre Mais bénir
le ciel du matin rose & gris qui s’épanche
& les collines rondes qui se déplient
Comme une femme amoureuse ouvrant
son genou… »
[…]
« C’est un chant très ancien Louer soleil & lune
la terre ici & là Les eaux bénir Le proche
& le lointain La Ville exalter en tumulte
à l’égal de la chambre d’amour Un chant
qui chasse tout remords Laudato sie…
& après ce qui fut notre joie
la vie versatile Dont tromper l’absence. »