Description
« Wallada est venue de loin accoucher les femmes de leurs désirs oubliés. Maïeuticienne envoyée par la pleine lune, elle a arpenté les rues blanchies par l’insomnie des femmes mûres. Elle murmure à leurs oreilles le cri cristallin des amours clandestines. De ses mains, elle écarte les feuillages sauvages qui dissimulent la source qui murmure .
Wallada chante la rage des années taciturnes, les années voilées qui ne font que passer les yeux mi-clos. Elle chante le réveil matinal d’une amante déchue de ses biens, elle regarde son corps compagnon tantôt complaisant, tantôt récalcitrant et lui rappelle les souvenirs de ses amants. Celui-ci, préférant aux amours éternelles, celles qui durent une saison, lui confie que les corps incandescents reviennent car leurs odeurs font renaître le désir, l’amante humant son corps à la recherche des mémoires passées.
Le chant de Wallada a couvert l’Espagne terre de braise, où la lumière matinale épouse le déclin vespéral de chaque attente. Chaque jour se fait attente et chaque attente se fait rage de nuit.
Elle nous revient avec sa danse des amours plurielles. Elle ne fait que passer dans les rues blanches, méandres fragmentés d’amnésie.
Wallada est une ombre gracile qui passe, une ombre impatiente qui devance les envies des captives consenties. Elle n’a pas de maison, mais avide de sa saison, détient toutes les clés de l’effraction. Elle reconnaît les amours chassées à leurs odeurs . Pénélope voyageuse, Wallada a ensorcelé le djin de la demeure.
Cett guerrière de la dernière croisade du Levant ose menacer d’une colombe. Elle ravit ses amants, chante l’éphémère aux princes maures énivrés de beauté et croyants de l’étermité ; elle est venue leur chanter les amours d’une saison : celle du soupir solitaire mélangé au souffle chaud.. .celle de la nuit donnant déjà la main au matin indiscret.
Ecoutez son chant, il vole d’un arbre à l’autre . Alors Maram, ouvre tes ailes, oiseau migrateur, vole Maram, vole ! Montre nous l’azur caressé par la brise des corps salés de plaisir.. »
Nabiha
La critique
Ecoutez la chronique de Radio-Orient consacrée par Djilali Bencheikh au Retour de Wallada : http://www.radioorient.com/docs/audio/Au_Fil_Des_Pages_29052010.mp3
Maram al-Masri : Le retour de Wallada (Al Manar, 2010) Dessins de Sébastien Pignon
Maram al Masri, dans son dernier livre de poésie (avec de beaux dessins de Sébastien Pignon), s’identifie à la poète et princesse Wallada qui reviendrait parmi nous. Comment le poème pourrait-il et puis le bonheur de la nature, la volupté de l’amour, même défait, Si tu ne viens pas la force infinie de la vie : Notre cœur est la fenêtre par où passe la liberté Comme dans ses précédents livres, Maram dit la douleur de l’existence et sa douceur aussi. Pas de résignation. Pas d’amertume paralysante. Je reviens Je chante et je danse ( p. 20) |