Femme de Djha (La)

A partir de 18


Vingt exemplaires tirés à part, typographiés sur Vélin d’Arches, et reprenant quelues-uns des contes rassemblés dans l’édition courante ; chacun, rehaussé de peintures originales de Sébastien Pignon ;

quatre exemplaires de chapelle ;

1500 exemplaires sur Arcoprint Edizioni.

Dans l’espace méditerranéen et le monde arabo-musulman, il est un personnage hautement facétieux, multiple, sans cesse raconté aux couleurs locales. on le nomme Djha en Algérie ! Pour autant, derrière les innombrables anecdotes que l’humour populaire a retenues de ce rusé parfois ingénu, il y a une femme, sa femme, Mart- Djha. Son double féminin. c’est elle l’objet de ce recueil qui se propose de la restituer telle son ombre tutélaire dans une société où il était de bon ton de demeurer dans le registre strict de règles non écrites, où la bienséance s’alimente aux sources de la bigoterie la plus étouffante.

Nora Aceval

Djha reconnaît l’intelligence singulière de sa femme, sa perspicacité, son inventivité. ils sont solidaires, complices dans la transgression des règles sociales, des conventions et même des rites religieux. l’un et l’autre jouent de l’inversion des rôles masculin, féminin.
« elle commande à Dieu et au Diable. »

Leïla Sebbar

L’édition de luxe de La femme de Djha est au format 28 x 20 cm, typoghraphiée au plomb sur BFK Rives, sous emboitage orné par l’artiste. Chacun de ces 30 exemplaires est rehaussé de six dessins à l’encre de Chine ; les 6 premiers exemplaires comprennent, de plus, une peinture originale de Sébastien Pignon en double page.

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Description

Albert Bensoussan :
La sagesse de Mart-Djha

Dans la famille Djha je demande la femme – l’épouse de Si-Djha, qu’on appelle évidemment « la femme de Djha », en arabe Mart-Djha. Dont Nora Aceval, la studieuse fabuliste, délivre enfin le visage dans son dernier livre : La femme de Djha plus rusée que le diable ! (éditions Al Manar Alain Gorius, 2013, 124p., 18€), avec de belles – ou coquines – illustrations à la plume de Sébastien Pignon et une préface éclairante de Leïla Sebbar. L’auteure qui nous avait déjà donné ses Contes libertins du Maghreb, nous chatouille à nouveau avec la parole licencieuse, ou disons tout bonnement libre, ou mieux encore libérée, d’une femme qui dit tout haut ce que l’on pense tout bas et n’hésite devant aucune audace – à faire rougir le dernier des imams. Il s’agit d’une audace qui frise le sacrilège et chacun l’entendra comme il voudra. Qu’elle exhibe – par ruse – son sexe à son futur mari, ou qu’elle l’excite – ou l’incite au mariage – en lui faisant admirer la croupe avantageuse des lavandières. Et quand elle lui promet la porte du paradis, on imagine bien quelle en est l’entrée. « En Algérie, écrit Nora Aceval, chacun est initié à cette tournure d’esprit liée à la culture arabo-musulmane », mais c’est pour préciser aussitôt « je dirai même judéo-arabo-musulmane. Djha fait partie du répertoire des contes juifs d’Algérie ». J’ai moi-même, tout récemment, trempé ma plume dans ce réservoir de la sagesse judéo-maghrébine. Et j’en ai assez raconté, de ces histoires que mon grand-père Si-Mesrod colportait au village de Remchi, à quelques encablures de Tlemcen, et qui rejoignent celles-là mêmes qu’entendait Nora sur le haut plateau de Tiaret. Ce qui caractérise l’époux aussi bien que l’épouse, Mart-Djha autant que Si-Djha, c’est ce lien réversible entre idiotie et ruse, l’un n’allant pas sans l’autre, et chacun tentant de posséder l’autre. Ainsi lorsque Mart-Djha demande à son mari pourquoi ils ne pourront jamais divorcer, celui-ci lui répond : « Parce que l’amour meurt, et que la bêtise est éternelle ! »

Bien entendu, l’une des histoires rapportées par Nora Aceval, je l’avais déjà entendue des lèvres de mon père, quoiqu’avec un autre décor ou mobilier. Aussi je la rapporte telle que je l’ai reçue. L’homme et sa femme sont assis le soir et, en pleine digestion de leur couscous, aucun des deux n’a envie de se relever pour aller fermer la porte de leur mechta. Alors un pacte intervient entre les époux : le premier de nous deux qui ouvrira la bouche, il ira la fermer (la porte). Et les voilà tout aussitôt murés dans le silence. Passe un mendiant et sa mélopée : Ya Ahamoueldek ! – que Nora traduit en français : « Au nom de Dieu, l’aumône ». Mais comme nul ne répond et la porte est ouverte, le mendiant entre et s’enhardit même à tremper le doigt dans ce qui reste de couscous. Et comme les deux ne disent rien, il vide tout le contenu de la kesra. Et glapit, d’une voix plus assurée : Ya Ahamoueldek ! Zéro réponse. Le gueux avise les couvertures roulées dans le coin de la chambre, et sous les yeux médusés et les bouches muettes des comparses, il s’en empare. Puis avise la vaisselle : adieu la kesra. Et tous les couverts, et tout le linge de maison. Ce mendiant devient furieusement chapardeur, il emporte tout, le gueux, tout ce que contient la maison, et les deux époux restent toujours assis, plus muets que des tombes. Et le mendiant passe son chemin en éructant, goguenard : Ya ahamoueldek ! Alors la femme, de guerre lasse, laisse s’épancher son chagrin : Bou-bou ! se lamente-t-elle. Tu as parlé la première, rugit son mari, c’est à toi de fermer la porte ! Alors la femme, plus désespérée que jamais : Bou-bou, à quoi bon la fermer, y’a plus rien à voler ! Mais Nora trouve le mot de la fin : « Celui qui a une queue de paille ne doit pas sauter par-dessus le feu ! » Chacun l’entendra comme il voudra, et c’est la règle et le charme de ces historiettes. Chacun y trouvera son compte – pardon, son conte !

Albert Bensoussan
Blog terredisrael.com

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

978-2-36426-022-1

parution

,

Auteur

ACEVAL Nora

Artiste

PIGNON Sébastien

Collection

Contes, récits & nouvelles