Description
(…)
Où vont-ils, vers quel là-bas ?
Mon cœur égaré se le demande avec chagrin
J’ai déchiqueté l’amour et lui non plus, je ne sais où il va
Il a étendu ses ailes pour s’envoler au loin
Je sens comme un étau chauffé à blanc dans ma poitrine
Les rails se moquent bien de ma trahison
Amis, n’ayez pitié de moi malgré mon spleen
Je verse mes larmes trop tard pour que naisse la compassion
(…)
La critique
Emmanuel Moses, Ivresse
éditions Al Manar, Collection Poésie, 2016.
Dessins de Rachel Moses-Klapisch.
Lecture de Gérard Cartier
EN BOTTES DE SEPT LIEUES
S’il s’abandonne parfois à la gravité, pour se souvenir (ainsi, à propos de l’étoile jaune : « …je suis un fils de cette faune / Promise à l’infini chagrin ») ou s’indigner – l’Histoire, comme on le sait, assez souvent bégaye –, si l’âge qui s’insinue donne à certains vers une tonalité mélancolique, très vite sa fantaisie le reprend et, avec elle, le désir du monde. La plupart de ces pages semblent écrites dans la vitesse et la jubilation (l’ivresse ?), sans trop s’embarrasser de perfection formelle, tablant plutôt sur la liberté, l’imagination ou la spontanéité de l’enfance (« Groseilles, l’enfance n’a fui qu’en apparence… »), dans un jeu permanent entre feinte et vérité qui redouble le jeu des rimes.
Collectionneur de rebuffades, dégringolades et débandades.
Gérard Cartier
D.R. Gérard Cartier
pour Terres de femmes