Douceur du cerf

A partir de 15


20 exemplaires en forme de leporello 20 x (15 x 3) cm

imprimés sur BFK Rives
chacun étant rehaussé d’un dessin original par Diane de Bournazel

1000 exemplaires illustrés en quadrichromie par Diane de Bournazel

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Description

Le livre

En marge des grands textes qui ont accompagné toute sa vie, Jean Giono a écrit de petites proses qu’il comparait à des sortes de dessins et qu’il appelait « images de plume ».
La douceur du cerf est ainsi composée de toutes petites « images de plumes », dessinées en marges de mes longues lectures de Giono.
C’est en petite fille de marin que j’ai voulu l’aborder et tisser à ses histoires, celles de mes chers disparus.

M.H.

Au bout d’une rue j’entends un grelot de rires
qu’un homme à cheval fait tinter derrière lui
à toute allure.
Il déchire notre chemin d’un trait de lumière
et disparaît.
C’est Angelo je le reconnais murmure grand-père à mon oreille.


La critique

Douceur du cerf
par : Alain-Jacques Lacot / Recours au poème

Marie Huot, bien que remarquée par le Prix Jean Follain et le Prix Max Jacob, poursuit son œuvre dans la discrétion. Comme Jean Giono avait écrit Naissance de l’Odyssée, c’est, d’une certaine manière un « retour à Ithaque », à la rencontre d’un grand-père marin mythifié qu’elle nous invite, mais le propos est double, puisqu’en fait, de poème en poème, c’est sur l’océan de l’imaginaire de Jean Giono qu’elle nous entraine.
En trente-deux escales, c’est tout l’univers poétique de Jean Giono qui apparaît dans la brume, puisque on y croise Antonio et Clara du Chant du monde ( Si une tempête arrache quelques pages/ Antonio et Clara/ un instant boiront la tasse… , Bobi de Que ma joie demeure ( La nuit on lui voit une foudre entre les épaules..) des cavaliers qui sont forcément ceux de l’orage et quelques autres personnages de Giono dont je laisse au lecteur le plaisir de les rencontrer, comme celui-ci :

J’ai oublié le nom du joueur de cartes Il l’a fait glisser par-dessus bord Il a une façon si magique d’agiter ses mains on croit que ses doigts plantent des graines dans le ciel .

Si ma mémoire est bonne, il arpentait Les grands chemins à la poursuite d’un horizon sans plafond…
Cet exercice de style, car c’en est un, aurait pu être fait de redondances ou pire de commentaires, de manière besogneuse. C’est tout l’inverse. C’est plus à une œuvre de distillation que s’est attachée Marie Huot. Se servant de l’univers de Giono comme matière première, elle l’a fait passer aux trois étapes du grand œuvre alchimique, le ramenant aux cendres de l’œuvre au noir pour le faire passer à l’incandescence de l’œuvre au rouge.
Quant au cerf dont Marie Huot fait l’éloge de sa douceur, c’est, bien sûr, celui qui court librement sur les plateaux de Que ma joie demeure et dont la seule présence charnelle au monde signe la joie d’être :

être est fragile être tremble sous la peau des biches être s’amenuise mais sur être on peut construire une joie.

A moins que ce ne soit, plus inconsciemment peut-être, celui de ce long poème de Jean Giono, Le cœur-cerf.
J’avais déjà eu l’occasion de dire le caractère enchanteur de l’écriture de Marie Huot, à l’occasion de la sortie de son précédent recueil Une histoire de bouche chez le même éditeur, Alain Gorius, dont il faut souligner l’exigence tant sur le fond que sur la forme de ses publications. Ce caractère enchanteur est renforcé par le travail de Diane de Bournazel qui a, comme on le fait au henné dans la main des femmes de l’autre côté de la Méditerranée, tatoué dans les lignes de vie de Marie Huot l’imaginaire de Giono.
Je ne sais, si, comme l’écrit Marie Huot son grand-père a emporté avec lui un peu de sa joie d’être, mais, avec la complicité de Diane de Bournazel et d’Alain Gorius, elle nous a rendu quelques graines de joie ; comme Jean Giono le fait dire au professeur d’espérance qu’est Bobi, « ma joie ne demeurera que si elle est la joie de tous », aussi, permettez-moi de partager avec vous la joie que m’a procurée cette lecture .

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ÉCRIRE DANS L’AMITIÉ DES LIVRES. DOUCEUR DU CERF DE MARIE HUOT.

DOUCEUR DU CERF. Ecrire dans les marges d’une œuvre, comme se l’est proposé Marie Huot dans Douceur du cerf, est une entreprise risquée. A fortiori si cette œuvre présente l’ampleur écrasante et la diversité de celle d’un romancier comme Jean Giono qui, de Colline, son premier roman publié, à l’Iris de Suse, son dernier, voire à Dragoon qu’il a laissé inachevé, a multiplié les personnages, les formes, les perspectives et même les époques, à travers une écriture qu’il a voulu jusqu’au bout en permanente invention.

On s’émerveillera donc de voir les 32 courts poèmes de Marie Huot s’aventurer dans une telle entreprise. D’autant qu’elle y conjugue la volonté de « tisser » aux histoires du formidable romancier celles de ses « chers disparus », notamment un grand-père marin dont la mort survenue un jour tout apprêté pour la joie fut pour l’image que l’auteur se faisait du bonheur, une véritable catastrophe.

Heureusement, Douceur du cerf ne se confronte pas à l’œuvre de Jean Giono. Dont elle ne se veut pas non plus le commentaire. Lectrice admirative et sensible, profondément nourrie par l’univers extraordinaire de l’écrivain, Marie Huot n’écrit que dans la lumière de son œuvre, dans le prolongement amical de son rayonnement, se référant certes à toute une série de personnages ou d’épisodes que les lecteurs eux-mêmes éclairés reconnaîtront en partie mais dont tous ceux qui n’en sont pas familiers ressentiront sans difficulté, je pense, le pouvoir de suggestion.

En fait, le « navire gros-ventre » à bord duquel Marie Huot nous embarque « vers un port qui n’a pas de nom » mais possède cependant, comme notre existence, « une oscillante réalité », est une arche. Une arche qui, comme l’écrit Giono lui-même en prologue à son Noé, n’a « aucune mesure matérielle ». Car elle est celle du coeur. Un coeur, mais dirons-nous aussi, une mémoire, suffisamment ouverts pour y faire entrer et y conserver en vie « toute chair de ce qui est au monde ».

Ce monde qu’accueillent ainsi les poèmes de Douceur du cerf est, chacun l’aura bien compris, moins le monde des réalités immédiates et faussement tangibles que le monde étonnant, profondément animé, vivant, qu’a pu réveiller voire même susciter dans le cœur même de l’auteur, l’œuvre de Giono. Et les vraies richesses que ce dernier a pu célébrer, l’exaltation de la nature, l’ouverture des sentiments qu’elle procure, tout comme la lumière fabuleuse de la raie géante du Poids du ciel et de Fragments d’un Paradis, les mains magiques de l’Artiste des Grands chemins, pour ne rien dire des caractères merveilleux qui parcourent le plateau de Que ma joie demeure, y ont autant d’existence que le grand-père qui, tout au long du beau commerce d’images qu’entretient le livre avec son lecteur, veille sur sa petite fille à bord de son sous-marin.

« On ne sait pas très bien comment tout cela tient ensemble », sinon que les diverses apparitions qui ponctuent et traversent, comme celle finale d’Angelo, la scène de la plupart des poèmes, composent au final une sorte de fête. Fête de l’être. Qui est aussi mémoire. Jouissance rassemblée des livres et de la vie. Par laquelle le petit grand monde intérieur de cette lectrice qu’est Marie Huot se plie et se déplie, ou plutôt s’ouvre et se ferme devant nous comme on fait d’un jeu de cartes – il y en a précisément 32 – , pour mieux se conjuguer à ses propres réalités. Son propre manque. Ses intimes questionnements.

Cela fait aussi comme un « théâtre de poche », une croisière intérieure et lumineuse. Qui laisse le dernier mot à la nuit, quand même. Afin que chacun – paysages, animaux, personnages, grand-père revenu, auteur, lecteurs et jusqu’au grand Giono lui-même – puisse regagner son territoire propre.

Avec tout son vivant. Son vivant agrandi. À bon port parvenu.

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

978-2-36426-024-5

parution

Auteur

HUOT Marie

Artiste

BOURNAZEL Diane de

Collection

Poésie