Description
C’est souvent que lutin rime avec dimanche.
La saison des pommes fait pousser le thym.
Il grogne sous le cerisier.
Sa langue de bœuf lèche le nez des gnomes
qui se roulent dans le sainfoin.
C’est le jour échelle pour la belle,
le jour de mirabelle,
et l’admirable jour des jours sans fin.
C’est lundi et Diane peint.
La critique
Anne-Marie Beeckman et Diane de Bournazel : « Diane et les tiges de ciel »
Dans une collection, qui associe poèmes et belles illustrations, paraît « Diane et les tiges du ciel » : des poèmes d’Anne-Marie et les somptueuses peintures de Diane. L’association nous vaut de vrais voyages en orient profond, dans le tissage des langues inventives, des contes style « Les Mille et une nuits » , un véritable travail de jumelles créatives, qui tirent parti de leur collaboration pour exercer une vraie fascination auprès du lecteur, par le feu des inventions langagières et des ornementations picturales, couleurs, feux d’imagination, magie d’une véritable poésie.
Cette édition – papier fort, pages entières de couleurs riches, soin extrême de la présentation – honore la poésie et en matière d’inventive poésie, le lecteur est servi : feu d’artifice d’images, de néologismes, de récriture d’expressions idiomatiques et proverbes, calembours, contrepèteries de haut vol, tant la fluidité créative semble aller de soi :
4
Noir a laissé son loup sur la blancheur des nacres.
Amour brise ses éperons aux flancs des filles.
Univers de contes, de comptines et de métamorphoses – dignes de nos contes d’enfance -, « Diane et les tiges du ciel » explore toutes les potentialités d’une langue qui crée ses propres codes :
9
Comme ça foisonne dans les paniers !
On est content que le bât blesse.
La réécriture de phrases-types et d’expressions joue ici un rôle moteur pour l’entame de chaque poème :
6
Diane, quelquefois, se pique à son rouet.
Elle dort cent ans dans toutes les chambres.
Que dire, d’une « petite fille aux amulettes » ou de « Diane met les bouchées doubles à la reine », dignes de Devos ou d’un Prévert survolté ?
Les trouvailles sont à l’aune des splendides illustrations :
Le pourquoi des enfants curieux offre par exemple :
23
Pourquoi les chansons viennent-elles aux lèvres ?
Pourquoi le limaçon ?
Quand nous poussent-ils des ailes ?
Pourquoi les feuilles ont-elles deux faces ?
La vraie poésie affleure partout, au-delà des jeux de mots, des calembredaines :
18
La lune prend son bain de lune.
Ses seins tiédissent doucement.
Un beau livre, fécond et partageable.
(Anne-Marie Beeckman et Diane de Bournazel : « Diane et les tiges de ciel », Al Manar, 2014, 48p., 20€.)
Notes critiques
Lectures de Philippe Leuckx, revue « Texture », 2015