De ciel et d’ombre

A partir de 16


Livre typographié au format 21 x 15 cm sur Bouffant édition,
tirage de tête sur Rives d’Arches 160 gr

Couverture et frontispice peints par Julius Baltazar ; 7 encres pleines pages iintérieures
rehaussées au crayon Arlequin dans les ex. de tête.

800 exemplaires sur Bouffant édition ;
les 24 premiers sur Rives d’Arches,
numérotés, rehaussés de deux peintures originales
de Julius Baltazar et signés
par l’auteur et par l’artiste.

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Description

Parfois il arrive que les jours
sont comme les branches mortes
d’un arbre éternel
alors que ton visage ancien
s’anime dans la défaite.

Ce qui vient
après
par la voie du souffle

est l’oiseau d’une seule note
et la nuit coule dans tes veines
heureuse
paisiblement…


La critique

« De ciel et d’ombre »
UNE LECTURE DE MAX ALHAU

Dans son recueil « De ciel et d’ombre », Lionel Ray se livre à une quête parfois douloureuse au cours de laquelle la mémoire traque le passé, impitoyable, une mémoire qui reflète le tragique de toute destinée vouée au temps.L’univers de Lionel Ray ne se départit jamais de celui que nous connaissons, que nous fréquentons et l’écriture, précise, somptueuse, donne à chacun de ses poèmes son éclat particulier.
Avec « De ciel et d’ombre », c’est à la fois le poème et la vie qui sont associés : « Rien ne ressemble plus à ma vie que le poème/ Il connaît l’impossibilité d’être seul », écrit Lionel Ray. De fait on comprend que les mots sont comme le double du poète, son reflet et sa proximité : « Chaque mot / qui te ressemble / fait écho à ta vie, / miroir qui appelle / patient vigile / et retient l’image. »
Dès lors Lionel Ray se livre à une quête parfois douloureuse au cours de laquelle la mémoire traque le passé, impitoyable, une mémoire qui reflète le tragique de toute destinée vouée au temps : « Infiniment les cendres les décombres les ruines, / Ainsi se construit la mémoire ». Aussi est-ce souvent vers le passé que se tourne Lionel Ray, un passé où affleure la mélancolie, le sentiment d’une période hors de portée mais magnifiée par le verbe et qui retrouve toute sa fraîcheur, sa légèreté. Il suffit en effet de quelques mots pour redonner vie à ce temps : « On osait rire parmi les framboisiers / cueillir des mauves entre les pierres / remonter le temps en friche / jusqu’à la nourrice obscure des joies. »
A ce tableau léger, à ces moments de bonheur ou de bien-être succède le constat d’un présent assombri : « on est entré dans la pâleur frileuse / le jour avance maintenant / dans l’immobile voyage et l’aveuglement des morts. » C’est bien le présent qui s’impose désormais dans sa dureté, sa fragilité et Lionel Ray porte sur lui un regard lucide qui se veut parfois rassurant, paisible : « Aucune ombre / ne fait écran / tu es proche de toi / cherchant où / placer la voix… » Car le temps est l’ennemi qui nous guette à tout instant et dont l’avancée consacre la défaite de toute existence.
Dès lors l’écriture balise ce champ infini avec pudeur et délicatesse mais tout en mettant en relief ce parcours inexorable vers l’absence : « Le temps est un désert dans la nuit de chaque jour / Dans les miroirs où tout s’efface / Cette buée de note souffle / Et, si peu visibles, nos traces… » et dans un long poème en prose intitulé « Le temps. » Lionel Ray traque celui-ci avec force, en définit les pouvoirs sans que jamais l’écriture ne s’enlise dans une plate réalité : toujours la justesse des mots, leur pouvoir l’emportent sur une sombre réalité : « Et il y a du temps encore / au large des saisons et toujours / le Temps qui nous consume / et ne cesse pas. » Qu’il suffise alors pour rendre le voyage plus léger de s’en remettre aux mots, calque de la vie, double éphémère comme elle et à qui Lionel Ray a donné droit d’asile : « Les mots sont pensés / comme on les prononce, / c’est un métier / comme de vivre / au plus près de soi. »
Ce métier, Lionel Ray l’assume depuis longtemps et ce livre comme les précédents en témoigne avec ferveur.

Max Alhau, in Textures, décembre 2014
http://revue-texture.fr

 

Lionel Ray, De ciel et d’ombre

par V. Motard-Avargues

Le poète se place devant le poème, le questionne, attend des réponses sur ce qui est autour de lui, l’alentour de l’homme, la géographie de l’être humain… et le dialogue se noue.

« Le monde est mon lieu, dit le poème »

Mais si le monde appartient au poème, quand donc est la place de l’homme, sa vie, sa mort ? et quand se situe le poème, de fait ?

« En moi, dit encore le poème / Il n’y a nulle différence entre la vie et la mort »

L’homme, le poète, se situe entre la vie et la mort, lui, à expérimenter ce qui s’écrira de l’une, de l’autre ; comme un chant intuitif qui trouvera du sens au fur et à mesure des tâtonnements de la langue, ou, plus simplement, une voix qui se posera le temps sur de l’encre, voire, parfois, un cri qui résonnera avec cent échos de lettres. L’homme peut crier, et le poème ?

« Je demeure dit enfin le poème / Au plus fort du silence »

Mais le silence du poème… est-ce la fin de tout ? le vide ? le creux ? ou la sécheresse après l’ivresse ? l’aridité après les larmes ?

« Ce n’est pas un miroir pour jeune fille, / Ni un alcool pour un soir de fête / Mais une prose qui ne connaît ni la pause ni la victoire »

Si l’homme ne s’arrête, même un instant, ni ne croit pouvoir chanter la victoire de ses combats ? Les mots peuvent sembler vains, comme des secousses pachydermiques qui disparaissent après le passage du troupeau.

« Les mots ne sont rien que dentelle obscure / Et nos pas sont lourds quelques fois »

Les mots ne vivraient-ils que tels des objets prétentieux, sciemment opaques, abscons pour le plaisir ; sans jamais chercher à signifier ? ou du moins, sans ne faire que dire l’évidence de la chose matérielle, pas le doute de la chose spirituelle ?

« On peut aller jusqu’au bout du mot sommeil, au bout du mot fenêtre ou du mot regard mais il est impossible / d’aller au bout du mot temps parce que à l’intérieur du mot temps il y a l’éternité »

Le mot dépasse le poète, le mot dépasse le poème ? Va au delà du vivre ? Est plus que la vie ?

« Chaque mot / qui te ressemble / fait écho / à ta vie »

Il n’est question que de passé(s), d’instants abandonnés ou presque, de voix laissées de côté, dont la trace n’est que la souvenance du temps de vivre ? Jamais question d’un avenir, dans le poème ?

« Ce qui s’efface en toi / bientôt / te ressemblera »

Le poème se tient à la lisière des ans, peut se dire le poète ; il faut vivre, pour savoir que l’on a vécu ; il faut écrire pour savoir que l’on a vécu ?

« Cette mèche de cheveux gris / ah cette rouille des phrases ! / cheveux flambés et cheveux cendre / mémoire qui s’éparpille / ces teintes de fin novembre. »

Pas d’âge, pas de vécu, mais cette intensité du moment ; voilà à quoi le poème s’accroche ? à ce que le poète sait couler de son sang, ce qui s’écoule mais ne peut sortir, ne fait qu’être vu, à peine, loin de l’éphémère de la parole ? comme de la précarité du chant du jour ?

« Les mots sont comme la main / ils se ferment ils s’ouvrent . mais quelques fois gorgés de vent / on les perd en chemin. »

Le poète perd le poème à peine l’a-t-il écrit… une brise entre les tempes, une pensée banale, une vue commune… le poète n’est pas l’auteur du poème, mais son lecteur, parmi tant d’autres – anonyme ouvrier sans métier ?

« Les mots sont pensés / comme on les prononce, / c’est un métier / comme de vivre / au plus près de soi. »

Au plus près de lui, le poète est le poème qui est le lecteur. Pas de réponse, que des questions.

Vincent Motard Avargues, Recours au poème, 3/01/2015

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MAI 29, 2015
Lionel Ray : De ciel et d’ombre

PAR CHRISTIAN TRAVAUX

En moi, dit le poème, est cet horizon du langage qui fait seuil, qui fait miroir. En moi l’ombre des mots où se lit le visage ancien, le fil des jours, où tout est poudre et vacillement. En moi est le silence, désormais, écrit Lionel Ray. De ciel et d’ombre, où – en trois sections inégales – le poète de Syllabes de sable poursuit son trajet d’écriture : qui est-on ? Qu’est-on dans le jeu du langage, face à la page ? Qu’est-ce qu’écrire, s’épuiser à dire, quand le temps file et nous avale ? Qu’est-on, enfin, quand la courbe des jours s’avance et se présente sur sa fin ?

Ce ne sont que ruines, infiniment cendres et décombres, qu’il faut dire, qu’il faut trier pour y retrouver son visage. Ce n’est que rouille, désormais, rêves où rien ne tient. Le temps, de sa présence noire, nous menace, nous fragilise. Et nous, nous errants passagers, comme le dit Lionel Ray, nous interrogeons vainement l’écriture comme un miroir.
Le ton, par rapport aux recueils antérieurs, s’est assombri. La voix est plus frêle, et tâtonne, laissant dans la page apparaître des trous d’encre, des bancs de mots. L’heure est au bilan d’une vie, où tout ce qui est à venir n’est plus que du temps qui s’en va. Les choses dorment, tandis que nous quittons la place. Et c’est alors – dit Lionel Ray – qu’il faut entrer dans la spirale de l’obscur, du froid, du sombre, qu’il faut réunir ses visages, tous ses visages, un à un essaimés jadis ; alors s’apercevoir que tout passe, tout se dilue, rien ne reste que quelques traces – rien qu’une image, à peine une image de nous – que nous égarons derrière nous.

De ciel et d’ombre est ainsi ce dernier recueil, obscur et sombre, où se disent – au déclin de l’âge – les ténébreuses fêtes solaires de celui qui quitte la vie. Mais une voix s’entend pourtant, dans des textes de plus en plus ténus, s’écrivant en vers courts. Et ce sont, sans doute, les plus beaux, « Langage est horizon », ou « Au miroir des mots », là où le poète abandonne la recherche, le questionnement, pour une confession des plus pures. Des plus touchantes.

CCCP 30-2, mai 2015

On consultera avec profit la belle étude consacrée par François-Michel Durazzo à De ciel et d’ombre, sur Academia.edu :

http://www.academia.edu/10349775/Lionel_Ray_entre_ombre_et_lumi%C3%A8re

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

parution

Auteur

RAY Lionel

Artiste

BALTAZAR Julius

Collection

Poésie