Contes libertins du Maghreb

A partir de 18


25 exemplaires de tête typographiés sur Vélin d’Arches
rehaussés de peintures par Sébastien Pignon

3000 exemplaires sur Arcoprint Edizioni ; nouvelle édition (2017) sur Bouffant.

Préface de Leïla Sebbar.

Ces contes licencieux, rassemblés et traduits de l’arabe (Algérie) par Nora Aceval, ont la saveur d’une culture authentiquement populaire ; leur parole est subtile, et dit plus qu’elle ne dit : sous la grivoiserie émerge une critique sociale n’épargnant ni l’ordre politique, ni l’ordre religieux.

« On s’étonne, on rit, on s’amuse de la verve licencieuse de ces contes des Hauts-Plateaux. Un plaisir ». Leïla Sebbar

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Description

A propos des Contes libertins du Maghreb

Rien ne me fait plus plaisir que de découvrir par hasard une exposition ou un bouquin qui me « délivre, de façon illusoire, de cette chose sordide qu’est le fait d’exister » (Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité). Pessoa poursuit joliment : « En art, il n’y a pas de désillusion, car l’illusion s’est vue admise dés le début. En art, il n’y a pas de réveil, car avec lui on ne dort pas – même si l’on rêve. »
Voici donc une belle découverte : un livre (…).
Le livre : Contes libertins du Maghreb, est une réjouissance d’autant plus vive qu’il narre avec finesse et simplicité les ruses élaborées par les femmes d’une région du monde d’où ne nous parviennent que peu d’échos : les hauts plateaux maghrébins. « De ces fables, la grivoiserie n’empêche pas une critique sociale qui n’épargne ni l’ordre politique ni l’ordre religieux. Témoin la chèvre qui a perdu sa virginité et qui recherche un mari. L’ironie est souvent cruelle… »
Ces contes, rassemblés et traduits par Nora Aceval, édités à l’initiative de Leïla Sebbar, ont une place de choix dans cette chronique sur l’art contemporain : un jeune artiste, Sébastien Pignon, y trace avec son habituelle verve incisive et humoureuse des dessins qui font de cet ouvrage un livre encore plus insolite. Peintre, il a su développer la belle qualité de pouvoir capter la vie avec une économie de moyens qui n’a rien à envier à sa vivacité.
Résultat : des dessins où une fougue spontanée lie la chair et l’esprit, jouant avec élégance entre réalité et suggestion, imaginaire et désir. Avec toujours beaucoup d’amour. De quoi? De la vie, de la femme, de la tension qui habite l’artiste aux prises avec ses forces les plus vives, les plus indomptables. Face aux dessins et aux peintures de Sébastien Pignon, quelques mots me viennent à l’esprit : tension, plaisir, jouissance, tendresse. Et toujours une once de causticité.

Simien Celicole
www.lesartistescontemporains.com


Entretien avec Nora Aceval, écrivaine, chercheur, conteuse

Le don et l’art de conter à l’ancienne…

Nora Aceval, Franco-algérienne, née en 1953 en Algérie, est une conteuse professionnelle qui vit à Creil dans l’Oise, en France. Sa passion pour ce métier lui vient de sa tribu maternelle, les Ouled Sidi Khaled, dans le sud-ouest de l’Algérie avec lesquels elle garde toujours des relations privilégiées. Elle est détentrice d’un grand patrimoine oral hérité depuis son enfance passée en Algérie. Titulaire d’une maîtrise en lettres modernes, chercheur, écrivaine, elle poursuit un travail de collectage de contes sur le terrain, plus particulièrement en Algérie. Elle conte, traduit, transcrit et écrit. Lors d’une tournée qu’elle a effectuée en novembre, en Algérie, nous avons eu l’occasion de discuter avec elle du conte et de ses projets d’avenir.


La Dépêche de Kabylie : Comment vous est venue cette passion pour le patrimoine oral algérien, particulièrement le conte ?
Nora Aceval : Eh bien ma passion pour le conte du terroir me vient d’abord de mon enfance que j’ai passée au Sud-Ouest algérien ! Toute jeune, j’écoutais religieusement les histoires magiques qui font vibrer mon âme et mon être. Une fois adulte, même en France, je n’ai pas quitté totalement, définitivement ma terre natale et ma culture d’origine. Grâce au conte justement, je retrouve le rôle de mes aïeules, qui était en moi latent. Irrésistiblement, je découvre le don et l’art de conter comme à l’ancienne. En quoi consiste justement ce rôle, c’est à dire conter ? Comme je l’ai dit, conter est d’abord une passion, un désir. Moi, je me place d’emblée dans la chaîne de la transmission de la culture orale, dans la tradition. Toutefois, dans notre époque moderne, je sors le conte de la sphère familiale, intimiste vers le monde externe. C’est ce que l’on appelle : « Conter en situation extra contextuelle. » Et comment est perçu justement ce métier en Europe particulièrement en France ? En Europe, la France comprise, conter est un métier de nos jours comme le théâtre. Comme j’ai choisi ce domaine par passion et par conviction, pour me motiver et réussir à conter comme dans la tradition à un auditoire que je découvre, je n’hésite pas à me ressourcer en écoutant de la musique, à convoquer les énergies fondamentales pour transmettre. Accessoirement, pourquoi ne pas allier plaisir et travail ? Je fais de ce proverbe chinois ma devise, mon credo :  » Pratiquez le métier que vous aimez, plus jamais vous ne travaillerez de votre vie « . C’est ce que je fais précisément. Pourquoi précisément le conte ? Parce qu’il véhicule des valeurs essentielles. Le conte est un excellent moyen de rapprocher les peuples et de casser beaucoup de préjugés à notre égard. Finalement, le conte est universel et facilite le contact avec l’autre. Je veux transmettre des versions pures, non édulcorées par l’écriture en choisissant le contact direct avec l’auditeur. Ce caractère spécifique de l’oralité qui favorise la communion entre le conteur et son public qu’il soit jeune ou adulte. Parfois certains contes ont une fin cruelle mais pas du tout morbide. Cela amuse paradoxalement beaucoup les auditeurs, adultes compris. Le conte a finalement une approche et une portée didactiques et structurées de façon très logique. L’envie de faire passer le message prime parfois sur le côté spectacle, ce qui m’encourage à raconter, même un conte tragique. J’aime particulièrement les histoires à énigmes ; aux formulettes versifiées dont regorge notre patrimoine oral.

Depuis quand avez-vous commencé ce travail sur le conte ? Mine de rien, j’ai commencé la collecte il y a 20 ans ! Mais c’est toujours un plaisir de découvrir de nouvelles versions. Je ne m’en lasse jamais. Je fais des tournées de collecte non systématiques ; ce sont des initiatives personnelles que je ne compte pas arrêter, bien au contraire…

Sur le plan personnel, qu’est-ce que le conte vous a apporté ? La patience, la ténacité dans le travail. L’humilité surtout. Puis enfin, le sentiment fraternel. Celui d’appartenir à une grande famille, celle de mes semblables humains. En étudiant les contes du Maghreb en général, j’ai été agréablement frappée par les similitudes qui existent entre tous ces contes populaires (Kabylie, Rif, Chaouia…). Finalement nous avons incontestablement un fond populaire et historique commun. C’est grâce au conte que j’avais pris véritablement conscience des mes origines, de mon Histoire. Paradoxalement, la dimension universelle nous ancre dans nos racines locales, régionales et nationales. Universel n’est pas uniformisation. Toute la richesse et la subtilité sont là.

L’avenir du conte, comment vous l’appréhendez ? Je dirai : c’est plus que jamais le moment de faire les collectes auprès de ceux et celles qui les détiennent encore avant que la mort ne les happe, d’autant plus que nous avons, aujourd’hui, les moyens matériels nécessaires pour accomplir convenablement cette tâche. Ce serait vraiment dommage de laisser filer une telle richesse.

Des projets pour l’avenir ? Je prépare un livre sur les contes et traditions du Sahara, pour 2009 aux éditions Flies France où j’ai publié Contes et traditions d’Algérie, en 2005. Je dois également m’occuper de la promotion de mon dernier livre intitulé Contes Libertins du Maghreb aux éditions El Manar (Paris), illustré par Sébastien Pignon. Comme son titre l’indique il est réservé aux adultes. Toujours des contes populaires mais d’une autre verve. Un genre qui se raconte et qu’il ne faut pas occulter à mon avis, ça existe, c’est une réalité vivante. En Algérie, je travaille sur un album et des recueils de contes avec une maison d’édition algéroise. Puis, au sujet de la recherche, mon grand souhait, est de créer une sorte de laboratoire pour classer, cataloguer tous les contes collectés, les films réalisés des conteuses traditionnelles en situation narrative. On pense souvent au conte et pas au contexte et aux conteuses. Mon objectif est d’arriver à situer les sources, le contexte. Il est à souligner qu’il n’est pas donné à tout le monde de conter. Nous devons préserver et promouvoir ces mémoires du récit oral. Ces mémoires encore vivantes recèlent d’inestimables richesses. Le conteur traditionnel est conscient de son art et il en joue admirablement.
Conter est une passion, un don, une pratique sociale qui nous vient depuis la nuit des temps… Préservons-la !

Entretien réalisé par Djamal Arezki
La Dépêche de Kabylie


CREIL Des contes érotiques venus du Maghreb

Nora Aceval a dû mémoriser des contes qui circulaient oralement en Algérie, avant de les traduire en français.
La Creilloise Nora Aceval publie un recueil de contes libertins inédits. Une compilation d’histoires d’amants et d’épouses malicieuses transmises jusque-là, en Algérie, de bouche à oreille.
Le lézard de la virginité, La pisseuse,  » Les sept vierges du sultan « , La femme du barbier, Le palmier de la fornication… Autant de textes dont le titre ne laisse aucune équivoque sur leur contenu.
La Creilloise, Nora Aceval, publie aux éditions Al Manar, une trentaine de ces contes licencieux, collectés durant vingt ans auprès de femmes nomades et de paysannes de tous âges issues des hauts plateaux maghrébins. Contes libertins du Maghreb compile sur une centaine de pages ces histoires érotiques dont la rareté en fait un objet remarquable.

Des amants virils,des épouses malicieuses
Ces tranches de vie ont été transmises de génération en génération, de village en village, avant d’être couchées sur le papier par cette Creilloise franco-algérienne, mère de quatre enfants et détentrice d’un important patrimoine oral, hérité de son enfance en Algérie :  » Ces contes ne figurent dans aucun livre. Ils circulaient jusqu’ici de bouche à oreille.  »
Sa performance aura été de les mémoriser. Puis de les adapter à notre culture, à notre langue. Nora Aceval a traduit ces contes populaires traditionnels de l’arabe au français et lève ainsi le voile sur ces histoires d’amants répondant  » dans un bel élan viril aux désirs des femmes  » et de ces  » maris convaincus de l’innocence  » d’épouses malicieuses dans un Islam où l’on se délecte secrètement de cette littérature grivoise.
La publication de ce recueil ne sera donc probablement pas sans susciter quelques outrages. Sans doute est-ce pour cela que l’auteur présente ces histoires comme des fictions, des propos de femmes racontés entre elles d’une génération à l’autre, de la chambre au hammam, au cours des fêtes rythmant l’année. Des histoires n’épargnant ni l’ordre politique ni l’ordre religieux. Un ouvrage rédigé sans tabou ni censure.

DANIEL VERNET
Le Courrier picard, 13/12/08


Montbéliard : Ça a conté gaiement avec Nora Aceval !

Nommay
L’association « A la lueur des contes » a repris ses périples du 29 de chaque mois dans les communes de la CAPM ; la première soirée de l’année a eu lieu à la salle Prévert.
L’invitée était la conteuse Nora Aceval. Belle, féminine, aux gestes harmonieux, à la voix bien timbrée, un rien malicieuse en parlant des hommes, elle a su captiver son nombreux public par ses mimiques expressives, jamais vulgaire, intercalant des passages un peu lestes et cocasses.
Ses contes s’intitulaient La science des femmes, une science qu’un prince voulait apprendre à tout prix, parcourant le monde. Partout il entendait ce leitmotiv :
« Les femmes sont impossibles à surveiller pour votre sécurité laissez-les en liberté ».
Nora Aceval, née à Tousnina sur les hauts plateaux du sud-ouest algérien, a écouté les femmes de son village narrer ces histoires.
Née d’un père français et d’une mère arabe, elle est riche d’une double culture ; elle retourne encore en Algérie où elle recueille les récits des anciens.
On voyage aussi avec Nora Aceval ; elle sait, avec de courtes phrases, évoquer les palmiers qui entourent les hauts murs de la maison du mari jaloux, qui enferme sa femme, ayant bouclé ses sept portes à double tour, ou la caravane dans le désert avec sur un chameau, la malle où est enfermée la femme du caravanier… mais « la femme emprisonnée de murs et d’interdits se découvre un génie insoupçonné pour s’en échapper » conclura la conteuse.
Pour mémoire, Nora Aceval, qui réside dans l’Oise, vient d’écrire un livre intitulé Contes libertins du Maghreb.

L’Alsace – Le Pays, 31/01/09


Nora Aceval, la conteuse. 

Contes libertins du Maghreb de Nora Aceval

Petit ouvrage extraordinaire qui compile des histoires coquines contées par des femmes d’Algérie, ce livre, au-delà du badinage anecdotique, en dit long sur la société dont elles sont issues et sur l’universalité des rapports hommes/femmes. La grivoiserie du propos est surprenante et la langue, finement maniée.

Contes libertins du Maghreb, par Nora Aceval, préfacé par Leïla Sebbar, illustré par Sébastien Pignon, éditions Al manar, 2008, 107 pages, 150 Dh.

Remerciements à la Librairie Gauthier Livres, 12 rue Moussa Ibnou Noussair Casablanca.

Alexandra Girard
Au fait Maroccom


Contes libertins du Maghreb – Nora Aceval- Al Manar 2009

Tout aussi réjouissant et très drôle ces contes licencieux issus de la tradition orale algérienne.

Sous la grivoiserie émerge l’intelligence des femmes face à la jalousie, la violence et à la domination masculine. A chaque fois on sourit… est bien pris qui croyait prendre. Prendre quoi ? à vous de lire !

Virginie Houadec
Démocratie & Socialisme, n° 162, février 2009


Artslivres.com

A l’instar d’un célèbre classique arabe, ces contes et fables libertins recueillis par Nora Aceval auprès de villageois algériens illustrent l’intelligence triomphante et la ruse entendue des femmes face à la bêtise et à la vanité d’hommes éternels naïfs. Préfacé par Leïla Sebbar.

Préface et introduction soulignent la fraîcheur de ces histoires de tradition orale, dont il devenait urgent de les consigner par écrit avant que la modernité de les envoient dans les limbes de l’oubli : ne s’étonnait-on déjà sur place de l’inconscience de Nora Aceval de traverser la Méditerranée pour ces « textes sans importance », et même « indicibles » par respect pour sa personne ? Car d’indicibles, ces petites nouvelles n’ont rien, mais si elles pourraient faire rosir quelques jours bien trop chastes : parfois explicites, les termes savent aussi être savoureux, choisis, ou simplement évocateurs.

Dans l’ensemble, elles louent l’esprit leste, sinon léger, des femmes ayant l’amour et leur jeunesse à l’esprit, comme ici où subterfuge osé masqua avec succès les passions antérieures de la future mariée : « ainsi, le marié avait saigné et la mariée recevait les honneurs ! L’époux garda le silence et n’osa jamais raconter que le sexe de sa femme l’avait mordu. Le temps passa, la femme sut redonner confiance à son mari en lui déclarant que seules les vierges avaient un vagin capable de faire saigne une verge. Le mari honora sa femme et ils eurent de beaux enfants (p.20) ».

Si certaines relaient les trésors d’ingéniosité pour garder un mari ou un amant, d’autres racontent combien elles sont nombreuses à chercher ou entretenir quelque bel amant… Elles se rejoignent ainsi dans une connivence tacite, mais évidente par un sens consommé de la répartie et du prêcher le faux, compréhensibles dans une société conservatrice, destinés à donner le change pour sauver les apparences… Or on ne met pas les cœurs en prison, rien ne sert de museler la liberté : c’est sans compter sur l’intelligence qui se joue des carcans qu’on impose de manière illégitime. Un conte d’ailleurs prévient d’entrée : « comme chacun sait, les hommes jaloux peuplent villes et campagnes. Ils oublient que les femmes parviennent toujours à leurs fins. Par-delà les murs, les mers et les montagnes (p.69) »…

Malgré leur faible longueur, ces historiettes sont souvent spirituelles, charmantes même. Nul soute que les femmes riront bien plus volontiers que les hommes, surtout des pauvres benêts et éternels jaloux si soucieux de leur honneur au lieu d’honorer le bien-être de leurs compagnes : « mon cher époux ! Tu crois que c’est en m’enfermant que tu m’empêcheras de te tromper ? […] Sache, mon mari, que ta surveillance n’assure en rien ma fidélité. Si je le veux, je peux te tromper, à ta barbe (p.100) ». Ne pas mépriser un orgueil ni une libido qui dorment, avis aux bons entendeurs… D’un autre côté, et dans ce contexte, comment ne pas penser à ces adages désagréables que les hommes colportent volontiers : « toutes les mêmes » ( eux aussi donc ! ) ou encore le très machiste « si tu ne sais pas pourquoi tu bats ta femme, elle, elle le sait »…

Clarisse Young


– alerte Google – mercredi 29 septembre 2010
Contes libertins du Maghreb – Nora Aceval

Voici une très belle sélections de courts contes issus des Hauts Plateaux algériens.

Dans une société où la place de la femme est si contrainte et régit par des règles imposées par le double carcan des hommes : pouvoir politique et pouvoir religieux, l’oralité devient une forme d’expression pour clamer la liberté. Défier les interdits, vivre ses plaisirs dans la clandestinité, chaque conte explore les milles et une façon qu’ont les femmes – jeunes ou vieilles – de s’accommoder et de contourner ces carcans.
Nora Aceval a recueilli ces contes auprès des siens : femmes nomades, paysannes, âgées de 30 à 80 ans… mais aussi auprès d’hommes, qui ont reçu – ou volé – ces histoires. Ces dernières sont forcément légères, car aucun homme n’oserait raconter ce qui ne peut se dire et encore moins s’écrire devant une femme.

Ces histoires, où les hommes n’ont que très rarement le beau rôle, tout au moins les maris, ces éternels cocus, sont savoureuses et licencieuses à souhait. Coquines, drôles, émouvantes, elles racontent l’intelligence féminine, le plaisir et le désir que l’on ne peut jamais corseter, empêcher et qui resurgit toujours. C’est un profond plaisir de lecture.
La langue de Nora Aceval, tout en douceur et simplicité pointe l’essentiel et ménage les chutes cocasses et insolentes.
Avec une préface de Leïla Sebbar.

Écoutez la chronique de l’émission Au fil des pages de Radio Orient de Djilali Benchikh.
Un entretien avec Nora Aceval réalisé par Djamal Arezki (Source : La dépêche de Kabylie).
Et au milieu coule une fontaine, un article de Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah abordant l’érotisme dans la littérature arabe et évoquant les problèmes de censure, paru sur le célèbre Bondy Blog, avec dans les commentaires un lien vers un entretien avec Salwa Al Neimi que j’ai aussi ajouté à son billet.
Le billet de Zalo sur son blog.

Extrait :

La nomade et le paysan

« Un jour, un violent orage gonfla les eaux d’un oued et rendit sa traversée impossible. La crue de l’oued isola la nomade qui habitait sur la rive. Personne pour la secourir. Cette solitude providentielle enchanta la femme. Elle comptait bien en profiter. Un matin, alors qu’elle surveillait l’oued dont les eaux commençaient à baisser, elle aperçut un paysan de l’autre côté de la berge. Il était si chargé qu’il hésitait à traverser. De la main droite il tenait sa chèvre en portant une cruche de lait, de la main gauche, il tirait son âne en tenant un bâton. Cette soudaine apparition ravit la nomade qui espérait que l’homme traverserait et viendrait jusqu’à elle. Mais le paysan hésitait toujours. Elle sortit brusquement de sa tente en agitant les bras, et se mit à crier :
– O étranger ! Honte à toi ! Tu veux m’attaquer ! Je suis seule, personne pour me défendre. O homme misérable ! Le paysan leva la tête, vit la femme et comprit qu’elle s’adressait à lui. Il la rassura :- O femme, ne crains rien, je ne te veux pas de mal ! D’ailleurs je suis si encombré que je ne pourrais rien faire, même si je le voulais. Avec ma chèvre, ma cruche, mon âne, mon bâton et cette crue qui m’empêche de traverser… Comment veux-tu ?….
– Ce que tu dis me soulage. J’avais peur que tu entraves ton âne, que tu attaches ta chèvre au jujubier sous lequel tu aurais enfoui ta cruche de lait, et que tu réussisses à traverser, en mesurant le niveau de l’eau avec ton bâton. Tu sais que je suis seule et tu aurais abusé de moi.
Le paysan, l’oeil brillant, comprit et dit à la nomade d’un ton décidé :- Je te remercie, femme, de m’avoir si bien conseillé.
Il suivit à la lettre ce que la belle avait préconisé. Aucun oued en crue n’est plus puissant que le désir d’une femme !

Contes libertins du Maghreb

Nora Aceval, préface de Leïla Sebbar, illustration de Sébastien Pignon, Al Manar, 2008 – 18,00 €

Pour écouter l’émission consacrée par A. Meddeb (France-Culture) aux Contes libertins du Maghreb recueillis par Nora Aceval, podcastez « Cultures d’islam » en cliquant sur ce lien :

http://download.od.tv-radio.com/podcast09/10073-26.10.2012-ITEMA_20413897-0.mp3

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

978-2-913896-66-6

parution

,

Auteur

ACEVAL Nora

Artiste

PIGNON Sébastien

Collection

Contes, récits & nouvelles