Description
Les trois textes fondateurs de la philosophie poétique de l’aimance, rassemblés en un seul livre :
– Une première version de Nouveau mode courtois a été publiée sous le titre de Dédicace à l’année qui vient (tirage épuisé), Fata Morgana, 1986.- Les deux Livres de chevet : première version dans Par-dessus l’épaule, Aubier, 1988.
– En guise de souffrance
« Aimance : un simple nom commun ? Le prénorn qu’une femme porterait à merveille ? Le mot d’un secret, révélé par l’esprit de discernement et de sollicitude sur toute plage de désir ?
J’appelle « aimance » cette langue d’amour qui affirme une affinité plus active entre les êtres, qui puisse donner forme à leur affection mutuelle et à ses paradoxes. Je suis convaincu qu’une telle affinité est à même de libérer entre les partenaires un certain espace inhibé de jouissance. Un lieu de passage et de tolérance, un savoir vivre-ensemble entre genres, sensibilités et cultures diverses.
L’Aimance ne se substitue pas à l’amour en tant que mot et fragment du réel, elle le prolonge. En dégageant un lieu encore silencieux, elle ne résout aucune énigme ; elle en propose une autre, qui soit un dialogue plus sensible entre corps et esprit.
Ce qui est commun à l’amour, à la haine et à leur instabilité, c’est notre aveuglement devant l’attrait de la souffrance. L’aimance ne nie pas cette souffrance. Son seul principe – principe d’incertitude qui régit le bonheur et la complexité d’aimer – est de maintenir notre capacité d’entrer perpétuellement en aimance, à travers les déceptions mêmes, et d’adoucir cette souffrance, grace à l’expérience faite pensée. Prendre le risque de savoir ce qu’on est en train de vivre n’est pas en soi un surplus de désarroi.
L’aimance s’est incarnée, depuis toujours, dans la poésie, qui est profondérnent affectée par une certaine complaisance à la joie mélancolique et à l’amour impossible. Elle renvoie aussi à la belle et subtile tradition de l’amour courtois. Il s’agit de l’inventer de nouveau, sous le signe de la création et de la tolérance, sollicitant écrivains, artistes, penseurs, à un savoir vivre ensemble international, tourné vers toute œuvre de civilisation. L’art ne justifie-t-il pas la vie ?