Biographie

Portrait de l’Auteur

GELMAN Juan

Poète argentin né en 1930 à Buenos Aires, il fait partie des grandes voix de la poésie latino-américaine. Il obtient notamment le Premio Nacional de Literatura en 1997 et le Prix Juan Rulfo en 2000. Il a obtenu le prix Lezama Lima, en 2004 le prix Ramón López Velarde, en 2005 le prix Iberoamericano de Poesía Reina Sofía et en 2007 le Prix Cervantes. Il réside au Mexique jusqu'à sa mort, le 14 janvier 2014.
Il fut l'un des membres du Parti péroniste authentique, issu d'une scission du Parti justicialiste, en 1974, après la droitisation de ce dernier.

Créateur aux multiples facettes, poésie certes mais aussi poèmes en prose, une pièce de théâtre La junta luz (1982), deux opéras et de nombreux articles publiés régulièrement dans Página/12 et publiés sous le titre Prosa de prensa et Nueva prosa de prensa [1], Juan Gelman croit à la" poesía casada con la poesía", mais n'est pas indifférent au monde qui l'entoure et aux engagements nécessaires qu'il suscite. Il s'inspire autant des grands ancêtres latino-américains que des mystiques espagnols, du judéo-espagnol ou des poètes nord-américains. Ses thèmes sont "el amor, la revolución, el otoño, la muerte, la infancia y la poesía" a-t-il coutume de déclarer. La mémoire serait un autre de ses thèmes privilégiés.
Marqué par la poésie conversationnelle, écrivant une poésie dominée par l'émotion, la mémoire et un concept particulier de l'obsession créatrice, il reste un des poètes majeurs du siècle par son travail sur la langue et le signifiant ou sa capacité à un constant renouvellement . L'intertextualité - et au sens large la transtextualité - est une des caractéristiques de son œuvre multiforme.Il écrit une poésie profondément humaniste et généreuse. Son dernier recueil, País que fue será (2004), témoigne d'une espérance nouvelle en l'Argentine et le futur.
De nombreux poèmes de Juan Gelman ont été mis en musique par le Cuarteto Cedrón au fil d'une longue collaboration de plus de dix ans.
En 2004, il reçoit le Prix Teresa de Ávila (attribué ex-aequo avec José Ignacio Tellechea Idígoras1).

L'exil politique en Europe aura fait partie de sa vie durant de longues années, la dictature argentine installée après le coup d'Etat militaire du 24 mars 1976 aura fauché la vie de son fils et de sa belle-fille enceinte, Maria Claudia García de Gelman, dont le corps n'a pas, à ce jour, été retrouvé.
Celle-ci a été enlevée en Argentine et transférée illégalement en 1976 Uruguay, alors également sous dictature militaire, qui coopérait avec l'Argentine dans le cadre de l'opération Condor. Elle a été détenue dans un centre de détention du SID (situé là où se trouve l'actuel Centro de Altos Estudios Nacionales du Ministère de la Défense), les services de l'intelligence militaire uruguayens (elle aurait conversé avec le colonel José Nino Gavazzo du SID), en même temps que María del Pilar Nores, leurs maris et leurs deux enfants; si María del Pilar Nores a survécu, témoignant dans cette affaire, Maria Claudia García a elle été assassinée après avoir accouché 2.
Son bébé, une fille, lui a été arraché et donné en adoption à un couple stérile de policiers uruguayens, proche du réseau d'adoption illégale que les dictatures du Cône sud pratiquaient pour éliminer jusqu'à la mémoire des enfants des opposants. Juan Gelman la retrouvera en avril 2000, et celle-ci témoignera en 2010 au procès de Raúl Guglielminetti.
Le colonel uruguayen Manuel Cordero, détenu au Brésil, a été inculpé en Argentine par le magistrat Norberto Oyarbide dans le cadre du procès « Condor », et est accusé, entre autres, de la disparition forcée de María Claudia García de Gelman 3.
La Cour interaméricaine des droits de l'homme examine, fin 2010, une plainte de Juan Gelman et de sa petite-fille contre l'Etat uruguayen, en raison de la loi d'amnistie promulguée par ce dernier et de la passivité lors de l'enquête ouverte en Uruguay sur le kidnapping de sa petite-fille 4.
Juan Gelman a écrit sur cette tragédie quatre poèmes qui ont été mis en musique par Juan Cedrón sous la forme d'une cantate interprétée par le Cuarteto Cedrón et Paco Ibáñez sous le titre Le chant du coq (1990).

Notes et références

1. Prix Teresa de Ávila 2004, El Mundo, 29 septembre 2004
2. Caso Gelman: la Justicia reconstruyó los últimos momentos de María Claudia, La República, 16 décembre 2009
3. Roger Rodríguez, Cordero presentó un nuevo "habeas corpus" , La República, 11 janvier 2010
4. “Hay un tejido cívico-militar que impide conocer la verdad”, entretien avec J. Gelman, Pagina/12, 24 novembre 2010

Lire également :

Juan Gelman, Lettre ouverte au président uruguayen. «Connaissez-vous crime plus abominable?», Libération, 2 novembre 1999

(Source : Wikipedia)