Instant appuyé contre le vent (Un)

A partir de 18


— 600 ex sur bouffant ; accompagnement plastique : Jean Anguera.
— Tirage de tête sur BFK Rives au format 15 x 21 cm.
Trente exemplaires uniques, rehaussés de trois peintures originales de Jean Anguera.

Effacer

Description

Avancer entre les mains dures du ciel. Dans l’effacement brutal des oiseaux et le mutisme des étoiles.

Quand le vent se pose sur la terre presque rouge. Que les arbres ruisselants d’insectes enfoncent leur nuit frissonnante dans l’herbe sauvage.

Qu’il n’y a plus que nos yeux sur la terre. Qu’il n’y a plus que des mots pour saisir ce qui ne peut être dit. Des cris

pour déchirer le ciel.


La critique

LIONEL JUNG-ALLÉGRET, Un instant appuyé contre le vent. Encres de Jean Anguera, Neuilly, Al Manar-Alain Gorius, 2014, 72 p.

Lionel Jung-Allégret fait paraître Un instant appuyé contre le vent, troisième volet d’un triptyque commencé avec Écorces (2012) et continué avec Parallaxes (2013). Place de la Sorbonne avait donné des textes de l’auteur dans son n° 3. Ce nouveau livre, où alternent souplement vers libres et “versets”, est véritablement, ainsi que le signale l’indication générique, un « Poème » dont l’homogénéité saute aux yeux. Le tout premier vers, « Entends-tu le chant du monde ? » (p. 9), donne le la : il sera question de la relation entre l’homme, l’homme nu et solitaire, et « le monde » (pp. 9, 54, 55), sous les espèces proprement cosmiques de la mer, du soleil, de la terre, du ciel, de la nuit, du feu, des étoiles, et de ce vent qui semble les résumer tous puisqu’il serait, émanation dynamique de ces éléments, expression muette du réel mouvant, ce qui viendrait caresser ou fouetter qui est voué à vivre parmi « l’incompréhensible justesse des choses » (p. 66). Ce « chant du monde » liminaire fait penser à Giono, poète tragique de l’impossible « mélange de l’homme et du monde » (Préface des Vraies Richesses), mais la solennité hiératique et vibrante de bien des vers sonne comme un écho de Saint-John Perse : « Je parle […] de la Terre vaste d’espaces et de galops sous les vides qui la ceignent. » (p. 26). Surtout, cette aventure fiévreuse et extasiée au sein de l’élémentaire, avec ses « Je sais », « J’ai écouté », « J’ai aimé », en rappelle une autre, celle du « Bateau ivre » rimbaldien : « Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes […] ». Cependant, l’étrangeté magique de bien des images n’est qu’à l’auteur, par exemple : « Je regarde […] [d]es fourmis suffocantes entrer dans l’ombre des miroirs. » (p. 35).
La mort, souvent évoquée, serait ce dépli moyennant quoi l’individu fait retour dans l’indifférencié, ou encore dans « cette blancheur, hors de nous, // à jamais inscrite » (p. 23). D’ailleurs la mort implique naissance et renaissance, et vice-versa : « À chaque naissance, / ce foudroiement. » (p. 23). Car l’être humain est un espace, et un temps (« Le corps / pour seule demeure. » [p. 15]), que traverse, habite et finalement déserte le flux impersonnel du monde : « Vois dans le corps cette éternité inaccessible // qui te traverse comme une lance, comme la musique d’un secret gravé en chaque atome de ce qui vit. » (p. 21). Ou encore : « Ce feu étrange, au fond des chairs, où rougeoie une éternité qui nous dresse // et nous échappe. » (p. 28). Vie et mort sont ainsi le rythme binaire des « battements de ce qui vit » (p. 55). Homme, l’hôte éphémère des flux : « L’homme ainsi se lève // jour après jour, en cette infusion insaisissable du monde, / qui habite en lui // et partout l’efface. » (p. 57).
Or ce battement pulsatile de l’être et du rien (rien : rem, la chose), de la présence et de l’absence, c’est aussi, puisqu’il y a poème, celui du noir et du blanc, des mots et du vide de la page, lequel vide vaut alors pour l’indifférenciation cosmique. L’écriture rejoue donc sur nouveaux frais, dans son champ propre, le drame de l’existence, entre naissance, affirmation et effacement. L’auteur use, pour la représenter en abyme, de la métaphore de la route ou du chemin : former des mots noirs sur le papier blanc, c’est « avancer » (pp. 14, 16, 25, 44), « marcher » (pp. 48, 59), tracer son chemin, faire route sur une terre de substitution, pareil alors à « un feu que la blancheur avale » (p. 22) : « Sur la route où je marche, jamais on ne sait quand vient la corde de l’aube. » (p. 34). « Il n’y a que la route hâtive qui s’avance, que le sol profond où s’enfonce le corps // d’où jamais ne revient le même corps. » (p. 46). Ainsi écrire, c’est s’offrir au vertige du rien, jouir à blanc d’une mort et d’une renaissance initiatiques. Le monde, berceau et tombeau, est en deçà du langage. Il se déploie dans le « silence » (pp. 11, 19, 31, 40, 49, 53, 63) ; il est « ce qui se tait » (p. 14). Le travail du poète est toujours de faire entrer un peu de corps dans les mots ; dans le symbolique, quelque chose du réel perdu. Mais pour y atteindre, il faut que la parole, qui est donc de trop, se raréfie, fuie les sentiers battus de l’outrecuidante grandiloquence, se donne le vertige de la « disparition élocutoire » (Mallarmé). Dès lors la parole poétique tend vers cet idéal impossible, devenir silencieuse : « Être silence dans le silence. » (p. 63). Les mots voudraient pouvoir, choses, se fondre dans les choses : « Je veux écrire le mot terre dans la terre […]. » (p. 62). Le poème devrait être semblable au « vent qui mugit // sans autre trace que le vent » (p. 51). L’auteur en est conscient et le dit très bien : « Je sais cela quand je l’écris avec une parole brûlée, agrandie jusques au blanc. // Et quand j’écris grand. Quand j’écris blanc. » (p. 24). Tel est aussi bien son programme – son art poétique : « Avancer // lèvres ouvertes / à même les lèvres de la terre. » (p. 14). Celui aussi qu’il propose à toute existence : « Et s’offrir. // Écorché et muet. // Dans la vacance embrasée du monde. » (p. 17). Tel est en somme le livre que nous tend Lionel Jung-Allégret : Un instant appuyé contre le vent,c’est-à-dire un pli, somme des mille plis que forment les lignes noires de son texte, pli fragile, presque déjà défait, copié du vent, promis au vent.

Laurent Fourcaut, Place de la Sorbonne

LE POÈTE EST-IL CE « RÔDEUR » QUI CARESSE LE MONDE ?

Le vent qui souffle — « si loin / soudainement si proche » — est-il celui de la vie ou celui de la mort ? Un instant frôlé, le poète poursuit sa quête, traversée de l’éphémère parmi les cendres. « Sels noirs » déposés sur la chair inerte et froide d’un corps qui n’est plus.

Un instant appuyé contre le vent — tel est le titre du dernier recueil de Lionel Jung-Allégret — « contre une écorce, un nuage, un rocher », le poète s’accorde une immobilité discrète. Vitale, malgré la modestie de la halte, pour celui qui désire tenir en éveil ce qu’il y a encore de flammes ; pour celui qui tente de saisir ce qu’il reste de « lumière éclatante et douce » sous la vacuité du monde. De cette traversée de solitaire, il ne reste en effet que quelques traces. Traces des traits ouverts par la silhouette d’encre qui ponctue, en trois temps, le poème de Lionel Jung-Allégret. Avec, au centre, une double page qui délimite peut-être un avant un après. Silencieuse, la silhouette de Jean Anguera accompagne les mots du poète, effile à ses côtés sa marche sur la page.

Le poète est-il ce « rôdeur » qui caresse le monde ? Celui qui porte en lui cette vie qui pousse vers la mort ? Sensible à la voix du poète Pierre-Albert Jourdan dont il suit le cheminement, il est celui qui « cherche des secrets quand tout se tait ou que tout commence »… « [c]elui qui écoute des voix enfouies dans les feuillages vacillants de silence ». Il est celui qui « tente d’épeler le silence » (Pierre-Albert Jourdan).

Dans l’univers dévasté qui tient de lieu où vivre, est-il encore possible d’entendre « le chant du monde » ? interroge une première voix.

« Entends-tu le chant du monde ? ». Ainsi s’ouvre le recueil, sur ce questionnement aux lointains accents de Jean Giono. Et sur un dialogue où se noue une double impossibilité. Impossibilité d’entendre autre chose que « la couleur du sang et les cieux qui brûlent ». Impossibilité de voir « l’immensité venue du ciel ». Réduite à une lampe ordinaire, l’immensité se fait lilliputienne et le poème d’ouverture s’abîme dans le « vide ». Pessimisme alors, qui guide Lionel Jung-Allégret ? Se frayant un passage sur des « chemins d’anthracites », le poète fouette sa lucidité sans illusion d’injonctions qui rythment sa progression semée d’obstacles. « Empierrement » et « désordre ». Faire face / retenir / avancer. Insectes vorateurs qui peuplent « la chambre close », murs et meubles. Avancer, pourtant. « Et marcher droit. Marcher haut. » Parmi les répétitions du même, le « nu » et le « dur ». « Dans le même jour. Le même arrêt. La même lenteur d’empierrement arraché au soleil. Parmi les contradictions aussi. Celle de « la beauté que l’on boit à l’aurore » et de « l’odeur funéraire de l’huile frottée sur des torses froids. » Accepter le « foudroiement » de la naissance, son apparition dans la douleur ; accepter l’amertume de « l’amour qui meurt avec les fruits ». Et la vacance du monde, sa vacuité muette. Se résoudre à l’effacement.

« Faire face.
À l’effacé. »

Parfois un dialogue s’instaure, précédé de tirets, questions entre « Tu » et « Je ». L’autre ? Le double de l’un ? Injonctions entre un futur et un présent.

« — Tu marcheras vers qui tu es.
— Je marche contre le dos de l’aube. Je marche vers un visage aux paupières de lin et de cierge.
— Tu marcheras jusque dans la terre.
— Je marche dans un corps inconnu. Mon pas est de terre et de chair. Je vais dans le cercle de mes yeux. »

Chaque rencontre poursuit dans la lenteur et le silence, sa marche vers le dessaisissement ; conduit à la dissolution :

« J’écoute mon pas et puis un pas et puis rien
ma voix
au bord de ce qui vient. »

Dégagée de toute recherche factice, la poésie du recueil Un instant appuyé contre le vent est dépouillement. Habitée par le doute, la parole se resserre, réduite à un oracle de peu de mots. Brèves et simples dans leur structure, les affirmations se répartissent sur quelques vers, d’inégale longueur. Séparés du corps du poème par des espaces de silence :

« J’avance sur un sentier qui se vide » /« [o]n va où rien ne bouge ».

Les assertions s’inscrivent dans un présent qui refuse l’infini du monde.

« Je cherche des signes contre ce qui n’est plus ».

La lumière se réduit, faisceau qui n’éclaire que le vide, vision qui va decrescendo dans le retrait. Le vent se recroqueville :

« Moins qu’un souffle
dans l’instant d’un souffle ».

Confronté à l’expérience douloureuse de la mort — « je me souviens des yeux ouverts et blancs de mon père » —, à la solitude qui est le lot de chacun de nous — « [s]eul avec sa voix. Seul avec son pas » —, confronté à la violence de l’éternité — «  [l]’éternité est une violence qui ne propose rien » —, le poète cherche l’amenuisement et la disparition :

 « Être frémissement dans le germe de l’écorce et le pas du soleil qui expire avec mon pas ».

« Être silence dans le silence.
Et fuite dans la hauteur ».

Ou peut-être — une fois accepté « l’escarpement des mots », une fois traversé « l’éblouissement de ce qui brûle » — aspire-t-il au fusionnement cosmique ?

« Être l’horizon. Être mouvement. Être d’eau et de soleil. »

Comment appréhender à sa juste mesure la beauté d’un poème qui ne se laisse effleurer que par bribes ? Qui se dérobe à la mise en mots ? Qui résiste, au-delà de leur percée, à la captation du dire ?

Accepter de suivre le poète, avancer avec lui — entre cendre et lumière — dans l’écriture d’« une parole brûlée, agrandie jusques au blanc ». Se laisser porter par le rythme des vers comme sur la crête des vagues. Comme dans cet étrange sizain où se côtoient amour et mort et qui alterne, irrégulier, le balancement des vers pairs et vers impairs :

« L’amour écrit avec des doigts de sang [10]
et la prière des mots [7]
devant le bois des cercueils. [7]
J’entends pleurer la colère [7]
et les pas lents [4]
résonner sur les marbres humides. »[9]

Et choisir, au cœur même des « grands jours vides », la promesse de la « lumière éclatante et douce ».

« Et le vent qui souffle si loin
soudainement si proche. »

 

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli / blog Terres de femmes

Un instant appuyé contre le vent, de Lionel Jung-Allégret, encres de Jean Anguera
éditions Al Manar, 2014, 72 pages, 18 euros

Le silence est la seule mémoire du monde
Lionel Jung-Allégret

Le dialogue engage-t-il deux paroles ? N’envisage-t-il pas plutôt une seule voix, monologue entre deux instances, l’une en quête, l’autre qui désespère dans le premier poème d’Un instant appuyé contre le vent ? Cette voix s’appuie sur le souffle pour être entendue plus loin où l’entendre répondrait au chaos perceptible, « la couleur du sang et les cieux qui brûlent ». Alors même que se confondent la perception auditive et la promesse visuelle d’une « lampe », quel espoir ranimer pour qu’il devienne poème ? Il se pourrait également que ce soit cet « instant », dans le titre, qui vacille et cherche une assise, temporelle ou non, pour se muer en parole d’avenir. Au tutoiement, la fonction d’approcher une langue fragile, hésitant à naître tant ses assises menacées peinent à libérer un « instant d’éternité ».
De l’origine, de « l’eau natale » et la « bouche enflammée », l’oracle entre l’eau et la flamme n’est pas révélé :
« Des feux brefs
refermés par l’oubli. »
Le vers, court et clos, en son repli, ne saurait se résoudre à ne pas proférer. En un paradoxe qui ouvre et ferme dans le même temps :
« Tout est dit. », « La parole peut naître. »
La ponctuation finale scelle une promesse, un silence cesse entre ces deux clôtures, à cet endroit précisément. L’infinitif le décrète, « retenir » et l’oubli, répété, change de sens. Table rase de mémoire, il devient fécond, une ouverture semblable à celle de l’origine, l’immobilité et la « lenteur » pour qu’un poème ou un homme puisse « avancer ». Au mode possible, les pronoms personnels sont absents, la vocation du verbe non conjugué établit l’éternité comme assise. Et toujours, les lèvres, ce sont elles qui articulent et libèrent les syllabes de leur carcan donnant aux mots :
« Le corps
pour seule demeure. »
La suspension fragile du mouvement s’offre au temps désormais possible, le vent l’accompagne ou le soulève en sa vertu cardinale « sur la terre presque rouge », celle d’un sol sec , et les propositions subordonnées à valeur temporelle alors exaucent les infinitifs : « Quand le vent se pose…Que les arbres ruisselants… ». Elles se multiplient, la conjonction se gorgeant de vœux que l’on pourrait énoncer au subjonctif, leur réalisation serait alors incertaines, ici le mode indicatif les ancre dans une certitude. Cela que la voix, le poème amorcent. Comme un acquiescement.
En ces pages alternent les vers longs et des fragments : au long effort de naître, il faut consentir (se soumettre). Celui qui s’avance semble blessé :
« Ecorché et muet. »
Le sacrifice et la parole, le supplice et le silence. Les périodes s’enchaînent et se brisent. Sachant douloureusement cela : « le soleil meurt aussi dans l’écriture infinie de la cendre. » Le feu se blesse et laisse en trace une poussière d’écriture, « la parole tue / et son soulèvement dans le silence. »
Le glissement vers l’impératif actualise l’ordre, celui du regard qui cerne le temps devenu visible, assimilable à la mer, celle qui borde la côte méditerranéenne on le dirait : les indices de thé le suggèrent. Cet ordre et l’écriture, accordés au bleu minéral ou céleste, fondent l’ « éblouissement ».
Le lexique tend vers le « blanc », tend vers le « vent », sons vocaliques diffusés dans le texte formant une cohérence sonore autant qu’un réseau sémantique cohérent : inscription et effacement se jouxtent. Le feu, le ciel, autant de promesses d’un espace vierge, renouvelé par la traversée dont le poème témoigne. Eternité désirée, elle demeure, sinon dans le temps des hommes au moins dans celui de la parole, poussière d’or au vent qui dépose son levain où s’écrit le texte. Les verbes répétés fondent une litanie qui peut s’apparenter à la prière comme ils inaugurent un miracle : le temps ne s’assoupit pas, il se révèle dans l’éternité. Idéalement verticale. Cet élan, l’homme y aspire :
« Une définition d’en haut où l’on va. »
Les encres noir et blanc de Jean Anguera, striées, laissent paraître en milieu de livre une silhouette d’ombre qui avance et frôle deux espaces, les deux parties du livre coupées de lignes obliques et fines. On ne distingue qu’une lente avancée, un climat où seule l’ombre dessine des contours, « la corde de l’aube » et son paradoxe, une ligne tendue vers le jour. Ce narrateur fragile se tient sur le paysage. Sa position incertaine ne l’empêche ni de regarder ni d’avancer vers le « jour lent » où les « insectes » seuls se fraient l’espace minuscule qui leur permet de progresser. Tout est réduit, l’immensité seule du ciel, interdite ou devenue cendre, laisse entendre une « langue funèbre ». Le poète reste « seul à veiller » au milieu des fourmis et des papillons aux ailes brûlées :
« Des yeux se ferment sous l’espérance. »
Des rites sont requis , « l’huile frottée sur des torses froids », car l’on côtoie l’absence et « le sol creusé de plaintes ». Les pierres funéraires, le corps brûlé qui s’élève « dans la suie rougie du ciel ». Comme la prière, le rite dans le poème se perpétue. Passage du silence à la parole, alors que le vent, encore, transporte l’écho du destin. « Celui qui » écrit touche ces signes dispersés, il les rassemble et les baigne de lumière. Une « épine », le vol interrompu d’un oiseau, autant de désastres minuscules qui pourraient s’effacer, situés sur une frontière. Et l’ordre retourne à l’infinitif initial (« marcher » puis « être » : semonce de l’identité cherchée) :
« On s’éloigne.
Seul avec sa voix. Seul avec son pas. »

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

979-10-90836-27-3

parution

,

Auteur

JUNG-ALLEGRET Lionel

Artiste

ANGUERA Jean

Collection

Poésie