Téphra

A partir de 16


Nouveau recueil d’Irène Gayraud chez Al Manar (après « Voltes » en 2017). Gravures de Bouchaïb Maoual, plasticien marocain fixé à Marseille – qui grave avec l’audace de nos grands ancêtres du Néolithique. Tirage de luxe disponible (20 exemplaires, sous le titre Pariétales).

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Description

Irène Gayraud, à propos de « Téphra » :

« Téphra » : le terme vient du grec (τε ́φρα) et signifie « cendre » : il désigne en français la cendre volcanique, éjectée du volcan lors de l’irruption. Mais c’est à mon oreille presque comme un mot magique.

« Téphra », car ce recueil très minéral est né d’une résidence d’écrivain au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, où j’ai pu suivre pas à pas le scientifique Hervé Guillou, dont les travaux portent sur la datation des roches volcaniques. Dans son laboratoire, d’autres travaillent sur la datation des glaces, des grottes… à la recherche d’une compréhension du monde, d’une manière de l’habiter qui n’est pas si éloignée de celle de la poésie. Le recueil retrace à la fois les expériences des scientifiques et une expérience intérieure, intime, liée aux pierres.
Hervé Guillou a bien voulu écrire une petite postface pour le recueil, et je l’en remercie.

Un bref extrait, sélectionné par l’éditeur :

« Rien ne me
garde du froid qui me
balafre me travaille depuis
avant les souvenirs
que moi-même.

Veilleuse même
prise dans le pergélisol
rouée dans l’étau de l’air glacé
cherchant du gel le pouvoir de brûlure. »

L’une des trois reproductions des gravures de Maoual illustrant les poèmes d’Irène Gayraud (tirage courant).

 

Deux ensembles de poèmes inclus dans « Téphra », « Travail du gel » et « Pariétales », ont été tirés à part sur grand papier et rehaussés de trois gravures originales hors texte (dont une en double page) de Bouchaïb Maoual, l’un des deux grands graveurs marocains contemporains. Maoual réside à Marseille ; l’élégance, la maîtrise de ses gravures n’a rien à envier à celle des grands ancêtres du néolithique dont Irène Gayraud célèbre la force dans ses textes.

Voici ces trois gravures.

 

 

 

 

La critique

Art & Métiers du Livre, janvier 2020


Irène Gayraud

Téphra (gravures de Bouchaïb Maoual, Al Manar)

Né d’une résidence d’écriture au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, Téphra explore les tréfonds de la géologie, du magma natif au travail acharné de l’érosion sur la croûte terrestre, façonnant les pierres et les roches qui nous fascinent.

Cette incursion dans le cycle minéral fait  bien sûr penser à Roger Caillois. Comme lui, Irène Gayraud pourrait affirmer que « le monde a commencé avec les pierres ». Mais c’est jusqu’au magma jailli du manteau terrestre qu’elle remonte, « énigme de matière montant dans la matière, avant le temps et déjà dans le temps. » Vitrifiée voici des millénaires, la roche volcanique « porte en elle, solidifiées, les traces anciennes de l’éruption ».  Irène Gayraud saisit « l’instant où le temps s’incruste dans les pierres ». Elle scrute « les stries noires au cœur du granit », devine « la mue des isotopes », déchiffre les stigmates du feu cachés dans la structure du minéral. Longtemps après que l’érosion a fait son œuvre, raboté et creusé les roches volcaniques, sculpté falaises, cavités souterraines, gouffres et grottes, vient le temps de la rencontre avec notre espèce humaine. Au contact des premiers humains, la pierre devient outils, flèches, parures : « Les hommes tournent la flèche dans leurs mains avec granits, basaltes, avec toutes les roches, qui, un jour, ont commencé par la fusion ». Plus tard, « fondus dans la fournaise, (les pierres) retournent au magma du temps de leur naissance », se décomposent en grains, deviennent sable, verre, cristal, perle ou vitrail multicolore et achèvent leur cycle. Accompagné par les gravures de Bouchaïb Maoual qui évoquent en écho les fresques pariétales, le texte lui-même subit la métamorphose des pierres volcaniques. A la manière d’un téphra, qui, de l’œuvre de la nature à l’œuvre humaine, traverse les millénaires et le temps et parvient à la poète, « veilleuse même / prise dans le pergélisol » qui en recueille la mémoire, chaque poème, d’abord en prose, achève sa mutation, taillé et sculpté en vers incandescents.

Marie-Josée Christien, chronique « Nuits d’encre », revue Spered Gouez / l’esprit sauvage n°26 (octobre 2020)


 

Caractéristiques

Dimensions N/A
format / papier

13 x 19, luxe : 28 x 20, sur Arches

exemplaire

L'un des 20 ex tirés à par sur Arches et rehaussés de 3 gravures originales de Bouchaïb Maoual., L'un des 500 ex de l'édition originale

isbn

978-36426-243-0

nombre de pages

64

Auteur

GAYRAUD Irène

Artiste

MAOUAL Bouchaïb

Collection

Bibliophilie

Poésie