Stèle pour l’absent

A partir de 12


30 ex de tête rehaussés de peintures par Diane de Bournazel.

1.000 ex. courants, où sont juxtaposés le texte et l’image des stèles.
Ouvrage publié avec le soutien du Centre National du Livre

Deux voix ici se croisent, l’une récitative, l’autre de plain-chant : Vénus Khoury-Ghata et Alain Gorius évoquent l’aventure médiévale des pèlerins de St Jacques de Compostelle, dont témoignent les stèles discoïdales rassemblées au musée de Lodève.

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Description

La critique

La Préface de Salah Stétié

Deux voix parlent, chacune prise dans son rêve, et se répondent. Se répondent d’assez loin comme il arrive quand on suscite avec des mots, nécessairement chuchotés, l’étincellement poussiéreux de la mort. Les stèles chevalières de Lodève, ville de poésie, et autres pierres tombales venues jusqu’à nous de l’Orient des croisades, sont l’occasion de ce déploiement murmuré sur deux tons : la plus grave des voix est celle d’un homme, Alain Gorius, qui raconte sur un mode fragmentaire et non sans un certain égarement une histoire d’amour trahi dans la douleur du retour après l’aventure de la Croix ; la plus acérée et la plus elliptique, la plus italique en quelque sorte, est celle d’une femme, Vénus Khoury-Ghata, qui répète inlassablement, à travers toutes les occurences disponibles – qu’elles sont nombreuses ! – son obsession jamais rassasiée de la disparition totale : « Le tout / le rien », dit-elle. La stèle ravive l’absent qu’elle abolit, l’absence ronge la stèle qu’elle amplifie. L’auditeur de ces deux voix, entre recitato et lamento, s’installe dans un va-et-vient de léger vertige, où les pierres transmuées en lambeaux de parole sont ses repères évasifs à des carrefours qui sont nids pour le vent. Pourquoi le vent ? Parce que dans cette sorte de solfège de la mélancolie, c’est lui la clef de sol.

Salah Stétié


Sylvie Germain, aux auteurs :

Le mot ‘stèle’ à lui seul fait rêver (et toujours me fait penser à Segalen), et la stèle de pierre est troublante, comme une promesse de rêveries, de ‘Dits’, à la fois confuse et dense . Et c’est bien ainsi que vous avez relevé le défi des stèles de Lodève, dans votre quatre-mains avec Vénus Khoury-Ghata. Sobre et très sombre histoire du chevalier rompu, devenu déjà presque fantôme, et qui n’a plus droit de demeure en son château, mais est désormais assigné au royaume des stèles. Stèles dont V. K.G. ressasse en finesse le Dit de vide et de vent.
Merci donc pour cette stèle ‘Al Manarienne’ que j’aime beaucoup.

Jacques Morin, revue Décharge (n° 160)

Deux auteurs, et deux voix qui se croisent, parallèles, alternées, italique et romain, vers et paragraphes. Retour d’un chevalier vers son château et poèmes sur les stèles médiévales discoïdales du musée de Lodève. … arbres pierreux (…) Pèlerins pétrifiés en pleine marche / rocheux à force d’attente (…) hommes saisis par la glaise… Les textes marchent ensemble. Le seigneur retourne chez lui, fantôme ceint d’une armure, sur son cheval moribond. Il a fière allure de légende, et incarne à lui tout seul le Moyen Age dans le causse aride. Le château-fort s’est figé dans son attente. Rouille et délabrement comme un gage de l’oubli. L’absence s’est installée tout au long de sa croisade, et petit à petit, jusqu’à son arrivée, le cavalier l’incarne, vidé de sa substance. Les stèles témoignent des pèlerins, des moines et des passants du temps. Rondes comme des pièces Monnaie minérale / pour payer le passage vers le tout / le rien Deux voix qui se répondent en écho du silence.

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

isbn

2-913896-41-3

parution

Auteur

GORIUS Alain,

KHOURY-GHATA Vénus

Artiste

BOURNAZEL Diane de

Collection

Voix vives de la Méditerranée