Description
La critique
Chant d’amour et complainte à l’idylle défunte : la poétesse exprime pudiquement sa douleur à l’homme disparu : poèmes courts, évocateurs ou poignants, précédés d’une lettre d’adieu au Marocain Driss Benzékri qui avait consacré sa vie à la défense des droits de l’homme.
Deuxième recueil de poèmes de Siham Bouhlal après l’admirable Poèmes Bleus, ces Songes d’une nuit berbère scellent les hauts et bas d’un autre amour, dont on pourra lire la longue épître qui ouvre le recueil ( cf. Départ ). La forme reste celle du poème court, ici généralement plus court plus libre que ceux du premier recueil. Si l’évocation du Ciel comme témoin d’une passion ne date pas d’hier ( Alisher Navoï ), elle reste émerveillement et dimension sacrée pour qui la vit la première fois, ainsi que le privilège des rares cas de renouvellement :
» Entends-tu
Frémir le ciel
Lorsque mon cœur
Se dévoile ? (p. 21)
« Toujours
Ta présence
Surprend
Mes sens
Dans une nouvelle
Jouissance (p.78)
Passion de jouvencelle, ou découverte progressive des infinies possibilités entre un couple qui s’entend et qui s’y entend ? Le poème suivant, évoquant l’image déjà belle d’Alain Bosquet ( » matin plus doux qu’un sein sur ma paume » ), est plus profond à deux égards au moins : par l’amour qui sourd dans l’intimité, et par l’osmose entre l’amante et la tendresse maternelle qu’il éveille.
» Ton visage sur mon sein
Est une montée
Maternelle (p. 37)
C’est ce en quoi cet opuscule illustré célèbre une passion viscérale, ici de la part de la femme, qui porte son homme en elle, » dans le sang » comme on dit parfois si justement :
» Ton souffle imprègne chacune de mes cellules
Prend mon cerveau dans un vertige de bonheurs
Arrête la course de mon sang
La relance
Je m’y noie comme dans un fleuve (p. 59)
» Je te porte en moi
Comme les chameaux
Leur soif au gré des mirages (p. 88)
Mais tandis que la maladie guette, la poétesse ne peut que noter d’autres détails, les habitudes de l’aimé qui la dérangent ainsi que les doutes qui l’assaillent
« La Mort
Monte
En nous
Sève
Douloureuse (p. 40)
Tes cigarettes en feu
Narguent mon nez
Et abîment mon cœur (p.51)
Comment me regarder nue des regards
Comment dissiper mes angoisses dans moi ? (p.58)