Description
Collectif contre la terreur. Après les attentats de novembre 2015 et mars 2016, vingt-trois poètes (arabes, belges, français) s’insurgent contre la terreur que l’on voudrait imposer et proclament la prévalence des forces de vie contre la pulsion de mort à l’œuvre dans la mouvance terroriste islamiste.
La critique
Michel Baglin, in Revue Textures :
« Nous aimons la vie plus que vous n’aimez la mort ! »
Sous-titré « Contre la terreur les poètes résistent », cette anthologie est une réaction poétique aux attentats islamistes récents comme à toute forme de fanatisme. On se souvient du cri de ralliement des franquistes, « Viva la muerte ». Il est, plus ou moins explicitement, celui de tous les fascismes, qui témoignent toujours d’une peur, sinon d’une haine, des forces de la vie et de la joie.
Ils sont donc vingt-trois auteurs à prendre le contre-pied, à s’inscrire ici en faux, textes en prose et poèmes mêlés, pour proclamer leur amour de l’amour, de la sensualité, du corps, de la musique, de la liberté, des mots…Leur envie de « vivre livre ouvert » ainsi que l’affirme Michèle Finck. En évoquant la sidération, comme Jacques Ancet, entre se taire et crier, ou Vénus Khoury-Ghata devant ce « tout détruire » qui appelle les réponses des mères, ou Werner Lambersyqui maintient que « la vie gagne toujours ». En déplorant avec Salah Stétié les crimes abominables de ceux-là qui « voulaient faire mal à en mourir eux-mêmes / Faire mal / A la grande et tendre famille humaine ». En rappelant avec Salah Al-Hamdani, que « seuls les hommes révoltés contre la misère / sont des prophètes ».
En essayant de comprendre la folie des « marionnettes de l’apocalypse » (Eric Brognet), ces tueurs que Sapho invective : « tu es élu / pour faire régner le Dieu Grand par le Terreur / ceux qui t’ont ignoré / qui méprisent tes vêtements / la modestie de tes femmes / tu vas les pulvériser / tu possèdes une arme imparable / tu es pour la mort ». Ou comme Sylvie Germain, qui les prend à partie : « La vie ? Vous n’y comprenez rien, et du coup vous vous y ennuyiez, ne sachant qu’en faire. Elle vous fait un peu peur, au fond, sans que vous osiez vous l’avouer. »
Sans haine et sans esprit de vengeance, bien sûr. Les seules réponses sont d’espérance : « à cœur perdu les femmes taillent / de nouvelles robes pour les terrasses / les luthiers tirent les cordes / des guitares et des mandolines / pour tous les concerts à venir / avec l’aide de vent et des nuages » (Cécile Ouhmani).
Francis Combes, qui invite à rester debout, énonce la seule morale possible : « Merci, mes amis des quatre coins du monde, pour vos messages / mais je vous en prie, ne priez pas pour nous / Nous n’avons pas besoin de prières / Nous retournerons aux terrasses des cafés / pour nous asseoir en compagnie du soleil / et boire le jour dans le verre d’un sourire / car nous aimons la vie, le vin, l’amour / et le bonheur de la conversation. »
Un livre salutaire.
(Al Manar. Couverture Albert Woda. 110 pages. 17 euros)