Description
Le livre
dans le douceâtre sucré des premiers petits pois
qui cuisent sous l’eau s’usant
il y a l’intérieur velouté tendre
du sexe ébulli aux coudes
à force d’être porté jusqu’aux larmes
La critique
entre les rangs de tomates
éros rouges précoces
désir noué à deux tuteurs
planté là
Les cerises ne sont pas des lèvres
Amandine Marembert : Les cerises ne sont pas des lèvres
PAR LUDOVIC DEGROOTE
Comme toute forme d’intime, l’érotisme est une matière complexe à manier et, donc, à écrire : sa définition varie selon les expériences et les individus ; la poésie, qui touche à la vie, s’est toujours intéressée à l’érotisme, notamment au corps féminin, il suffit de penser au blason. On en a ici deux exemples. Taille-douce évoque la tendresse liée à un destinataire qui joint nature et désir : moments de partage et de simplicité, dans les images comme dans la tonalité. Au cœur de Les cerises ne sont pas des lèvres, l’érotisme et le corps féminin sont vus à travers un double prisme : évoqués par l’auteur elle-même, ils sont associés au jardin, ou même au jardinage : herbier du corps, maraîchage du désir, on se plairait à multiplier les métaphores. Mais nulle niaiserie dans ce livre : des ensembles de trois à sept vers mélangent dans un équilibre pas facile des aspects allusifs et des éléments explicites de la sexualité : s’exposant avec pudeur, Amandine Marembert poursuit un travail singulier sur l’intime, qu’il s’agisse d’érotisme ou de livres sur un enfant autiste.
CCP 29, décembre 11, 2014