Description
[La dictature irakienne] devenue habile dans le déclenchement de guerres gratuites et absurdes s’est employée à laisser des traces en Irak depuis trente-cinq ans. Elle a consolidé son navire en construisant des cellules autour des êtres, en achetant des armes et la moralité des gens.
Pendant ce temps, Ghassan en exil ne s’est pas contenté comme certains de la refuser secrètement. Il l’a attaquée dès le début à travers la peinture et le dessin.
Il a choisi comme armes la tendresse et la nostalgie des hommes. Il sait que ce sont là des sentiments que les dictateurs, les tortionnaires et les racistes exècrent dans toutes les contrées. Il n’ y a pas de confusion dans les œuvres de Ghassan, seulement la complexité du monde. Au fur et à mesure qu’on s’approche des visages de ses personnages, on ressent la profondeur de l’absence de leur famille.
Alors que peu à peu l’ être humain se décompose, le tableau continue à restituer l’ éternité de l’ instant. Un regard vif, une branche qui fleurit, un amoureux alangui — et le dictateur est enterré avec sa haine. (…)
L’homme a créé la peinture, la poésie et la musique afin de ne pas se perdre.
Comment qualifier ce qui purifie l’âme de l’homme, le guérit de sa maladie moderne et fait refleurir le sentiment maternel ? Le désir premier, la volupté échappée du corps, ce dont rêvent les seins des femmes… Et la nostalgie du pays natal ? Toutes ces pensées m’ envahissent dès que mon regard se pose sur les toiles de Ghassan.
L’ existence ne consiste-t-elle pas à vivre dans la contradiction, dans l’ amour et dans l’ imaginaire ? Le créateur n’ est-il pas celui qui apprivoise la mémoire et apprend à l’homme à ne pas oublier les calamités qu’ ont subies ses frères ?
Sans les arts que sont la poésie, la peinture et la musique, l’horizon n’aurait jamais capté le bleu de la mer, l’espoir n’aurait pas pu s’ épanouir dans le cœur des êtres souffrants et le jardin d’Éden serait resté dans l’ encrier. Ghassan nous raconte ainsi que des gens refusent la guerre, qu’une ville ne veut pas s’embraser et que les têtes des palmiers se penchent vers la terre tandis que le ciel pleure sur des hommes n’ayant comme refuge que la mémoire du peintre.
Salah al-Hamdani
Amour et liberté. Dessin, 60 x 40 cm. 1990
Ma ville en mémoire. Huile sur toile, 81 x 100 cm. 2015