Description
La critique
Les fragments proposés par Leïla Sebbar, nouvelles courtes ou poèmes, balayent les thèmes abordés par cette auteure dans ses romans, ses recueils de nouvelles, ses essais, ses carnets de voyage. Leïla Sebbar a une large palette pour témoigner sur :
– L’Amour : « Sur la route / où vont-ils / le jeune homme noir / bagages / au bout du bâton / la femme blanche / pauvre à ses côtés / elle sourit » mais l’amour imposé peut aussi mener à la mort : « Pas de branches de laurier / au fond de la fosse / Les cinq femmes / déchiquetées / Il ne fallait pas dire non / au cousin / Poussées dans la terre / par la pelleteuse / on ne voit plus / le sang »
– La Guerre et ses horreurs : « Sur le sol / objets renversés / natte roulée maculée / une jeune femme étendue / bras en croix / sur sa mère / assise les pieds nus / une petite fille pleure »
Leïla Sebbar évoque la guerre en Algérie, en Somalie, à Hébron, Oran… Quel que soit le lieu la guerre déchire.
– Le Jardin, témoin d’atrocités mais aussi de bonheur : « C’est son jardin / Jardin ouvrier / Minuscule pour elle / ce qu’elle a planté / tomates / piments / basilic / coriandre / on l’appelle le persil arabe / un figuier »
– Le Linceul : « La mère en pleurs / dans ses bras / l’enfant / bandelettes blanches / linge blanc /autour de la tête / les yeux fermés / derrière elle / les hommes »
– La Femme : « Sous la véranda / elle sourit / La villa interdite le jardin / résistent avec elle / Rebelle pacifique / Elle n’a pas oublié Gandhi / Résistance active / avait-il dit et redit / les généraux ne l’aiment pas / C’est une femme / Aung San Suu Kyi »
Les mots de Leïla Sebbar nous disent les lieux, les personnes, les émotions, les atrocités et les joies de la vie ainsi que les résistances. Nous voguons de Plumes et crayons à l’Exode en passant par L’homme à l’enfant. L’Enfance, Les sœurs, les Arbres, la Colère s’égrènent avec subtilité pour aboutir à Mère et fils, Linceul, Femme, des thèmes chers à Leïla Sebbar. Ce sont de très beaux textes émouvants par leur force qui témoignent sur le monde pour nous rappeler de ne jamais faire l’autruche face aux réalités.
L’objet livre est magnifique sur du papier très agréable à toucher et les dessins de Sébastien Pignon libèrent aussi beaucoup de force et d’émotions.
Un livre à feuilleter, à lire et à relire.
Brigitte Aubonnet
Encres vagabondes, (28/04/11)