Description
L’auteur fait entrer en tension les exigences formelles de la poésie strophique, avec un déferlement de visions topographiques, architecturales, dont le but semble être de dissoudre, dans une infernale chorégraphie, toute construction susceptible de vous étouffer, comme la maison
amiliale, paralysée par une instance paternelle prostrée, qui ouvre le recueil. Le lecteur est ainsi soumis à une expérience redoutablement efficace de négativité qui trouve son expression la plus radicale dans la description annihilante de Venise. Mais dans cette expérience où rien n’est épargné par la dérision, ni le désir, ni l’art, ni même les possibles figures tutélaires – Luce Irigaray ou Frida Khalo –, il reste l’énergie générée par la quête d’une langue
à la fois charnelle et minérale, d’une écriture, abstraite et viscérale, de « pulpe d’extase » et de pyrite, apte à épouser le tumulte intérieur ; quête au fond très libératrice qui est peut-être la fonction première de la poésie.
DANIEL LEQUETTE, CCP n° 28