A partir de 20


Vingt exemplaires de tête sur Vélin d’Arches rehaussés de peintures de Sébastien Pignon ;

1500 exemplaires sur Arcoprint Edizioni.

 » Moi, fils du Lys, naufragé de l’Atlantide et banni des dieux, par pauvres mots de mémoire, bribes de babil et bouche dans le masque, il me faut ici, sous la brume, sur les glaces, refonder la cité engloutie, aux berges du Grand Erg où tout a commencé, s’est effacé : Aldjezar… « 

Effacer

Description

 » Moi, fils du Lys, naufragé de l’Atlantide et banni des dieux, par pauvres mots de mémoire, bribes de babil et bouche dans le masque, il me faut ici, sous la brume, sur les glaces, refonder la cité engloutie, aux berges du Grand Erg où tout a commencé, s’est effacé : Aldjezar… « 

À réalité défaillante, mémoire vaillante : le narrateur de ce récit, appelant à la rescousse de lointains souvenirs, tendres et drôles, dramatiques parfois, mais toujours distancés par une volonté ironique — onirique ? —, recompose en la magnifiant la cité portuaire de ses premiers pas d’homme. La singularité de la démarche tient à cette appréhension d’un univers entre deux mondes : est-il français ou indigène, celui qui parle et tisse tous ces liens que l’Histoire avec sa grande Hache jamais ne pourra rompre ? Indifférente à ce questionnement d’une identité qui cherche moins à se définir qu’à accepter son éclatement ou sa diversité, la Ville d’Alger, sur les hauteurs mythiques où elle se complaît, voit s’agiter son vieux barde : elle sait qu’elle lui survivra, et lui sait qu’en fin de compte, dans son amour, il aura servi sa beauté.


Retenu à Rennes, en décembre 2003, alors que les auteurs des Algériens au café étaient invités à présenter le livre au Centre culturel algérien de Paris, A. Bensoussan nous a chargé de lire un court texte présentant sa contribution : la nouvelle « Le Chibani et la Tachibent ». Voici ce texte, dans son intégralité : il définit bien également, nous semble-t-il, l’écriture d’Aldjezar.

 » Mon texte des Algériens au café : « Le Chibani et la Tachibent » a été conçu, dans mon esprit, comme un hommage à la double culture arabe et berbère de l’Algérie, et aussi comme un hommage à ces Juifs du Maghreb qui étaient tout à la fois si français et si indigènes. L’histoire du collier retrouvé à la fin est une histoire véridique, la Tachibent a véritablement existé, tout comme le récit du Chibani fait partie de notre mémoire familiale, ma grand-mère m’ayant vraiment rapporté ce fait-divers. Mais bien sûr ces anecdotes sont malaxées dans ma propre mémoire algérienne, qui est faite de bruits, d’odeurs et de lumière. Enfin, le jeu de dominos et le jacquet faisaient bien partie de nore folklore : je jouais, autrefois, au jacquet avec mon père et avec mes camarades de quartier, on jouait tantôt « à la française », tantôt « à l’arabe », mais le beau jeu de jacquet de mon père, à tapis de velours vert, s’est perdu dans les chaos de l’exil; il me reste néanmoins le jeu de dominos en ivoire que je reçus à Alger pour mes 4 ans, précieuse relique, que j’ai souvent ressortie pour faire une partie avec… ma petite-fille. Mon enracinement dans cette mémoire plurielle d’Algérie est ma véritable patrie, et que ce passé-là, apparemment oblitéré par l’exil, reste vivace. Une dernière chose : mon arrière-petite-fille, prénommée Nora, se prépare à son destin de « beurette » en France, et je n’oublie donc pas, dans mes repères et mes références, que son père est un jeune Algérien, qui me remet quelquefois en bouche quelques mots et expressions de terroir que je ne risque pas d’oublier. La boucle est bouclée. »


La critique

ALJEZAR. Albert Bensoussan

Al Manar, Paris, 2003, 120 pages, 20 euros.

Ce livre se justifie et s’explique par la présence millénaire du judaïsme en terre algérienne et par l’attachement viscéral que tout juif né en Algérie peut et doit ressentir pour cette terre de ses ancêtres. Il tente de montrer la symbiose qui a existé entre les communautés juive et musulmane, qui se prolonge par les contacts et le dialogue sans cesse renouvelés en terre française, et appelle à un avenir de fraternité et de solidarité.

Le narrateur, à l’aide de lointains souvenirs, recompose Alger, la cité portuaire de ses premiers pas d’homme. La singularité de la démarche tient à cette appréhension d’un univers entre deux mondes: est il français ou indigène ? Indifférente à ce questionnement, la ville d’Alger sait qu’elle lui survivra, et l’auteur sait aussi que, en fin de compte, par son amour de sa ville natale, il aura servi sa beauté.

R.C.

Le Monde diplomatique, p. 31, février 2004

Aldjezar, de Bensoussan

Auteur de plusieurs récits, grand traducteur de romanciers latino-américains, notamment Mario Vargas Llosa, Bensoussan, juif algérien, a suivi ses parents dans leur exode en France. Il aime Alger, sa ville natale, évoque avec nostalgie une enfance riche de sa découverte de cette ville aux multiples facettes.

Dans ce récit, l’auteur raconte des souvenirs hauts en couleur. Une vie juive évoluait en symbiose et parfois en parallèle avec celle des musulmans. Aujourd’hui, il accepte son identité éclatée. Son humour fait souvent oublier les contrariétés dont il fut le sujet, et les petites humiliations et les violences qu’il a subies ne réussissent pas à éliminer totalement la douceur d’Alger, une ville que la nostalgie rend quasi mythique.

Naïm Kattan, Le Devoir, Montréal, 31/01/2004


L’Algérianiste, mars 2004


Information juive, n° 238, mai 2004


La Quinzaine littéraire, n° 880, 1er au 15 juillet 2004

Caractéristiques

exemplaire

courant, de tête

parution

isbn

2-913896-22-7

Auteur

BENSOUSSAN Albert

Artiste

PIGNON Sébastien