Aime-moi

A partir de 18


Le nouveau recueil de Brigitte Giraud, rehaussé de gravures en manière noire par Mikio Watanabé. Tirage de tête composé sur monotype, impression typo sur Arches BFK Rives.

 

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Description

 

Ta voix, un goût de terre dans la bouche

et de pierre effritée.

Le corps suspendu à une trouée du ciel,

la dernière à paraître qu’il faudra décrocher.

Et peindre la soif.

 

Présente et.

Présente mais.

On sait ce qui est inscrit

dans ce qui vient.

 


Tiré à part, frontispice

 

Brigitte Giraud, Aime-moi

A bas bruit, presque dans une proposition incidente, Brigitte Giraud se confie :  » La langue de l’amour est comme une langue étrangère à laquelle on n’accède pas. » Puis, évoquant Roland Barthes : « Elle éloigne du monde. »

Dans son cinquième recueil, Aime-moi, Brigitte Giraud continue, avec une patience obstinée, de creuser le sillon de l’amour déjà ouvert dans ses deux précédentes livraisons, Seulement la vie, tu sais et Passage au bleu.

« Aucune étreinte ne résout l’énigme des caresses », écrit Brigitte Giraud. Le corps, dans sa dimension physique comme dans sa dimension imaginaire, reste un insoluble mystère. La parole, cousue comme une bouche, tait bien plus qu’elle ne dit.
Et pourtant, petits cailloux disséminés tout au long du livre, des « aime-moi » retentissent comme un appel mais sans enjoindre. Le désespoir, quand il vient musarder dans le poème, « lâche la peur de tomber ». Il y a toujours une fenêtre à ouvrir pour ouvrir les yeux.
La mort n’aura pas le dernier mot. »Ses mailles minuscules » ne s’empareront pas du ciel s’il vient à s’effondrer !
Enfin, comme dans tous ses ouvrages, Brigitte Giraud observe sans détours « ce qui se détraque dans le mouvement des autres ». D’espérances déçues en promesses trahies, elle puise dans l’expérience de sa douleur une force qui aiguise son regard sur l’humanité souffrante. Brigitte Giraud tend la main quand tant d’autres la retirent. « Comment saisir leurs visages et l’en-dedans que la terre abîme ? Et dissout. », écrit-elle dans son évocation des humains condamnés au perpétuel exil.
Six gravures de Mikio Watanabe montrent des fragments de corps nus, entre noir profond et gris lumineux, et soulignent les déplis de la peau à la fleur du désir. Un bel accompagnement qui, espérons-le, incitera à la lecture de cet ouvrage très réussi dans sa réalisation éditoriale.

Une illustration du tirage courant (gravure en manière noire de Mikio Watanabé)

Extraits :
Tu dis  » Coudre le ciel ou le découdre n’a pas d’importance.
Il faut encore commencer. »
Et le sens des choses ne sert plus à rien
qui tienne debout quand
j’ai peur de tes yeux.
Le sang court sans cesse après des feux,
et la langue des fous réclame.
Les mots brûlent.
                                                                  Aime-moi.
*
Une maille après l’autre défait la mort,
une métaphore prise en ciment dans le recueil.
Une gelée rouge,
ou l’impossible danse de l’infini.
Je me demande quand le corps me sera rendu,
comme tombé dans une fissure du temps.
Alors je recueille en moi la présence de la nuit
qui étire sans cesse celle du rêve agrandi
d’une enfant qui voulait.
Aime-moi de Brigitte Giraud est publié aux éditions Al Manar. Il coûte 18 €.

« Aime-moi » de Brigitte Giraud, par Marie-Noelle Fargier

Je suis devant un tableau aux lignes imprécises, touches monochromes. Pas de segments rationnels.
En tête à tête avec un chef d’œuvre abstrait. Une invitation curieuse qui navigue entre désir et espoir
par des entrelacements de mots et d’images sublimes.
Cet espace m’absorbe. Les lignes s’écrivent d’un corps. Le temps s’en mêle. La peau s’en porte
témoin. Fusion.
Le temps, les éléments, les êtres s’insinuent dans cet univers. Il n’est pas chaotique. Il y règne un ordre certain. Une quête d’absolu. Le spleen étreint l’enchantement.
Le froid et la chaleur se côtoient de poème en poème avec une élégance, une délicatesse et une
attention extrêmes et sensuelles. Les images en noir et blanc épousent cette harmonie.
J’avance page à page. Je me sens parfois comme une intruse, spectatrice de cette intimité pudique, ingénieusement dévoilée par des métaphores et si profonde que chaque être animal ou végétal et même la matière se personnifient. Ils s’accordent à cette attente. Vivent. S’agrègent à lui, à elle.
« Aime-moi » Des mots noirs et blancs, une voix, une lampe. Couleur, son et lumière éblouissent  chaque mot de cette remarquable poésie.
Marie-Noëlle Fargier
Les gravures en manière noire de Mikio Watanabé

 

Art & Métiers du Livre, novembre 2020
Brigitte Giraud, invitée au festival des Voix vives de la Méditerranée, juillet 2021
A voir absolument sur Daily motion, des extraits de la rencontre de Brigitte Giraud avec Gérard Meudal, au festival des Voix vives de la Méditerranée 2021 :
Brigitte Giraud et Gérard Meudal, Sète, 2021

Caractéristiques

Dimensions N/A
exemplaire

L'un des 500 ex de l'édition originale, Tiré à part

format / papier

15 x 21 cm

isbn

978-2-36426-245-4

nombre de pages

72

parution

Auteur

GIRAUD Brigitte

Artiste

WATANABE Mikio

Collection

Bibliophilie

Poésie