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KIM Myoung-Nam
L’univers créé dans l’art de KIM Myoung-Nam, qui mobilise plusieurs domaines tels que la peinture, la gravure, la céramique et l’installation, évoque celui de l’art informel ou l’art brut à travers ses tracés primitifs et ses empreintes pré-figurales, dans lesquels interagissent le geste et la trace. Le geste relève de la performance, et la trace est un trait qui émerge de ce geste flottant.
Chez cette artiste, gravure et peinture créent un même univers mais la gravure met en exergue la spécificité de son support. Dans la peinture de KIM Myoung-Nam, le plat et la transparence prédominent. La gravure, quant à elle, révèle un espace plus varié, travaille dans l’épaisseur, joue sur la surface et la profondeur, tisse une texture dont la rugosité fait apparaître à l’esprit une impression quasi-minérale de grottes, de ruines, de surfaces sur lesquelles s’écoule le temps, surfaces elles-mêmes souvenirs du processus artistique qui a engendré la gravure.
Ces traces de corrosion, entrelacées dans un réseau de superpositions, suggèrent le lieu du vestige, l’espace de la peinture rupestre, une scène imaginaire et magique dans laquelle l’art occidental et l’art oriental des origines viennent à la rencontre l’un de l’autre. L’eau forte et le carborundum accentuent l’effet de passage du temps sur ces vestiges, qui ne sont pas peinture ou description mais plutôt trace d’événements qui se sont déroulés et ont imprimé des formes qui vont s’effaçant. A l’instar du titre « Eclosion », qui évoque l’apparition du monde, les traces du geste convoquent la « pré-figure », cet état d’être avant d’être une forme, cette matrice de virtualités libérant l’imagination et la créativité du spectateur qui produit, compose, recompose, efface et rebâtit des formes sans cesse surgissantes dans la vision toujours nouvelle de l’œuvre. Le monde aquatique de la naissance et l’univers du vestige pris dans son entropie coexistent et se superposent dans l’œuvre. Les traces éparpillées dans une dispersion qui détruit la forme se retrouvent réunies dans un ensemble harmonieux, même s’il est en équilibre instable et fragile…
KIM Sou-Hyeun, critique d’art
Myoung-Nam KIM est née en 1961 à Jinju, en Corée du Sud. Elle vit et travaille à Paris depuis 1994. Elle est diplômée de l'Université de Kyooungnam et de l'Ecole des Beaux-Arts de Versailles en section gravure. Elle expose régullièrement en France et en Corée du Sud. Elle a notamment réalisé un livre de dialogue avec Cécile Oumhani.