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BELLEGARDE Claude
Imaginez un « jeune » artiste de 91 ans le soir de son vernissage. Présent pour l’ouverture de son exposition à la galerie Guillaume fin mars 2019, Claude Bellegarde s’était réjoui de cette présentation inédite de son travail du début des années 1960, des œuvres « du retour à la pleine couleur ». Né en 1927 à Paris, influencé par Lanza del Vasto et la philosophie de Krisnamurti, passé par une période tachiste montrée pour la première fois au Salon d’Octobre en 1952, Claude Bellegarde avait eu pourtant une période blanche, suite à son séjour dans un sanatorium en Suisse après être tombé malade. Là, il peint des toiles blanches, radicales, comme l’avait fait Olivier Debré dans les mêmes années d’après-guerre. Cet achromatisme rencontre, à la galerie Paul Facchetti, l’informel de Fautrier, Michaux et Riopelle. Le peintre Lucio Fontana achète l’un de ses tableaux blancs à Milan en 1956 tout comme le musée des Beaux-Arts de Lille. En 1958, un voyage au Maroc lui redonne le goût de la couleur. Il publie alors son manifeste Pour un symbolisme de la couleur. Quatre ans plus tard, il réalise une cabine chromatique où le spectateur est amené à intervenir par le biais de sa propre projection. Il monte ensuite des ballets chromatiques avec le musicien Steve Lacy et colore le film Le Horla de Jean-Michel Pollet. Le critique d’art Pierre Restany s’intéresse à ses œuvres et dit de Bellegarde qu’il est « l’un des derniers coloristes mais dans le sens, véritablement, presque philosophique du mot et de l’expression ». En 1971, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et Pierre Gaudibert lui consacrent une exposition rétrospective. Depuis les années 1980, plusieurs galeristes se sont penchés sur ce travail du blanc ou de la couleur.
J. Boyer, "Connaissance des arts"